France

Vingt-quatre mois de prison avec sursis requis contre Mohamed Haouas

Vingt-quatre mois de prison avec sursis ont été requis par le procureur de la République de Montpellier, à l’encontre de Mohamed Haouas. Le pilier droit du Montpellier Hérault Rugby et de l’équipe de France rugby était poursuivi devant le tribunal correctionnel pour des faits de violences en réunion commis lors du 1er janvier 2014, presque neuf ans et demi plus tôt. Il avait alors 19 ans. Il en a désormais 29. Le verdict a été mis en délibéré au 30 juin.

Le tribunal jugeait l’agression d’un patron de boîte de nuit par une dizaine de jeunes hommes issus pour la plupart du quartier du Petit-Bard, après un comportement semble-t-il violent à l’encontre de la fille de la victime, qui attendait dehors. Un scénario que ne reconnaît pas Mohamed Haouas, lequel explique que la victime l’aurait frappé au hasard parce qu’il se trouvait à côté de cette jeune fille et aurait sorti une arme de poing dont il aurait fait l’usage à deux reprises en l’air. Une explication confirmée par les autres prévenus, mais par aucun témoin de la scène. Si la vidéo issue des caméras de la boulangerie ne permet pas de juger de l’origine des faits, elle montre en revanche le déluge de coups qui s’abat sur la victime, absente à l’audience. Un lynchage dont celui qui est devenu depuis un rugbyman professionnel est le principal protagoniste.

« Je n’ai eu aucun problème avec la justice depuis dix ans »

« On peut reprocher à la justice une certaine lenteur. Il est évident que cette affaire aurait dû être jugée en 2014, voire en 2015. Mais en aucun cas en 2023. Mais elle nous montre aussi à quel point on peut s’en sortir, souligne le procureur de la république. A l’époque des faits, au regard de cette vidéo, j’aurais parié plusieurs billets que ce garçon que l’on voit sur la vidéo aurait eu un parcours fait de délinquance, mais absolument pas ce qu’il est devenu aujourd’hui. Toutefois le temps qui passe ne vient pas dissoudre les responsabilités. Seule la juridiction peut le faire. Ils seront jugés en fonction de la gravité et de la personnalité au moment des faits et leur personnalité aujourd’hui ».

« Son évolution personnelle, familiale et professionnelle est extrêmement positive, souligne l’avocat du rugbyman, Marc Gallix. Je ne peux pas faire les mêmes réquisitions aujourd’hui que celles que j’aurais faites si cette affaire avait été jugée juste après les faits. Le réquisitoire du procureur est très intelligent. » 

« J’ai envie de passer à autre chose »

Il y a un an, l’international héraultais avait été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis pour son implication dans des cambriolages en 2014, alors qu’il n’avait pas encore entamé sa carrière professionnelle. 

« J’ai envie de passer à autre chose. Je n’ai eu aucun problème avec la justice depuis dix ans, évoque le joueur, soutenu à l’audience par Yacouba Camara, un autre international français de Montpellier. A l’époque, j’étais jeune, je sortais d’un quartier, je n’étais pas rugbyman professionnel. Tout ça est derrière moi. J’ai fait des erreurs, mais j’ai droit à une deuxième chance ».

Violences et excuses

A l’audience, l’international et les quatre autres prévenus (un cinquième ne s’est pas présenté devant le juge) ont tenté de justifier le début de ces violences par la présence d’une arme à feu. Mais il a aussi exprimé ses excuses. Envers les salariés de la boulangerie, dans un premier temps, puis finalement envers les victimes également. « Je m’excuse, je regrette, je me suis emporté, j’avais bu, j’étais même bourré. Je me suis battu mais pas pour rien… J’ai grandi dans un quartier, j’ai fait des bêtises, mais c’est fini. Je suis musulman, mais mon fils est dans une école catholique avec un petit jésus, on m’appelle Maurice… ».

Le procureur a requis pour les autres prévenus des peines de douze mois de prison, toutes assorties de sursis.