France

Nice : Estrosi annonce un plan pour éviter une situation « à la marseillaise » dans un quartier en proie aux trafics

Dans le quartier sensible des Moulins, à l’ouest de Nice, les scènes inquiétantes se multiplient. Des tirs ont éclaté à plusieurs reprises ces derniers jours. Des armes de guerre sont exhibées. Une « guerre des territoires » entre « bandes rivales » fait rage sur fond d’« intensification des trafics de drogue », ont reconnu le préfet des Alpes-Maritimes et le directeur départemental de la sécurité publique, réunis lundi face à la presse.

« L’action publique est forte, déterminée » pour l’endiguer, a aussi assuré le représentant de l’Etat Bernard Gonzalez. Le maire de Nice développe une autre version. Christian Estrosi dénonce « l’inertie du gouvernement » et annonce ce mercredi soir à l’AFP le lancement d’un plan d’actions pour éviter à sa ville une situation « à la marseillaise ».

Cette déclaration intervient notamment après la diffusion d’une vidéo tournée le 24 mars et montrant un homme apparemment porteur d’une arme de guerre. Elle avait notamment été retwittée par le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti. Des coups de feu avaient été tirés ce jour-là sans faire de blessés, et deux individus avaient été arrêtés.

Ce mineur et ce majeur ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de la commission d’un meurtre en bande organisée ». Deux autres personnes ont également été mises en examen ce mercredi à la suite d’une autre fusillade, le 31 mars, a indiqué le parquet de Nice à 20 Minutes. Au total, depuis le 24 mars, neuf personnes ont été interpellées et quatre armes et de la drogue ont été saisies.

De nouvelles caméras et des agents de sécurité privée

Des dealers « tentent de prendre le contrôle » de la ville, affirme Christian Estrosi, qui entend d’abord, pour les en empêcher, « renforcer le réseau de vidéoprotection » aux entrées et sorties du quartier des Moulins. A partir de jeudi, « des caméras LAPI [à lecture automatique des plaques d’immatriculation] vont être installées », a-t-il notamment annoncé à l’AFP. Elles seront là pour « tenter d’identifier et suivre les dealers et les consommateurs » et pour « permettre d’apporter des preuves à la police », dit-il.

Le maire de Nice a également prévu de proposer au Conseil municipal, convoqué le 14 avril, de réunir les bailleurs volontaires « pour embaucher des agents de sécurité privée ». Ils « feront des rondes, surveilleront les immeubles et les cages d’escalier » et « pallieront le manque d’effectifs de la police nationale », appuie l’édile, qui table sur la formation d’une équipe de vingt-quatre personnes d’ici à la fin de l’année.

Une nouvelle « filière » avec des migrants

Christian Estrosi, qui dénonce « l’inertie » du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pourtant alerté « à de multiples reprises », indique que ce dernier ne lui a pas non plus apporté de réponse sur un autre dossier étroitement lié, selon lui, au sort du quartier. L’élu lui a proposé la création d’un centre de rétention administrative « temporaire » de 60 places, en plus de l’actuelle structure de 40 places, alors que « 60 % des dealers aux Moulins sont des clandestins », avance le maire de Nice. Lundi, le préfet des Alpes-Maritimes avait lui-même admis qu’il y avait une « filière » nouvelle, avec le recours à « des migrants, sans papiers, rémunérés et logés dans des squats ».

Interrogé sur les moyens disponibles, Bernard Gonzalez a concédé : « On aimerait pouvoir faire plus face à l’ingéniosité de nos adversaires ». « On fait en tout cas tout pour éviter une escalade », pour « ne pas qu’il y ait une dérive à la marseillaise », a-t-il également déclaré, précisant que le dernier règlement de comptes mortel à Nice « remontait au 24 décembre 2021 à Las Planas », un autre quartier sensible de la ville. Une situation encore bien éloignée de celle de la cité phocéenne, où quatorze personnes ont perdu la vie, sur fond de trafic de drogue, depuis le début de cette année.