France

Saint-Brevin : « Indignation » et « soutien » après la démission du maire Yannick Morez

« Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille, sont indignes. À cet élu de la République, à son épouse et ses enfants, je redis ma solidarité et celle de la Nation », a déclaré Emmanuel Macron sur Twitter. L’indignation était générale jeudi dans la classe politique après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins. Yannick Morez (DVD) a indiqué qu’il allait quitter son poste sous la pression de l’extrême droite et en déplorant un « manque de soutien de l’État ». Le domicile de cet élu de Loire-Atlantique avait notamment fait l’objet en mars d’un incendie criminel, sans faire de blessés, en lien avec le déménagement vivement contesté d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile, existant depuis 2016, près d’une école maternelle.

« Ce qui s’est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de tout mon soutien », a déclaré de son côté la Première ministre Élisabeth Borne depuis la Réunion, où elle a entamé une visite de trois jours. Son entourage a ensuite précisé qu’elle lui proposerait de le recevoir à Matignon « dans le courant de la semaine prochaine ». La cheffe du gouvernement a dit sa volonté de « mieux protéger les maires », de « répondre plus efficacement quand il y a des menaces », de « renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour pouvoir soutenir les maires pour repérer leurs difficultés et mieux les accompagner face à des violences dont ils peuvent être victimes ».

« L’inaction de l’État est une honte absolue »

Dans la foulée, la ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, a assuré qu’elle dévoilerait, également la semaine prochaine, « de nouveaux moyens pour prévenir et lutter contre les atteintes aux élus ». Le fait que cet incendie soit lié au déménagement d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile « montre qu’il y a une montée d’extrémismes dans notre pays et évidemment il faut qu’on soit très, très vigilant sur ce sujet », a estimé Élisabeth Borne.

« L’extrémisme, il vaut des deux côtés » de l’échiquier politique, a-t-elle ajouté, suscitant au passage la colère à gauche, mécontente de se voir renvoyée « dos à dos » avec l’extrême droite : « incroyable, dangereux », a réagi Chloé Ridel, porte-parole du PS. La station balnéaire de Saint-Brevin-les-Pins avait ouvert un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) en 2016 après le démantèlement de la « jungle de Calais ». Ce dernier doit déménager dans un bâtiment en cours de construction à côté d’une école maternelle. Plusieurs manifestations contre ce projet ont été organisées à l’appel de l’extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour.

A gauche, tous les partis ont dénoncé la situation qui a conduit Yannick Morez à démissionner. « L’inaction de l’État est une honte absolue. Qu’attend-il pour agir ? », a tweeté Fabien Roussel (PCF), tandis que Marine Tondelier (EELV) jugeait que « la République recule ». « Aucun élu ne devrait à avoir à choisir entre la protection de sa famille et l’exercice de son mandat », a estimé la maire de Nantes (PS) Johanna Rolland, en marge d’une conférence de presse ce jeudi.

Les députés RN n’ont pas applaudi

De son côté, Marine Le Pen, chef de file des députés RN qui ne se sont pas joints mercredi soir aux applaudissements de l’Assemblée nationale en soutien à Yannick Morez, a qualifié jeudi sur Twitter d’ « inadmissible » les « agressions et intimidations à l’égard des élus ». « En République, les désaccords politiques se règlent dans les urnes ou devant les tribunaux. Cette règle ne souffre aucune exception », a-t-elle ajouté.

Chez Reconquête !, on se refuse à tout commentaire. L’entourage d’Éric Zemmour a rappelé toutefois que le parti avait pris ses distances ces dernières semaines avec la mobilisation, estimant que « ça allait trop loin ».