France

Jusqu’à cinq ans de prison pour escroquerie pour de faux conseillers bancaires

Une bande très bien « organisée », mais un préjudice de départ « gonflé à l’hélium » et largement revu à la baisse. Neuf hommes ont été condamnés vendredi à Paris pour une escroquerie consistant à se faire passer au téléphone pour des agents antifraude de banques. Les peines ordonnées par le tribunal correctionnel s’étalent de deux ans de prison avec sursis à cinq ans dont quatre fermes. « Évidemment que les prévenus n’ont pas inventé l’idée de se faire passer pour quelqu’un de confiance », mais l’escroquerie « au allô » était « assez neuve » au moment des faits, en 2021, commence par souligner le président, Guillaume Daieff.

L’arnaque au cœur du dossier consiste pour les malfaiteurs à se faire passer pour des agents anti-fraude de banque, après avoir acheté sur Internet des données personnelles et numéros de cartes bancaires de clients. Ils usurpent le numéro d’appel du service client de la banque grâce à la technique du « spoofing » (usurpation d’identité électronique) et, grâce à leur assurance et de bons renseignements, arrivent à leurs fins. Les clients valident ainsi des achats en ligne ou des transferts d’argent vers des comptes ouverts uniquement pour réceptionner les fonds, ensuite transférés ailleurs ou retirés en liquide dans des distributeurs.

Des chambres sur écoute

Le tribunal a estimé que les neuf prévenus – une dixième personne a été entièrement relaxée – avaient bien agi « en bande organisée », et que la « répartition des tâches » était claire, que ce soit pour les « associés » ou les « subordonnés ». « Il y a celui qui achète les données bancaires, celui qui appelle les cibles, celui qui achète et fournit les téléphones de travail » (25 ont été retrouvés), énumère le président.

« Celui qui propose les biens à acheter », « celui qui fournit les comptes bancaires » qui serviront à la « décaisse » des fonds dérobés… ceux qui « louent » les belles voitures pour se déplacer, et les chambres d’hôtel de luxe qui serviront de base « pour bosser », continue-t-il encore. Ces chambres avaient été mises sur écoute avant les arrestations. A l’audience, on avait entendu comment les victimes se faisaient piéger par la voix mielleuse et le ton professionnel des « allôteurs » – qui n’en menaient pas large pendant la diffusion de ces extraits.

DSK en point de départ

Les investigations avaient révélé un train de vie luxueux et en perquisition, les enquêteurs avaient retrouvé des sacs de voyage Louis Vuitton, des montres Rolex, des baskets Céline, des sweat-shirts Dior, et énormément d’iPhone dernier cri. Quelque 700 victimes avaient été identifiées, dont l’ancien ministre des Finances, Dominique Strauss-Kahn, qui avait validé malgré lui près de 25.000 euros d’achat dans une boutique Cartier. C’est par lui que l’affaire avait démarré.

A la fin de l’enquête, le préjudice total avait été évalué à 2,6 millions d’euros. Un chiffre « gonflé à l’hélium », avaient dénoncé les avocats de la défense pendant l’audience. Au total, le tribunal ne retiendra que 37 victimes, que les prévenus devront rembourser, et estimera leur préjudice total à 190.000 euros.