France

Sobriété des entreprises : Lever le pied au volant et télétravailler, deux options pour économiser l’énergie

Le gouvernement incite les salariés à lever le pied sur le chemin du travail en restant au-dessous de 110 km/h sur autoroute, et les entreprises à mieux organiser le télétravail afin de faire baisser la consommation d’énergie du pays.

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a demandé, ce lundi, aux grandes entreprises d’inscrire cette demande de réduction de la vitesse dans leurs discussions de dialogue social, avec d’autres mesures comme le télétravail, afin « d’ancrer la sobriété dans le temps ».

Une « réduction de 40 % » d’ici 2050

Lors d’une réunion avec une soixantaine de représentants de groupes cotés au CAC40 ou au SBF120, pour faire un bilan des mesures de sobriété mises en place depuis l’automne, elle a rappelé que l’objectif final était de parvenir à une « réduction de 40 % de la consommation d’énergie finale » du pays d’ici 2050 pour atteindre la neutralité carbone.

« L’économie que vous avez réalisée cet hiver, c’est l’équivalent de sept réacteurs nucléaires », les a-t-elle félicités, « nous avons su en trois mois – sur l’hiver – faire ce que nous n’avons pas su faire en trente ans : baisser notre consommation de gaz et d’électricité combinée de plus de 10 % ». Dans les administrations, les agents de l’Etat sont déjà incités à réduire leur vitesse au volant lors de déplacements professionnels.

« 20 % d’émissions de CO2 » en moins

Dans les entreprises, les consommations de carburant sont les seules à ne pas avoir baissé en 2022 par rapport à 2021, a relevé la ministre. Demander aux salariés de rouler à 110 km/h sur autoroute représente « trois minutes sur un trajet de 50 kilomètres, mais 20 % d’émissions de CO2 et de la consommation de carburant en moins », selon elle.

Un appel à réduire sa vitesse volontairement à 110 km/h sur autoroute avait déjà été lancé en octobre dans une tribune commune au Journal du Dimanche signée par une dizaine de personnalités dont le cinéaste Cyril Dion, l’ingénieur Jean-Marc Jancovici qui dirige le Shift Project ou le photographe Yann Arthus-Bertrand.

« Fixer des objectifs chiffrés »

Outre cette mesure, le gouvernement demande surtout aux entreprises de « fixer des objectifs chiffrés de baisse de consommation d’énergie » (carburant, électricité, gaz), de « faire valider ces objectifs par des instances internes élevées comme le conseil d’administration » ou le comité exécutif, et enfin de les « publier sur internet ou sur des plateformes dédiées du type de celle soutenue par l’Etat baptisée  »les entreprises s’engagent » ».

L’idée est que les données de sobriété des entreprises soient accessibles aux investisseurs, et aient un rôle d’entraînement pour tout un secteur, explique-t-on dans l’entourage de la ministre. Les entreprises sont aussi incitées à bien organiser le télétravail dans le cadre du dialogue social pour qu’il permette lui aussi des économies d’énergie effectives.

Pas de climatisation en dessous de 26 degrés

Car le télétravail n’a qu’un impact très faible sur la consommation d’énergie lorsqu’une partie des salariés seulement sont absents, selon une étude de l’Agence pour l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et de l’Institut pour la performance du bâtiment (IFPEB), rendue publique lundi, et qui sera prolongée.

Le télétravail permet en revanche des économies globales d’énergie de 20 à 30 % lorsqu’un site est fermé pour la journée. Dans l’administration d’Etat, le forfait annuel de télétravail a été relevé à 253 euros contre 220 euros au 1er janvier pour les agents. La ministre a par ailleurs rappelé les consignes pour l’été : pas de climatisation tant que la température intérieure n’atteint pas 26 degrés au moins, une règle du code de l’énergie datant de 2007.

Les mesures mises en place dans les entreprises

Renault et Carrefour ont été cités en exemple pour avoir « installé massivement des dispositifs de mesure des consommations d’énergie dans leurs usines et dans leurs magasins ». Valeo et Orange aussi pour publier chaque année « des objectifs d’économie d’énergie et des bilans précisément chiffrés ».

Schneider a été mis en valeur car il intègre un objectif de baisse de consommation d’énergie pour l’évaluation des dirigeants des entités du groupe, qui fait varier leur rémunération. Enfin BPCE, Crédit Agricole et Thales ont fait valoir qu’ils avaient revu l’organisation de leurs locaux pour les densifier et optimiser leur consommation énergétique.