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Stade de France : Mais au fait, pourquoi est-il à vendre ?

C’est l’heure. Les candidats intéressés par l’achat ou la concession du Stade de France à partir de mi-2025 ont jusqu’à ce jeudi midi pour répondre à une première offre. L’Etat, propriétaire de l’enceinte séquano-dionysienne, a lancé deux procédures : l’une porte sur la cession de ce stade de 80.000 places, l’autre sur le renouvellement de la concession accordée en 1995 au consortium Vinci-Bouygues (respectivement 2/3 et 1/3), les deux groupes de BTP qui ont construit le stade pour la Coupe du monde de 1998. Quatre candidats maximum par procédure sont admis.

Pour le moment, le seul candidat connu au rachat est le Paris Saint-Germain, en conflit avec la Mairie de Paris sur la vente du Parc des Princes, qui reste la priorité de Nasser Al-Khelaïfi. En revanche, la Fifa, souvent citée, a démenti être de la partie. Selon L’Equipe du jour, Vinci et Bouygues devraient de leur côté demander un nouveau bail.

Au terme de cette première étape, les candidats sérieux se feront remettre un « dossier de consultation » détaillé et devront remettre une offre étoffée à l’automne. Ce sera le début d’un long voyage administratif et juridique, le processus étant semé de procédures aux noms barbares. Mais tout ceci ne répond pas à une question majeure : pourquoi le Stade de France est-il à la vente ?

Un gouffre financier

La première raison est très simple. Le contrat entre l’État et le consortium de gestion daté de 1995 prévoyait que Bouygues construise l’enceinte en échange d’une concession de 30 ans. Un calcul simple qui mène à 2025. Au-delà, l’Etat ne voulait pas prolonger la concession actuelle.

Il faut savoir que depuis cette signature à la va-vite, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1995, ce stade a coûté cher à l’Etat. Vraiment très cher. Rien qu’en compensation financière de l’absence de club résident – une clause figurant dans le deal initial jusqu’en 2013 et la signature d’un avenant salvateur – l’enceinte aurait coûté environ 207 millions d’euros. Une belle somme déjà précédée par un autre chèque, celui des travaux, financés à hauteur de 191 millions d’euros par l’Etat.

Au total, la Cour des comptes a calculé en 2018 que l’enceinte et les infrastructures associées ont représenté au total quelque 778 millions de dépenses publiques. Celles-ci représentant 80 % des dépenses totales liées au Stade. D’où le projet de cession. Car si l’Etat est attaché à cette enceinte ayant abrité le premier sacre mondial des Bleus et souhaite « conserver la vocation sportive de l’équipement », il entend également « préserver [ses] intérêts économiques et financiers ».

L’Etat pressé par le temps, comme en 1995

Dans un rapport dédié aux JO publié en janvier, la même Cour des comptes s’était émue que l’Etat n’ait pas lancé la procédure plus tôt, d’autant plus que l’hypothèse d’une non-prolongation de la concession était dans les tuyaux depuis au moins quatre ans. Devant l’hypothèse d’un appel d’offres au printemps, elle estimait que « ce calendrier est le plus défavorable pour l’État qui, comme en 1995, va se retrouver sous la pression tant des candidats que des fédérations sportives ».

Le nouveau propriétaire ou concessionnaire ne sera vraisemblablement pas connu avant 2025. Reste à savoir si, d’ici là, l’Etat aura trouvé un moyen de se désengager au maximum, comme c’est son souhait.