France

Symbole du déchet balancé, McDonald’s tente de s’effacer du paysage

C’est un logo que le monde entier connaît. Depuis sa première apparition aux Etats-Unis dans les années 1960, le M jaune représentant la marque McDonald’s est devenu l’un des plus célèbres symboles au monde. Un coup marketing génial qui permet à l’enseigne de fast-food d’être reconnue partout sur la planète, y compris par des enfants qui ne savent pas encore lire. Le revers de ce succès, c’est que la firme est reconnaissable parmi toutes les autres, même quand son M gît dans un tas de déchets laissé par un client pas très éduqué. Depuis l’avènement du « drive », la marque américaine de fast-food a toujours été le symbole du déchet « gratuit » balancé par la fenêtre de la voiture ou abandonné au pied d’un banc public. Tout sauf une bonne pub.

Pour tenter de disparaître de la nature, la marque a donc embauché des agents dédiés au ramassage des ordures autour de ses restaurants. Depuis le 1er janvier, ces techniciens de propreté ont reçu un appui inattendu. En interdisant la vaisselle jetable à l’intérieur des restaurants, l’État français voulait réduire la quantité d’emballages produits. Il a vraisemblablement contribué à améliorer nettement l’environnement proche des fast-foods, et notamment des McDo. « Les agents ont vu le volume de déchets ramassés autour des restaurants baisser d’un tiers », assure Morgane Piromalli, qui gère les McDo de Cleunay et de Villejean. « On avait déjà de petits volumes. A Rennes, c’était un à deux sacs de 120 litres par jour. Peut-être un peu plus le week-end mais ça n’avait rien à voir avec ce qu’on trouvait il y a dix ans. Les clients ont adopté les bonnes pratiques », explique la fille de Mario Piromalli, qui détient tous les McDo d’Ille-et-Vilaine (sauf Saint-Malo et Combourg).

Cette baisse progressive des déchets, la firme s’en félicite évidemment et l’attribue aux efforts consentis, notamment sur le recours à la vaisselle réutilisable pour les repas pris sur place. Chaque restaurant a pu supprimer une benne de 600 litres sur trois avec l’arrêt de la vaisselle jetable. « Le sujet a toujours été très présent chez nous. Nous faisons figure de symbole, nous le savons. A ma connaissance, nous sommes les seuls à employer des agents pour nettoyer l’extérieur de nos restaurants », souligne Morgane Piromalli.

Une convention renouvelée avec la ville

Dès 2012, son enseigne avait signé une convention avec la ville de Rennes pour tenter de réduire les déchets jetés sur la voie publique. Arrivé à expiration, l’accord vient d’être renouvelé pour dix années. Un engagement réciproque qui a conduit la municipalité à adapter ses poubelles aux emballages souvent volumineux des fast-foods. Un problème qui a notamment été remarqué lors de l’ouverture récente du restaurant de la gare, à Rennes. « Dès qu’un sac McDo était posé dans une corbeille, ça s’entassait. Au moindre coup de vent, les déchets volaient. On en retrouvait partout, c’était pénible », témoigne Frédéric Lecapalain, agent en charge de la propreté de la ville.

Un cheeseburger, un Big Mac, un Royal Deluxe et des frites ont été commandés le 30 avril au McDo de Villejean, qui en garde encore l'empreinte.
Un cheeseburger, un Big Mac, un Royal Deluxe et des frites ont été commandés le 30 avril au McDo de Villejean, qui en garde encore l’empreinte. – C. Allain/20 Minutes

Depuis, la situation s’est nettement améliorée grâce au changement de poubelles et aux patrouilles de l’agent de propreté. A deux reprises, nous avons arpenté les abords de la gare rennaise. Nous avons trouvé des canettes de bière, de soda, des emballages de goûter mais pas de trace d’un carton de BigMac ou de frites. Autour du restaurant de Villejean, il nous faudra quinze bonnes minutes pour tomber sur un papier de cheeseburger et un sac en papier accroché au pied d’une résidence étudiante du Crous. « C’est très rare qu’on en trouve, même dans le parc. Je travaillais à Cleunay avant et c’était pire », témoigne un agent de propreté de la ville.

Un riverain tempère le portrait idyllique. « On trouve encore des sacs ou des gobelets au pied des bancs. Le pire, c’est le lundi ». A Villejean, le McDo est ouvert 24 h/24. « Il y en a qui viennent manger là en rentrant de soirée et qui laissent tout en plan », assure cet habitant. Un comportement qui reste « à la marge » mais continue d’exister, à Rennes comme partout ailleurs en France. « La seule chose qu’on ne maîtrise pas, c’est l’incivilité des gens », reconnaît Morgane Piromalli.