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Montpellier : Les vélos abandonnés dans les cités universitaires sont retapés et prêtés aux étudiants

« C’est celui-là qui me plaît, il a un panier ! », s’exclame une étudiante, en tenant fermement un beau vélo vintage qu’elle a repéré. « D’accord, mais attention, sur celui-là, les vitesses sont sur le cadre, c’est très particulier ! » Nous ne sommes pas au rayon Cycles, à Decathlon, mais dans les jardins de la cité universitaire Triolet, à Montpellier (Hérault). Jeudi, le Crous a organisé, pour la première fois, une grande opération de prêt de bicyclettes (avec un double antivol !), aux étudiants qui en avaient besoin. Le dispositif est financé grâce à la CVEC (Contribution de vie étudiante et de campus), une taxe que les étudiants doivent honorer chaque année, lors de la rentrée universitaire.

L’initiative est vertueuse : ces vélos sont ceux que les pensionnaires des chambres universitaires abandonnent, quand ils déménagent. Et il y a beaucoup. « Environ une centaine, chaque année, dans chaque cité universitaire de la ville. Et il y en a six ! », s’étonne Marie Briat, responsable de la vie des campus au Crous. « Les étudiants n’ont pas les moyens de les emporter avec eux quand ils quittent leurs logements, ou ils ne prennent pas le temps de s’en débarrasser. C’est un constat que l’on fait depuis des années. Et, malheureusement, jusqu’ici, ces vélos finissaient à la déchetterie. On en donnait, aussi, à des associations, mais elles ne pouvaient tous les récupérer. »

« Ça va me changer la vie ! », s’exclame une étudiante

Cette année, le Crous a décidé de les sauver de la benne, de les confier à l’association Recycle & Vous, pour qu’elle les retape, avant de les proposer aux étudiants qui en ont besoin. Les bicyclettes sont prêtées gracieusement aux résidents du Crous, boursiers pour la grande majorité d’entre eux. Ils n’ont pas de caution à laisser en gage, et ils n’auront pas à rembourser le vélo, si, par malheur, ils se le faisaient chiper. « Nous sommes vigilants, toutefois, et nous responsabilisons les étudiants, en leur expliquant que c’est à eux de s’assurer, et de l’entretenir », poursuit Marie Briat. Pour les aider à réparer leurs bécanes, en cas de pépin, ils pourront, cependant, se rendre aux permanences que l’association Le vieux biclou organise régulièrement dans les cités universitaires.

Un étudiant choisit un vélo, jeudi, dans les jardins de la cité universitaire Triolet, à Montpellier.
Un étudiant choisit un vélo, jeudi, dans les jardins de la cité universitaire Triolet, à Montpellier. – N. Bonzom / Maxele Presse

Hala, l’une des bénéficiaires de l’opération, a le sourire jusqu’aux oreilles, avec son nouveau vélo. Il faut dire que cette étudiante en mathématiques peinait à rentrer à pied de son petit boulot, chaque nuit, du centre-ville jusqu’au quartier des facultés. « La nuit, malheureusement, il n’y a pas de tramway, explique-t-elle. Alors, ça va beaucoup, beaucoup m’aider. Et je n’aurais pas pu m’en acheter un. Ça va me changer la vie ! » Sa copine de Master, Jana, elle aussi, a récupéré une belle bicyclette, jeudi. « J’ai dit à Hala, hier, que je voulais m’en acheter un, sourit-elle. Je travaille très, très tôt le matin, et il n’y a pas encore de tramway. Elle m’a dit « Non, surtout pas ! Le Crous en prête, demain ! » »

« Avec tout le reste, c’est compliqué d’acheter un vélo »

C’était impossible, pour Habyl-Housseine, étudiant en licence d’Arts plastiques, de se payer un biclou. « Je suis boursier, échelon 2, et avec tout le reste, c’est compliqué d’acheter un vélo », confie le jeune homme. Mais il en rêvait. « Je prenais le bus, et dans ma section, on doit emporter avec nous nos travaux, c’est souvent volumineux… Et le matin, quand les bus sont blindés, c’est pas facile ! Sur le vélo, ça va le faire ! »

Il y avait du monde, beaucoup de monde, jeudi, dans les jardins du Triolet. Environ 200 étudiants, pour seulement 50 vélos. « Vous savez si c’est seulement aujourd’hui, la distribution ? », s’inquiète une étudiante, tout au bout de la file d’attente, qui a bien compris qu’elle repartirait à pied. Pas d’inquiétude. Dès aujourd’hui, les pensionnaires du Crous qui sont intéressés par ce dispositif, baptisé En roue libre, peuvent le faire savoir sur le site du Crous Montpellier (ici), et ils pourront venir récupérer leurs bicyclettes.