France

La Liste convie le gotha culinaire à Monaco pour oublier les rétrogradations du Michelin

Donner du baume au cœur à des chefs « assez terrorisés ». Moins d’un mois après la perte de la troisième étoile de Guy Savoy, le classement La Liste va réunir ce jeudi à Monaco la crème de la gastronomie dans une ambiance « sympathique et généreuse », selon les propres termes de son fondateur Philippe Faure. Une cérémonie hommage à la cuisine méditerranéenne et à son doyen multi-étoilé Alain Ducasse a été pensée pour faire oublier les rétrogradations du guide rouge.

Les chefs se demandent « qui sera le prochain », regrette le PDG de La Liste. « La méthode du Michelin pose un problème de fond. Il envoie des inspecteurs anonymes, ils ne produisent pas de factures, ne disent pas quand ils sont venus, ne veulent justifier en aucune manière ce qu’ils ont trouvé », fulmine encore le diplomate.

Son classement des meilleurs restaurants du monde à partir des guides et critiques gastronomiques consacre pour la sixième fois Guy Savoy, dont la troisième étoile supprimée a choqué le milieu. Au point d’engendrer des théories sur la guerre déclarée par le guide rouge à La Liste. Le chroniqueur gastronomique du Figaro, Stéphane Durand-Souffland, a dénoncé « le marketing de la terreur » du Michelin.

« Le chien aboie, la caravane passe »

Des accusations qui reviennent après chaque rétrogradation et dont le Michelin se défend. « Le chien aboie, la caravane passe », a récemment résumé son directeur Gwendal Poullennec. En attendant, La Liste invite en principauté les meilleurs chefs des pays de la Méditerranée pour célébrer le patrimoine culinaire commun autour du blé, la tomate, le vin et l’olive « sans faire de classement ». Des prix spéciaux seront remis au cours de cette cérémonie, dont le point d’orgue sera l’hommage à Alain Ducasse, en présence de la Britannique Clare Smyth, de l’Italien Massimo Bottura, de l’Espagnole Elena Arzak ou encore de l’Allemand Matthias Hahn et aussi du Prince Albert II de Monaco.

La révolution méditerranéenne a commencé au restaurant Louis XV, un palace monégasque dans lequel Ducasse fait rentrer « une cuisine rurale » et introduit le premier menu de légumes en Europe. Dans les années 1980-1990, l’établissement de l’Hôtel de Paris « était à l’apogée de la perfection, les chefs étoilés à l’étranger voulaient être comme Ducasse, on voyait dans la cuisine méditerranéenne l’avenir », explique Jörg Zipprick, cofondateur de La Liste.

Ce qui n’a pas empêché le Guide Michelin de sanctionner le restaurant « où rien n’avait changé » à deux reprises : la troisième étoile perdue en 1997 a été retrouvée en 1998, puis retirée en 2001 et regagnée en 2003.