International

Comment expliquer la rébellion du groupe Wagner ? « La bête a dépassé certaines limites »

Le chef de Wagner lance une rébellion armée en Russie : Erdogan apporte son soutien au Kremlin (direct)

Pour Vladimir Poutine, cet acte représente clairement une “trahison” et une “menace mortelle” pour la Russie. Si on ne connaît pas l’enchaînement temporel précis des événements, Prigojine s’est défendu de ces accusations affirmant que lui et ses hommes n’étaient pas des traîtres mais des patriotes et qu’ils voulaient un État sans corruption, sans bureaucratie et sans mensonge.

Nicolas Gosset rappelle que Wagner est “un instrument, qui a été nourri par l’armée régulière russe, par l’État-Major avec le blanc-seing de Vladimir Poutine. Progressivement, la bête a dépassé certaines limites qui lui étaient fixées”. Il explique également que si une guerre civile éclate en Russie, la cause profonde de celle-ci sera d’abord “la décision criminelle de Poutine” de déclarer la guerre à l’Ukraine et de s’être appuyé pour cela “sur une armée dite de mercenaires, une armée parallèle qui a commis des atrocités innommables dans le théâtre ukrainien et qui aujourd’hui se retourne contre la main qui l’a nourri”. Il s’agit d’un défi direct à l’autorité de Poutine et ses premières déclarations montrent qu’il en est conscient.

Pour le moment, les élites politiques et les figures les plus visibles de l’État russe serrent les rangs derrière Poutine. Mais Nicolas Gosset explique qu’il n’est pas impossible que Prigojine ait des soutiens à l’intérieur du Kremlin et des forces armées. “Beaucoup de choses ne sont pas encore très claires. Il s’agit d’un moment d’extrêmes incertitudes, c’est un test énorme pour la stabilité de l’État russe et pour le pouvoir personnel de Vladimir Poutine.

Ce qui est déterminant pour le futur selon Nicolas Gosset, c’est de voir s’il y aura des ralliements au mouvement de rébellion de Wagner, notamment dans la garde nationale. Pour le moment, même si Wagner a pris le contrôle des installations militaires à Rostov, la situation reste assez calme, selon l’expert. Mais le Kremlin est sur ses gardes et a déclenché une opération antiterroriste en prévision d’une possible montée jusque Moscou.

Rébellion du groupe Wagner : les yeux de l’Occident sont rivés sur la Russie

Concernant le front militaire russo-ukrainien, ce mouvement n’a pour l’instant pas eu d’impact selon Nicolas Gosset. “Il n’y a pas eu de mouvement de troupes particulier sur le front. Les zones où la Russie était à l’attaque, elle l’est toujours. L’effort de guerre en Ukraine est piloté par l’État-major et par ces gens contre lesquels Prigojine dit s’attaquer. Donc il y a une volonté de démontrer que sur les opérations militaires en Ukraine, il n’y a pas d’effet”, explique Nicolas Gosset. Néanmoins, il précise que cette mutinerie, par la prise des installations militaires du quartier général de Rostov, devrait avoir inévitablement des conséquences sur le front dans les jours et semaines qui viennent.

La situation serait aussi agitée en Biélorussie. Selon Nicolas Gosset, un avion personnel de la famille Loukachenko aurait été observé en mouvement vers la Turquie et un commandant biélorusse de la légion internationale aurait appelé à saisir cette opportunité pour retourner la situation en Biélorussie. “On est véritablement à un moment d’accélération majeur. Cela va marquer ce que l’on vit depuis un an et demi. Il est certain que ça va modifier quelque chose à l’intérieur de la Fédération de Russie”, déclare Nicolas Gosset.

Mais Nicolas Gosset rappelle l’importance d’être extrêmement prudent sur la prévision des futures conséquences de cet événement. “Pour le moment, il ne faut pas faire de supputations sur l’évolution du terrain militaire en Ukraine. Ce qui se joue est la stabilité militaire et politique à l’intérieur même de la Russie et la forme qu’elle prendra aura inévitablement des conséquences sur le champ de bataille en Ukraine. Mais pour le moment, elle continue de la même manière”, explique-t-il.

Nicolas Gosset conclut en expliquant que cette rébellion est “probablement la chose la plus majeure d’un point de vue historique depuis l’invasion de l’Ukraine”.