France

Réforme des retraites à Rennes : « Je ne suis pas responsable du maintien de l’ordre », se défend la maire

Bis repetita. Fidèle à sa réputation de ville frondeuse, Rennes a une nouvelle fois été ce week-end le théâtre de débordements à l’occasion du septième round contre la réforme des retraites. Samedi après-midi, en marge de la manifestation qui a rassemblé entre 10.000 et 12.000 personnes, de violents affrontements ont ainsi éclaté entre la tête du cortège et les forces de l’ordre. Les violences se sont ensuite poursuivies toute la soirée dans le centre-ville où des barricades ont été dressées, des vitrines incendiées et un magasin de vêtements vandalisé. Dimanche, la préfecture d’Ille-et-Vilaine faisait état d’un bilan de cinq personnes interpellées et de trois policiers légèrement blessés. Samedi soir, des dizaines d’individus ont également pris possession de l’ancien cinéma Arvor, rebaptisé « Maison du peuple ». Après deux nuits sur place, les occupants ont été délogés dans le calme ce lundi matin. Un week-end de tensions qui devrait être largement commenté ce lundi en fin de journée à l’occasion du conseil municipal. En amont de la session, Nathalie Appéré, maire socialiste de Rennes, a tenu à revenir brièvement sur ces incidents.

Quelle est votre réaction après ce nouveau week-end de violences à Rennes ?

Cela fait neuf ans que je suis maire et à chaque fois que notre ville est confrontée à des heurts, des violences ou des dégradations, je dis exactement la même chose à savoir une condamnation ferme et sans ambiguïté. Il y a aussi de l’exaspération face à ces exactions de groupuscules violents qui n’ont rien à voir avec le mouvement social, qui le salissent, le ternissent et le desservent. J’en profite d’ailleurs pour exprimer ma gratitude vis-à-vis des équipes de la ville et de la métropole qui ont travaillé d’arrache-pied dans la nuit de samedi à dimanche dans des conditions parfois compliquées pour que la ville retrouve le visage qui doit être le sien.

Après la salle de la Cité, c’est cette fois l’ancien cinéma Arvor qui a été occupé…

Dès que l’information de l’occupation des lieux m’a été communiquée, j’ai immédiatement demandé le concours de la force publique pour l’évacuation. Comme je l’avais fait du reste début février pour la salle de la Cité. J’ai contacté le préfet samedi soir et à plusieurs reprises dans le courant de la nuit pour lui demander de rétablir l’ordre républicain pour que la ville soit protégée compte tenu de ces violences inadmissibles.

Comme depuis le début de la mobilisation, vous avez manifesté samedi. L’élue d’opposition Carole Gandon (Renaissance) estime d’ailleurs que votre place n’est pas dans les cortèges. Que lui répondez-vous ?

Je rappelle tout d’abord que le droit de manifester est jusqu’à preuve du contraire un droit constitutionnellement garanti et que chacun peut exercer en France. Et oui, je suis opposé à la réforme des retraites et au recul de l’âge légal de départ à 64 ans. Ce n’est une surprise pour personne et j’ai exprimé cette opposition dès le départ. Je participe donc, comme des dizaines de milliers de personnes à chaque fois à Rennes, à ces manifestations et je continuerai de le faire.

L’opposition vous accuse « même de complicité » avec les casseurs…

Je veux juste poser une question : qui est responsable du maintien de l’ordre ? Qui peut penser honnêtement, sans vouloir mentir et manipuler, que j’aurais pour ma part une responsabilité dans le maintien de l’ordre ? S’il y a des questions à poser, il faut les poser au préfet ou au ministère de l’Intérieur. Pour le reste, je renvoie chacun à la responsabilité de ses propos. Mais les mensonges plusieurs fois répétés n’ont jamais fait une vérité.