France

Témoignage glaçant au procès pour viol de Tariq Ramadan

Elle a eu « peur de mourir. » Derrière un pseudonyme choisi pour se protéger des menaces, « Brigitte » a pris la parole mardi, au deuxième jour du procès à Genève de Tariq Ramadan qu’elle accuse de viol. D’une voix calme et très sûre, elle a raconté sa version de cette nuit du 28 octobre 2008 dans un hôtel de Genève.

Elle se souvient avoir eu « peur de mourir suite aux coups reçus à la tête, à plusieurs moments », ainsi que d’ « étouffement », dans la salle d’audience du tribunal correctionnel suisse. « Brigitte » assure que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes. Elle a porté plainte en 2018. De ce procès elle attend d’être « reconnue victime de Tariq Ramadan et, ajoute-t-elle en pleurs, « que je tire un trait ». L’intellectuel suisse, figure charismatique et contestée de l’islam européen, risque entre deux et dix ans de prison. Le jugement est attendu le 24 mai. Le procès doit s’achever mercredi.

Dieudonné en soutien à Tariq Ramadan

Un soutien inattendu à l’islamologue est venu de Dieudonné M’bala M’bala, humoriste français multicondamné pour injures raciales et incitation à la haine, avec qui la plaignante a collaboré en tant qu’agent artistique. Son nom apparaît dans un courrier anonyme récemment reçu par les juges suisses.

Aux magistrats, Dieudonné a expliqué avoir recueilli, en présence d’autres personnes, les confidences de « Brigitte » à propos de sa relation avec Tariq Ramadan. Il assure qu’elle avait parlé de « coup d’un soir ou de quelque chose comme ça », sans mentionner de violence. « Je crois en l’innocence » de Tariq Ramadan, a asséné Dieudonné. La plaignante a donné une autre version concernant cette rencontre : Dieudonné lui a « demandé si l’histoire avec Tariq Ramadan était vraie ; et j’ai dit oui » et « il n’y a pas eu d’autres confidences ».

Tariq Ramadan conteste cette version

Dans la salle du tribunal, « Brigitte » est séparée de Tariq Ramadan par un paravent pour ne pas avoir à le voir durant ce procès. Elle a indiqué avoir fait la connaissance de l’islamologue lors d’une séance de dédicaces à Genève, quelques mois avant les faits, puis l’avoir revu lors d’une conférence en septembre dans la même ville, dont Tariq Ramadan est originaire. S’en était suivie une correspondance de plus en plus intime sur des réseaux sociaux.

Tariq Ramadan assure ne pas avoir dit à la plaignante qu’il se trouvait à Genève le soir des faits et soutient que c’est elle qui lui a proposé un café et s’est invitée dans sa chambre d’hôtel. Il reconnaît l’avoir embrassée, avant de mettre fin à la relation. Selon l’acte d’accusation cependant, il s’est rendu coupable de « viol à trois reprises » durant la même nuit et de « contrainte sexuelle ». « J’ai été inconsciente de longs moments », a assuré mardi la plaignante. Lorsque le président du tribunal lui a fait remarquer qu’elle n’avait pas eu de plaies, elle a dit avoir eu après « le visage en feu » et ne plus bien y voir. Après cette nuit, elle a rencontré à plusieurs reprises un psychiatre pour parler de ce qu’elle a subi.