France

Protection de la forêt, investissements, Canadair… Tout comprendre au plan gouvernemental sur les incendies

Des poids lourds du gouvernement en Gironde. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, accompagné de Christophe Béchu (Transition écologique), Marc Fesneau (Agriculture) et Dominique Faure (Collectivités territoriales) va dévoiler ce mardi soir le « dispositif 2023 de lutte contre les feux de forêt ». Le rendez-vous est pris à La Teste-de-Buch, une commune du Bassin d’Arcachon touchée par les mégafeux, qui ont ravagé plus de 60.000 hectares l’été dernier en Gironde.

Initialement prévue le 17 mars, la visite a finalement été repoussée de plusieurs semaines, après l’utilisation du 49-3 par l’exécutif sur la réforme des retraites. Comment faire face aux risques d’incendie ? Comment l’Etat compte muscler la lutte contre les feux de forêt ? Que réclament les secours et les autorités locales ? 20 Minutes fait le point sur le dossier.

Que va annoncer le gouvernement ?

Le déroulé de la visite de l’exécutif est détaillé sur le site de plusieurs ministères. Sur la base aérienne 120 de Cazaux, évacuée l’an dernier au plus fort des incendies, Gérald Darmanin va signer un protocole d’accord avec les pilotes de la Sécurité civile. Le gouvernement va également signer une convention entre l’Office national des forêts (ONF) et l’Agence de la transition écologique (Ademe) sur le renouvellement forestier de la forêt domaniale.

Ces signatures seront suivies de plusieurs prises de paroles ministérielles, avant une cérémonie de remises collectives de décoration à destination de personnes impliquées dans la lutte contre les feux de forêt l’été dernier.

Le mois dernier, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, avait promis un financement supplémentaire de 7,6 millions d’euros « pour la défense des forêts contre les incendies » dans le massif des Landes de Gascogne pour renforcer « la surveillance des massifs » et remettre en état « des pistes et des fossés dégradés lors des phases de lutte contre les incendies en 2022 ». En octobre 2022, le président Macron avait annoncé une enveloppe de 150 millions d’euros supplémentaires pour les services de secours à l’été prochain.

Que réclament les autorités locales ?

Pour les politiques et les secours locaux, le nerf de la guerre, ce sont les moyens aériens de lutte contre les incendies. « Il a été dit que la clé de la lutte ce sont les moyens aériens. J’espère donc que nous pourrons avoir prochainement un pré-positionnement des moyens aériens sur le massif des Landes de Gascogne. Les pilotes du syndicat national ont eux-mêmes indiqué avoir désormais entretenu les Canadair et pouvoir en mettre deux à disposition de la Gironde », indiquait dans nos colonnes Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde, en février dernier.

« Nous espérons des moyens aériens dès le printemps, car la particularité du massif des Landes de Gascogne, ce sont les feux de printemps », indiquaient les pompiers il y a deux mois. En attendant des Canadair, pour la saison printanière, le président de l’Hérault a été sollicité afin d’envoyer en Gironde une quinzaine de camions de secours.

Comment gagner « la guerre du feu » ?

Une proposition sénatoriale a été adoptée la semaine dernière sur le sujet, autour de 8 axes, parmi lesquels le renforcement des équipements des sapeurs pompiers à la hauteur de leurs besoins ou la dynamisation de la gestion forestière.

Mais la proposition ne s’arrête pas là. Les obligations légales de débroussaillement sont renforcées, par exemple en majorant les sanctions en cas de non-respect ou en conditionnant la vente d’un terrain au respect de ces obligations. Le texte consacre au niveau législatif l’interdiction de fumer dans un bois ou une forêt classés à risque d’incendie, et inclut explicitement le jet de mégot parmi les causes pouvant « provoquer involontairement l’incendie des bois et forêts ».

Pour les cas les plus graves ayant entraîné la mort d’une ou plusieurs personnes, les sanctions pénales pourraient atteindre dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.

Autre piste pour trouver des solutions : l’étude de la forêt. Chercheur de l’INRAE installé à l’Université de Bordeaux, l’écophysiologiste Sylvain Delzon a effectué avec son équipe des prélèvements sur les pins maritimes dans les zones touchées par les mégafeux de cet été à La Teste-de-Buch, dans le Bassin d’Arcachon, et dans le secteur de Landiras et Hostens, au sud de Bordeaux. Le but était notamment de fournir à la filière bois une « aide à la décision » immédiate : couper ou garder ?