Belgique

Linkebeek, dernière épine dans le pied du RER wallon

La commune ne se déclare pas en faveur du chantier, mais sans y être tout à fait opposé.” Nous avons deux demandes principales, explique Cédric Letier, échevin de la Mobilité de Linkebeek. La première concerne un complément d’information sur le bilan carbone des travaux sur la ligne entre Nivelles et Bruxelles qui passe par Linkebeek. Est-ce que le projet de RER tel qu’il est pensé maintenant est vertueux ou pas ? Des études montrent le gain de CO2 que ce réseau pourrait apporter en termes de mobilité, via le report d’une partie du trafic automobile mais nous voulons savoir quel est le réel impact CO2 des chantiers. Avec cette information, nous pourrions voir s’il est toujours pertinent d’effectuer de tels travaux.

L’autre demande concerne la définition même du projet. Linkebeek a ressorti les archives et s’interroge sur l’opportunité d’une décision prise en 1999, à savoir le passage de deux à quatre voies des lignes qui constitueront le Réseau Régional Express. “Une étude à l’époque a montré qu’il était envisageable d’opter pour trois voies, et non quatre. Notre demande est d’actualiser l’étude, compte tenu des avancées technologiques.” Une sorte de refonte du projet.

Gilkinet en faveur d’un nouveau nom pour le RER

Une interminable saga

Bref rappel. Le RER, imaginé au début des années 90, consiste en un passage de deux à quatre voies des lignes de trains autour de Bruxelles. Le projet comprend cinq lignes, trois en Flandre et deux en Wallonie.

Au nord, les trois lignes sont terminées depuis maintenant trois ans. Au sud du pays, les travaux sont toujours en cours. La L161, qui relie Bruxelles à Ottignies, devrait être terminée pour la fin de l’année 2026. L’aboutissement de l’autre ligne, la L124 qui relie Nivelles et Bruxelles et qui passe par Linkebeek, est aujourd’hui annoncé pour 2033.

Depuis la reprise des travaux en 2018, Infrabel a renoncé à l’idée d’une grande inauguration finale. Désormais, il convient de regarder l’avancement portion par portion. Toutes les portions de la L124 seront terminées d’ici 2029, à l’exception du passage sur le territoire de Linkebeek.

Situation du RER
Situation du RER ©IPM Graphics

Outrepasser les oppositions locales

En dédoublant le nombre de voies là où il passe, Infrabel entend attribuer au RER ses propres rails. La logique est simple : ces trains, qui s’arrêtent à de nombreuses gares, ne viendraient pas ralentir le trafic des autres trains. Le RER ne devrait plus non plus composer avec les aléas des autres grandes lignes. Un moyen, insiste Infrabel, de gagner en fiabilité et en ponctualité. Ce petit bout de quelque trois kilomètres à Linkebeek, s’il restait à deux voies, pourrait dès lors mettre à mal l’ambition du projet.

Il revient désormais à la Région flamande de décider de l’octroi, ou non, du permis. L’avis rendu par la commune n’est en rien contraignant. La Flandre pourrait très bien décider d’avancer en ne tenant pas compte des oppositions locales. La décision est attendue pour le début de l’année 2024. Les travaux commenceraient la même année et se termineraient, selon les projections actuelles, neuf ans plus tard.

Gain de mobilité

L’objectif est de faire rouler des trains rapides, poursuit l’échevin de Linkebeek. Et si on peut faire rouler le RER sur deux voies, sans le chantier qu’implique le passage à quatre voies, on préfère. Maintenant, si les études que nous demandons révèlent que les quatre voies sont nécessaires, alors on passera à quatre voies. Pour les habitants de Linkebeek, les gains ne sont pas énormes. La gare de Linkebeek est déjà très bien desservie. Plutôt que d’attendre toutes les vingt minutes, les habitants de Linkebeek devront en attendre quinze. Je pense que les Linkebeekois sont capables d’attendre cinq minutes de plus… Par contre, la gare de Holleken (l’autre gare sur le territoire — NdlR) passerait d’un train par heure à six. Vu la densité du bâti, c’est peut-être excessif.” Notons que l’ensemble des travaux se ferait sur des portions de terrains appartenant à Infrabel.

Linkebeek est un arrêt sur cette ligne fort fréquentée par les navetteurs menant à Bruxelles. L’échevin souligne d’ailleurs que le gain le plus important concerne le trafic de transit.

L’opposition de Linkebeek au RER est historique. En 2010, la commune avait porté le permis d’urbanisme devant le Conseil d’État et avait obtenu gain de cause. Pourrait-on envisager pareil scenario si la Flandre décidait de donner son feu vert au permis d’urbanisme ? “On ne sait pas encore”, reconnaît l’échevin. Le sujet pourrait-il devenir un argument dans la campagne communale en vue du scrutin de 2024, comme ça avait été le cas en 2018 ? Possible, dit l’édile.