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Les cryptomonnaies sont-elles vraiment efficaces pour aider les victimes de catastrophes naturelles ?

À ce jour, la plateforme Chainalysis estime qu’environ 5,9 millions de dollars de dons en cryptomonnaies, soit 5,5 millions d’euros, ont été effectués en direction de la Turquie et de la Syrie. « Ce qui démontre l’utilité de la cryptomonnaie comme moyen rapide de transférer des fonds au-delà des frontières. » Cinq entreprises en cryptomonnaies, dont Binance, se sont engagées à verser plus de 9 millions de dollars pour contribuer au secours des victimes.

Les dons en cryptomonnaies ont déjà fait parler d’eux l’année dernière : un peu plus d’un mois après l’invasion russe de l’Ukraine, le gouvernement de Volodymyr Zelensky et des organisations caritatives avaient reçu l’équivalent de plus de 56 millions de dollars en cryptomonnaies, évalue Chainalysis.

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Un soutien plus rapide mais à encadrer

Les cryptoactifs sont-ils pour autant fiables dans ce type de donation ? Chainalysis ne va pas dire le contraire : pour elle, les dons en cryptomonnaies « permettent d’apporter un soutien rapide, alors que les financements traditionnels sont plus longs à mobiliser. Dans le cas d’un pays sanctionné comme la Syrie, la mise en place des canaux appropriés pour la distribution de la monnaie fiduciaire peut retarder l’octroi d’une aide essentielle et opportune.« 

La plateforme soutient également qu’un autre avantage est l’absence de frais imposés par les banques pour les paiements transfrontaliers. « Les dons en cryptomonnaies aident également les organisations à but non lucratif à diversifier leurs sources de revenus, en les rendant moins dépendantes des moyens traditionnels de collecte de fonds.« 

De son côté, l’UNICEF, agence de l’ONU consacrée à l’aide à l’enfance, reconnaît que « la promesse d’une plus grande inclusion financière offre des avantages considérables pour les moyens de subsistance des familles du monde entier, notamment grâce à des transferts de fonds plus fluides et à des programmes d’aide sociale plus instantanés, transparents et efficaces. » Elle explique sur son site comment faire un « cryptodon » en toute sécurité.

L’UNICEF appelle toutefois à continuer de développer la réglementation des cryptoactifs, soutenant que « les cryptomonnaies non réglementées constituent une menace pour la stabilité des systèmes financiers et les recettes publiques dont dépendent de nombreux services à l’enfance. » Elle pointe que ce manque d’encadrement menace directement les enfants dans le cas de « transactions non réglementées et facilitées qui sous-tendent la traite des enfants, l’exploitation sexuelle, la vente et l’achat de contenus représentant des abus sur les enfants, ainsi que l’escroquerie et l’extorsion d’enfants.« 

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Attention aux dons frauduleux

La prudence est donc de mise : des acteurs malintentionnés peuvent profiter des vagues de charité. « Par le passé, nous avons vu des opérations de financement du terrorisme utiliser l’apparence de la charité pour masquer leurs intentions illicites« , explique Chainalysis.

La plateforme a identité à ce jour 18 adresses de dons frauduleux liées à la crise liée aux séismes en Turquie et en Syrie. « Mais elles n’ont reçu que 502 dollars en cryptofonds à ce jour. » Elle conseille de vérifier les entités sanctionnées par l’OFAC, l’Office américain de Contrôle des Actifs Étrangers.

Avant de faire un don, aussi bien en cryptomonnaies ou en devises traditionnelles d’ailleurs, veillez donc bien à vous renseigner au préalable sur l’organisation caritative. N’hésitez pas à inclure les mots « escroquerie », « plainte », « avis » dans votre recherche.

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