France

« Les conséquences peuvent être dramatiques »… Les autorités alarment sur les fausses alertes en mer

Trop, c’est trop. A la suite d’un récent appel de détresse mal intentionné survenu en Vendée, et à l’occasion de la reprise des activités nautiques, la préfecture maritime de l’Atlantique a décidé de hausser le ton contre les « fausses alertes déclenchées en mer ». Une dizaine de faux signalements volontaires ou tirs de fusée de détresse injustifiés sont recensés chaque année sur le littoral atlantique, déplore l’autorité, qui représente l’Etat de la frontière espagnole au Mont Saint-Michel (Normandie).

« A chaque fois un dispositif de secours est mis en place avec la mobilisation de moyens aériens, maritimes et terrestres, insiste Alban Simon, porte-parole du préfet maritime. Toute la chaîne de secours est fragilisée car monopolisée inutilement. Il peut s’agir de la SNSM, mais aussi des pompiers et de la Sécurité civile. Ça coûte de l’argent, bien sûr, mais, surtout, les conséquences peuvent être dramatiques. Car partir du moment où les moyens sont engagés, ils ne pourront pas être déployés pour une autre opération de sauvetage, éventuellement terrestre, comme un accident de la route. »

« Il ne s’était rien passé du tout »

Le dernier épisode en date remonte au 9 avril, près de l’île de Noirmoutier (Vendée). Via un appel radio VHF, un voilier est signalé en difficulté et proche de s’échouer. Des fusées de détresse sont également observées dans le ciel. Des échanges ont lieu avec le centre régional opérationnel de secours et de sauvetage (Cross) d’Etel. Puis silence radio. « On présuppose évidemment que les appels sont de vrais appels, explique Alban Simon. On a donc recherché pendant plusieurs heures et même le lendemain pour trouver des éléments. Il s’est avéré qu’il ne s’était rien passé du tout. Une enquête de gendarmerie a été ouverte. Elle a révélé que les fusées de détresse n’avaient pas été tirées sur l’eau mais depuis la terre. »

Cette affaire a tout de même mobilisé deux bateaux, un hélicoptère, deux véhicules et une vingtaine de secouristes sur le terrain, « sans compter le personnel du Cross, celui de la préfecture maritime et une équipe médicale en préparation », soit une trentaine de personnes au total. Mais pourquoi donc tels actes ? « Il y a des canulars de tous types. C’est assez incompréhensible », estime le porte-parole.

Jusqu’à deux ans de prison

Les auteurs, s’ils sont identifiés, s’exposent à des sanctions sévères. « La divulgation d’une fausse information faisant croire à un sinistre et de nature à provoquer l’intervention inutile des secours et punie de peines pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende », rappelle la préfecture maritime de l’Atlantique. Des poursuites peuvent également être engagées pour faire participer l’auteur aux frais d’intervention.

Bien plus fréquentes que les canulars, des fausses alertes peuvent être dues à des observations erronées de témoins (tronc d’arbre flottant pris pour un corps…) ou à des embarcations mal amarrées dérivant en mer (planche à voile…). Des erreurs de manipulation peuvent également arriver, en particulier avec les balises de détresse et les bracelets individuels (MOB). Ces erreurs sont toutefois, le plus souvent, identifiées assez rapidement.

Les feux d’artifice, lanternes chinoises et autres lampions peuvent aussi être confondus avec des fusées de détresse par des observateurs non initiés. Ils doivent être impérativement signalés aux autorités lorsqu’ils sont déclenchés à proximité directe du littoral.