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Canicross : Après la mort de trois chiens lors du championnat de France, « c’est la sidération dans toute la discipline »

Le petit monde du canicross est en état de choc. Dimanche matin, à l’aube de la seconde journée du championnat de France disputé à Vauvert (Gard), trois chiens sont morts, empoisonnés. « On a tous le moral à zéro, souffle ce lundi Yvon Lasbleiz cofondateur et président de la Fédération des sports et loisirs canins (FSLC). Quand vous êtes passionnés, que vous pratiquez un sport… il n’y a pas mots. » Un drame qui a bouleversé bien au-delà des frontières, raconte avec émotion le dirigeant, qui a reçu des messages de soutien depuis le Mexique, le Canada et un peu partout en Europe. « C’est la sidération dans toute la discipline », dit-il.

Enquête ouverte pour « acte de cruauté envers des animaux »

La nature criminelle de cet acte ne fait pas de doute, selon Yvon Lasbleiz et l’équipe des vétérinaires présents sur place pour encadrer la compétition. « Il est impossible que ce soit accidentel », assure Emmanuelle Cottin, la responsable de l’équipe médicale. C’est elle, avec trois confrères, qui a pris les chiens en charge après la découverte d’un premier cas suspect, vers 6h30. « On nous a appelés pour nous dire qu’un chien ne tenait plus sur ses pattes et n’allait pas bien. On a été le voir, on a fait les premiers soins, mais au bout de deux minutes un deuxième chien est arrivé, puis un troisième, raconte-t-elle. On les a évacués avec une collègue qui a sa clinique sur place, mais ils sont décédés pendant le trajet. »

La Fédération des Sports et Loisirs Canins, l’association locale Canicross30 et la mairie de Vauvert ont porté plainte. Le parquet de Nîmes a été saisi de l’affaire. Dans la soirée, une enquête a été ouverte pour « acte de cruauté envers des animaux », a expliqué dimanche la procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac, à l’AFP. La compagnie de gendarmerie de Vauvert est chargée de l’enquête. « Une reconstitution des preuves est en cours afin d’identifier ce qu’il s’est passé », a ajouté la procureure.

Mais pourquoi ?

L’équipe médicale soupçonne l’utilisation de carbamates, un produit très puissant que l’on retrouve dans des insecticides. Des analyses toxicologiques sont en cours ce lundi. Le ou les personnes responsables auraient agi pendant la nuit, en disposant des boulettes de viandes empoisonnées le long du parcours sportif. Les chiens les auraient ingérées pendant leur échauffement.

Au-delà du déroulé des événements, la principale question qui agite la communauté est « pourquoi ». Dirigeants, compétiteurs et passionnés ont beau retourner ça dans tous les sens, personne n’arrive à comprendre le fondement d’un tel geste. Voilà en tout cas une triste première depuis que ce sport existe. « On n’avait jamais vu ça, à quelque niveau que ce soit, même dans des petites épreuves de quartier, soutient le président de la FLSC. C’est incroyable, un acte de malveillance impensable. »

Ce lundi, tous ont une pensée pour Palma, Oslo et Opale, les chiens disparus. Et pour leur maître, bien sûr. « Ils sont anéantis, glisse Emmanuelle Cottin. Ils viennent pour une compétition sportive et ils repartent sans leur chien. Cela faisait des années qu’ils étaient en binôme, qu’ils couraient ensemble, de nombreuses heures chaque semaine. Et puis les chiens de canicross ne sont pas que des chiens de sport, ils ne vivent pas en chenil. Ce sont des chiens de famille, qui vivent à la maison avec tout le monde. »

Au milieu de tout ça, une bonne nouvelle est tout de même venue égayer, autant que se peut, la journée. Togo, un quatrième chien qui présentait de graves symptômes après avoir simplement reniflé la zone, « va s’en sortir », affirme Emmanuelle Cottin. La vétérinaire tenait à s’en assurer avant de reprendre la route pour Corbrieux, dans le Nord, où elle est installée.

Tout le monde compte désormais sur les enquêteurs de la gendarmerie pour retrouver le ou les coupables et apporter des réponses à leurs questions. « On ne sait vraiment pas qui a pu faire ça », soupire Yvon Lasbleiz. La peine encourue pour cet acte est de deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.