France

Sainte-Soline : Polémique autour des produits de marquage utilisés pour procéder à des arrestations

Un pas de plus vers le fichage des manifestants ? Des arrestations opérées sur la base d’un marquage chimique suscitent la polémique après les affrontements survenus fin mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). L’avocate d’un journaliste interpellé dénonce une pratique qui « pose évidemment des questions sur les libertés individuelles ».

Les forces de l’ordre ont eu recours à ces produits de marquage codés (PMC), substances décrites comme inodores, incolores et non toxiques, pour repérer les personnes présentes lors de cette manifestation contre les mégabassines qui a dégénéré le 25 mars dernier. « Ce dispositif a été employé de manière limitée à Sainte-Soline dans le secteur où les gendarmes étaient la cible des violences les plus graves. Il a donné lieu à l’ouverture d’enquêtes judiciaires réalisées sous la direction et le contrôle d’un magistrat », a fait valoir la gendarmerie.

« Des questions sur les libertés individuelles »

Ce dispositif « pose évidemment des questions sur les libertés individuelles et l’identification des opposants politiques à un projet », a déclaré mardi à l’AFP Me Chloé Chalot, avocate d’un journaliste placé en garde à vue pendant 28 heures sur la base de ces produits marquants.

Me Chalot s’est dite « inquiète » d’un outil permettant aux forces de l’ordre « d’identifier ultérieurement les participants à un mouvement de liberté d’expression ». « Que fait-on de ces données, y a-t-il un fichier ? Se met-on à étiqueter les personnes ? », s’est-elle interrogée, assurant que son client n’avait « pas pris part aux affrontements ». Contrôlé par les gendarmes le 26 mars, le journaliste en question a raconté sur France Culture avoir été passé au détecteur lumineux. La présence d’une « petite trace invisible » sur sa main lui a valu d’être placé en garde à vue. Le recours aux PMC à Sainte-Soline avait également été relevé par la Ligue des droits de l’Homme (LDH), qui évoquait l’utilisation « d’au moins un fusil à type produit marquant ».

Deux interpellations et une enquête en cours

Le parquet de Niort, qui avait annoncé le 27 mars deux interpellations « à la suite de la découverte de produit de marquage codant », a déclaré mardi à l’AFP ne pas avoir davantage de détails à fournir, faisant état d’enquêtes « encore en cours ».

La LDH a fustigé « un usage immodéré et indiscriminé de la force » lors de la manifestation du 25 mars dernier à Sainte-Soline, qui a attiré entre 6.000 et 30.000 personnes. Les organisateurs du rassemblement ont fait état de 200 blessés, dont 40 graves, côté manifestants – un homme étant toujours entre la vie et la mort.