France

Médecins : Electricité, matériel, essence, cotisations… Un généraliste nous ouvre ses comptes professionnels

1,50 euro. C’est le montant de l’augmentation du tarif de la consultation chez le médecin généraliste qui vient d’être acté ce lundi. Elle passera ainsi de 25 à 26,50 euros d’ici à l’automne. Pour Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat MG France, il s’agit en réalité d’une augmentation de 75 centimes. Car, selon lui, la moitié de la consultation s’évapore… dans les charges professionnelles. 

En quoi consistent-elles ? Quel est leur montant ? Pour répondre à ces questions, le médecin généraliste, dont le cabinet se situe en Haute-Vienne, a accepté d’ouvrir ses comptes professionnels à 20 Minutes.

120.000 euros… à diviser par deux

« Mon chiffre d’affaires annuel se situe autour de 120.000 euros. » Recevant en moyenne vingt patients par jour, à raison de 25 euros la consultation, il touche 500 euros par jour, soit 10.000 euros par mois, et donc 120.000 euros par an. « Après avoir déduit toutes mes charges professionnelles, mon bénéfice net à la fin de l’année est de l’ordre de 60.000 euros. » Le chiffre d’affaires annuel est donc amputé de moitié.

En France, selon une étude de 2017 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress), les généralistes libéraux gagnent en moyenne 92.000 euros de bénéfices par an. Mais ce montant varie selon le nombre de patients vus par jour et la structure dans laquelle travaille le médecin.

Cotisations sociales et remboursement de l’emprunt immobilier

Première catégorie de dépenses du médecin : les cotisations sociales. Les généralistes libéraux, comme tous les autres professionnels indépendants, doivent cotiser pour leur retraite, leur congé maternité, leurs frais médicaux, mais aussi en cas d’accident ou de décès. Jean-Christophe Nogrette dépense 15.000 euros par an pour sa cotisation retraite et 12.000 euros pour le reste de ses cotisations à l’Urssaf.

Deuxième charge la plus importante : le loyer. Le généraliste, qui travaille seul dans son cabinet, dépense 1.000 euros par mois pour rembourser l’emprunt immobilier qu’il a contracté. Il débourse également 300 euros tous les deux mois pour l’électricité de son cabinet. Un montant relativement élevé, car c’est par ce biais qu’il chauffe ses locaux. N’ayant aucun secrétaire ou autre assistant médical, il ne paie aucun frais de personnel.

Essence, matériel et frais de ménage

Basé à 10 km de Limoges, le médecin effectue de nombreuses visites à domicile. 300 euros partent tous les mois dans ses frais d’essence. Ajoutez les 160 euros par mois du logiciel médical grâce auquel il travaille, ainsi que les 45 euros mensuels de maintenance informatique. Puis les 90 euros tous les deux mois de frais de téléphonie et d’Internet. Enfin, dernières dépenses en pêle-mêle : eau, matériel, abonnement à des magazines pour la salle d’attente, frais de ménage, entretien de la voiture professionnelle, le tout pour 830 euros par mois.

On refait le calcul : 1.000 (loyer) + 300 (électricité) + 45 (téléphonie et Internet) + 1.250 (cotisation retraite) + 1.000 (cotisations Urssaf) + 300 (essence) + 160 (logiciel médical) + 45 (maintenance informatique) + 830 (assurance professionnelle, matériel, entretien de la voiture, abonnement et eau) = 4.930 euros de dépenses par mois. Soit 59.160 euros de charges annuelles.

En fin de compte, pour Jean-Christophe Nogrette, cette augmentation de 1,50 euro du tarif de la consultation « ne couvre par l’inflation », et le médecin de regretter « une mesure pas du tout attractive pour les jeunes ». Le nombre de médecins généralistes exerçant en cabinet a baissé de 11 % en dix ans, selon les chiffres de la Dress.