France

Réforme des retraites : De Paris à Toulouse, des tensions dans plusieurs villes de France

Lille, Toulouse, Paris, Strasbourg, Dijon… Poubelles renversées et brûlées, barricades, jets de projectiles sur les forces de l’ordre, fumigènes: l’adoption ce lundi de la réforme des retraites après le rejet de la motion de censure a provoqué de nombreuses manifestations émaillées d’incidents dans toute la France, ont constaté des journalistes de l’AFP.

A Dijon, environ 200 personnes ont manifesté, certains, masqués et souvent cagoulés, scandant: «on déteste la police». La manifestation a été dispersée vers 21h00 et la police a procédé à deux interpellations.

A Lyon, environ 500 manifestants, dont beaucoup de jeunes, se sont rassemblés vers 20h30 place Guichard dans le 3er arrondissement et s’en sont pris aux forces de l’ordre avec des jets de projectiles, avant de se disperser en plusieurs groupes dans différents quartiers. Un premier bilan de la préfecture a fait état de deux interpellations. Même bilan provisoire de deux interpellations à Saint-Etienne, tandis qu’à Voiron, dans l’Isère, la permanence de la député Renaissance Élodie Jacquier-Laforge a été vandalisée, selon la préfecture.

Le jeu du chat et de la souris

A Lille, notre journaliste Mikael Libert a couvert le jeu de « chat et de la souris » entre manifestants et policiers, avec notamment des jets de gaz lacrymogènes.

Les manifestants étaient plusieurs centaines à Lille devant la préfecture, où ils ont sifflé et hué en apprenant le rejet de la motion de censure. «Ça va péter», ont-ils scandé, «Louis XVI on l’a décapité, Macron on va recommencer».

«On s’y attendait mais on est déçus, en colère», souligne Emma Maes, une Lilloise de 26 ans, tout en soulignant que «la mobilisation n’est pas finie» et en évoquant l’espoir d’un referendum d’initiative populaire.

A Bordeaux, une manifestation spontanée a rassemblé 150 à 200 personnes sur la place de la Victoire, selon la préfecture. Les forces de l’ordre ont ensuite fait usage de gaz lacrymogènes, a constaté notre journaliste Béatrice Colin, pour disperser des groupes de «jeunes très mobiles». D’autres rassemblements avaient lieu à Limoges ou Poitiers, ou encore à Rouen.

Des dégradations à Strasbourg

Du côté de Strasbourg, de nouvelles dégradations ont été commises en marge d’une manifestation dans la soirée et cinq personnes ont été interpellées, trois jours après des événements similaires, a constaté un journaliste de l’AFP. Environ 2.000 personnes selon la préfecture ont manifesté au plus fort du cortège. Elles se sont rassemblées dans un premier temps place Kléber, en plein cœur de la capitale alsacienne.

Les manifestants ont vigoureusement sifflé et hué à l’annonce du rejet d’une motion de censure contre le gouvernement. Ils ont allumé des fumigènes et scandé « Nous aussi on va passer en force » avant de se mettre en mouvement. Là, plusieurs manifestants ont commis des dégradations sur les quais de long de l’Ill. La façade d’une banque a été caillassée et taguée, la plupart des poubelles sur ce quai ont été incendiées et des panneaux publicitaires ont été brisés. Les manifestants, bloqués par les forces de l’ordre au bout de ce quai piétonnier sur lequel ils défilaient, ont changé d’itinéraire et sont partis dans une autre direction.

Pour beaucoup très jeunes et masqués, ils ont ensuite arraché des barrières et des tôles sur un chantier pour en faire une barricade au milieu de la rue et mis le feu à d’autres poubelles. Plusieurs abribus ont été brisés. La police, qui a fait usage de gaz lacrymogènes à plusieurs reprises, a procédé à cinq interpellations, a indiqué la préfecture vers 22h30, alors que les manifestants s’étaient dispersés.

101 interpellations à Paris

Feux de poubelles, barricades, cortèges arpentant les rues : des points de tension sporadiques ont émaillé plusieurs artères du centre de Paris ce lundi soir. Peu avant 22h30, 101 personnes avaient été interpellées au cours de ces incidents, selon une source policière.

Quelques centaines de personnes, rejointes par des députés de la France Insoumise (LFI), se sont d’abord rassemblées, non loin de l’Assemblée nationale, Place Vauban (VIIe arrondissement), avant d’être canalisées par les forces de l’ordre. Puis, des feux de poubelles et affrontements avec les forces de l’ordre ont été repérés dans le quartier de la gare Saint-Lazare (IXe), autour de la place de l’Opéra, où de nombreux cars de CRS étaient stationnés.

Un cortège d’une centaine de personnes, jeunes pour la plupart, a ensuite parcouru peu après 21 heures la rue Réaumur et la rue Montmartre, renversant les poubelles des commerçants. Ils étaient suivis par les policiers de la BRAV-M à moto. Une centaine de personnes, selon une journaliste de l’AFP, étaient également au Châtelet, non loin de l’Hôtel de Ville. Toute la soirée, par petits groupes, les manifestants ont déambulé dans le centre de la capitale, renversant sur leur passage trottinettes électriques et vélos, ou mettant le feu à des poubelles. Ils ne cherchaient pas la confrontation avec les forces de l’ordre, selon les journalistes de l’AFP sur place, mais plutôt à se livrer au jeu du chat et de la souris.

« On entend que les jeunes ne sont pas mobilisés. Nous voilà. C’est pour les retraites et pour le reste. C’est un tout, une accumulation », a expliqué à l’AFP une étudiante désirant rester anonyme, la manifestation n’étant pas déclarée. Pour tenter de les dissuader de poursuivre leur périple, les forces de l’ordre ont employé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes.