France

« Caméra Café, 20 ans déjà » met en boîte ses héros, deux boomers, hétéros, blancs et problématiques

Les jeunes beaufs sont devenus de vieux cons ! Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h renfilent les costumes d’Hervé Dumont et Jean-Claude Convenant et sont de retour devant la machine à café ce mardi sur M6 à 21h10 pour un prime exceptionnel intitulé Caméra Café, 20 ans déjà.  « On n’a pas tous les jours 20 ans ! », se réjouit Bruno Solo, dans une table ronde organisée au Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Un anniversaire célébré avec un peu de retard – la diffusion de Camera Café a commencé le 3 septembre 2001 – en raison de la pandémie de Covid-19 :  « Ça nous ressemble bien de faire un truc un peu bancal », sourit Bruno Solo. Un épisode de 90 minutes « complètement inédit », précise Yvan Le Bolloc’h, qui met en boîte les boomers hétéros blancs aux mille comportements problématiques que sont nos deux héros de Caméra Café. Une satire toute à la fois féroce et pleine « de tendresse pour ces deux monstres », poursuit Bruno Solo.

L’action de Caméra Café, 20 ans déjà se déroule sur une journée de 2019 entrecoupées de souvenirs – inédits – face à la machine à la célèbre machine café, qui a fait la force du concept d’origine au début des années 2000.

Tout commence lorsque Jean-Claude Convenant, représentant de commerce phallocrate, se fait virer de l’entreprise par la nouvelle équipe de trentenaire en place (Waly Dia et Loriane Klupsch, les seules nouvelles têtes de la soirée).

« Une revue de tout ce que l’on n’a pas vu à l’antenne »

L’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur de la Xantia avec son compère Hervé, responsable des achats et syndicaliste véreux.  « On avait envie de faire une revue de tout ce que l’on n’a pas vu à l’antenne », explique Bruno Solo. « Ça nous paraissait naturel de revenir sur ces 20 ans qui nous séparaient de la création de la série », abonde Yvan Le Bolloc’h.

Le développement des réseaux sociaux, l’attentat du 11-Septembre, le tsunami, la crise des subprimes, celle des gilets jaunes, les attentats en France, le hashtag #BalanceTonPorc ou encore « la soi-disant mort de Johnny », comme dit Jean-Claude, ému et énervé simultanément.

L’idée était « de voir comment ces deux crétins ont traversé les événements incroyables et particulièrement traumatisants qui ont bouleversé la société », résume l’interprète d’Hervé Dumont.

« La caricature à outrance »

Racisme, homophobie, grossophobie, etc. Hervé Dumont et Jean-Claude Convenant sont toujours « affreux, sales et méchants », commente Bruno Solo, qui assume avoir privilégié « la caricature à outrance ».

Hervé fait semblant de ne pas se sentir dépassé dans le monde du travail 2.0, Jean-Claude a viré complotiste et est sous le coup d’un #balancetonJC. « #BalanceTonPorc pour JC, c’est particulier, comme les gilets jaunes pour Hervé, ce syndicaliste corrompu », rit Bruno Solo.

Caméra Café, 20 ans déjà critique avec acidité ces deux héros, deux boomers hétéros et blancs incapables de comprendre et de se mettre au diapason de la société contemporaine. « Les autres, à l’exception de Jean-Guy, ont su s’adapter », raconte Bruno Solo. Exit les gags sur les violences subies par Jeanne (Jeanne Savary), le harcèlement de Sylvain (Alexandre Pesle) et les règlements de compte musclés d’André Markowicz (Philippe Cura).

« Deux monstres réceptacles de toute cette bêtise »

Cet unitaire a la bonne idée de ne pas faire de Jean-Claude et Hervé des victimes, ni de verser dans le « C’était mieux avant » ou encore « On ne peut plus rien dire ». « Nos personnages sont deux monstres qui sont le réceptacle de toute cette bêtise humaine. On n’allait pas faire quelque chose de tiède. On y va franco », analyse Bruno Solo. « On a quand même une morale dans notre immoralité, estime l’interprète d’Hervé Dumont. Ils ne pouvaient pas être sauvés, mais on les regarde avec tendresse. »

En plein débat sur la réforme des retraites, Caméra Café, 20 ans déjà s’interroge en filigrane sur la situation des quinquagénaires dans le monde de l’entreprise. « A l’orée de la soixantaine, on te fait comprendre dans une boîte que tu es un peu au bout du parcours, et on te montre la porte de sortie. Il y a quelque chose d’un peu amer », estime Yvan Le Bolloc’h. Résultat ? Une comédie grotesque qui donne du grain à moudre et – chose rare pour une suite – un goût de reviens-y !