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Twitter : Des utilisateurs lancent #BlockTheBlue, une campagne pour bloquer les comptes payants Twitter Blue

La lutte s’organise. Depuis quatre jours, Twitter a mis fin aux anciens badges bleus, obtenu dans le passé après vérification de l’identité de l’utilisateur et selon certaines conditions, dont la notoriété. Désormais, pour être « certifié », il faut sortir le porte-monnaie. Seuls les utilisateurs ayant souscrit à l’abonnement Twitter Blue – à huit dollars par mois – voient leur profil affublé du petit coche bleu. Et à la clef pour eux, une visibilité accrue, moins de publicités et des privilèges techniques.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne plaît pas à tout le monde. Pour protester contre ce nouveau système, des internautes ont décidé de bloquer systématiquement les utilisateurs abonnés à Twitter Blue qui apparaissaient sur leur fil, pour réduire leur visibilité. Certains ont publié des posts intégrant le hashtag #BlockTheBlue (Bloquez les badges bleus, en français), quand d’autres l’ont même accolé directement à leur nom d’utilisateur.

« N’importe quel troll peut être vérifié »

L’un des premières à s’être lancé dans cette croisade, c’est Alejandra Caraballo, enseignante à la Cyberlaw Clinic de Harvard. Déplorant la mise en avant des comptes payants, elle a indiqué avoir « bloqué près de 200.000 comptes Twitter Blue ». « Cela rend vraiment le site inutilisable puisque n’importe quel troll peut être vérifié et s’assurer que le pire contenu soit priorisé. C’est un outil d’amélioration des spams et des abus », a-t-elle justifié dans plusieurs postés sur Twitter le 22 avril.

Et la spécialiste est loin d’être la seule. Le même jour, l’internaute@dril, très actif sur Twitter avec 1,8 million d’abonnés, s’est également joint au mouvement. Il a publié la photo d’une cuvette de toilette avec le fameux badge bleu – désormais réservé aux comptes payants pour ceux qui n’ont pas suivi –, accompagné d’un message qualifiant, entre autres, les utilisateurs payants de « cerveau de la scientologie », de « cerveau d’un concessionnaire de voiture d’occasion » ou encore de « cerveau de grand-mère sous médicaments ». « 99 % des mecs bleus de Twitter sont des crétins aux yeux morts qui essaient généralement de vous vendre quelque chose de stupide et cher, et maintenant ils veulent payer un abonnement mensuel pour booster leurs messages de merde de chien au premier plan », a-t-il expliqué à nos confrères de Mashable, avant d’ajouter : « Les bloquer et encourager les autres à faire de même à grande échelle est tout le contraire de ce qu’ils veulent ».

D’autres personnalités connues ont, elles aussi, appelé à bloquer les utilisateurs payants. « Je passe un moment incroyablement bon en ce moment. Bloquer les personnes qui paient pour ce site Web, c’est comme utiliser un pot neti (cruche utilisée pour nettoyer le nez en faisant passer l’eau d’une narine à une autre) sur votre cerveau », a déclaré Ben Collins, journaliste de NBC News.

« Une chose amusante à propos des abonnés de Twitter Blue qui râlent sur le fait que tout le monde n’est pas aussi stupide qu’eux, c’est que toutes les réponses payées sur Twitter sont regroupées en haut pour quiconque veut bloquer 50 idiots d’affilée », a déclaré, de son côté, l’internaute@Mobute, suivi par plus de 80.000 personnes. « Le coche bleu est maintenant le moyen idéal pour identifier et bloquer chaque merde toxique qui réside sur ce site ! Merci Elon Musk », a pour sa part réagi@TonyAtamanuik.

Dans la lignée du hashtag, un compte Twitter@BlockTheBlue – rattaché à une application automatisée de blocage de comptes – a également été suspendu par le réseau social, sans justification.

Des comptes payés contre leur gré

Pas vraiment partisan du débat et de la contestation dans ses entreprises, Elon Musk n’a pas tardé à réagir… à sa manière. Le fantasque PDG a riposté en attribuant des badges bleus à certains comptes, sans leur consentement. Résultat, ceux-là mêmes qui tentaient de faire disparaître les comptes payants se sont retrouvés avec le badge de Twitter Blue, comme s’ils avaient souscrit à l’abonnement.

Et les anti Twitter Blue ne sont pas les seuls à avoir été certifiés contre leur gré. Ces derniers jours, Elon Musk a reconnu avoir lui même payé l’abonnement pour certaines personnalités, comme l’écrivain Stephen King, le basketteur LeBron James, l’acteur William Shatner ou encore l’ancien président Donald Trump. De nombreux utilisateurs authentifiés malgré eux ont tenu à faire savoir qu’ils n’y étaient pour rien – le badge controversé étant devenu un symbole de soutien à Elon Musk.

« Sur mon âme je n’ai pas payé pour Twitter Blue, homme de Tesla tu vas sentir passer mon courroux ! », a tweeté le rappeur américain Lil Nas X, dont le profil affiche la coche bleue.

« Merci de noter que je n’ai pas souscrit à Twitter Blue, même si pour des raisons mystérieuses ma coche bleue apparaît de nouveau », a déclaré l’auteur Rick Wilson.

« Non, c’est non, les mecs », a tweeté samedi la journaliste spécialiste des technologies Kara Swisher, expliquant avoir été « vérifiée de force », sans son « consentement ». « Les gens doivent savoir : est-ce qu’Elon m’aime pour moi ou pour le 1,49 million de personnes qui me suivent ? », a-t-elle ajouté, une heure après avoir affirmé qu’elle ne payerait pas « huit dollars par mois pour une coche bleue et des outils bofs ».

Pire encore, des comptes de personnes décédées, comme le chef cuisinier américain Anthony Bourdain, ont aussi reçu le nouveau badge bleu, synonyme d’abonnement payant.

Difficile d’avoir un chiffre précis, mais Travis Brown, un chercheur et développeur basé à Berlin, qui tente de suivre les évolutions de la plateforme, estime entre 600 et 635 utilisateurs le nombre d’abonnés Twitter Blue, qu’ils aient souscrit eux même ou que la plateforme l’ait fait pour eux, sans leur consentement.