France

Fin des trottinettes en libre-service : Lime mise tout sur le vélo pour rebondir et sauver ses emplois

Reculer pour mieux sauter ? Le 2 avril dernier, la votation organisée par la Mairie de Paris a sonné le glas des trottinettes en libre-service à partir du 1er septembre prochain. Un violent coup derrière la tête des opérateurs qui ont vu une de leurs principales activités sur la capitale disparaître.

Pas de quoi tirer une croix sur Paris pour Lime, l’un des trois opérateurs avec Dott et Tier Mobility, qui compte bien rebondir après cette désillusion. Si on pouvait imaginer l’entreprise s’envoler vers d’autres cieux avec ses trottinettes sous le bras, l’entreprise a confirmé ce mercredi que seuls les engins quitteront Paris : « Nous allons réaffecter les trottinettes vers certaines des 250 villes dans lesquelles nous sommes présents », affirme Hadi Karam, directeur général de Lime France, avant d’ajouter que la priorité serait donnée aux villes européennes.

De 3.000 à 10.000 vélos entre 2020 et 2023

Le directeur général l’assure, à Paris, Lime regarde désormais vers l’avenir. Parce qu’ils n’ont jamais suscité le débat comme les trottinettes, l’entreprise se concentre désormais sur les vélos en libre-service. « Nous avons actuellement un parc important dans la capitale. Une offre en expansion », précise Hadi Karam. Et pour cause, alors que l’entreprise disposait de 3.000 engins en 2020, le succès et la demande du service ont convaincu la Mairie de Paris d’augmenter ce quota à 10.000 vélos en 2023.

Le nouvel entrepôt de Charenton-le-Pont est modulable, permettant ainsi d'adapter les ateliers à la trottinette ou au vélo.
Le nouvel entrepôt de Charenton-le-Pont est modulable, permettant ainsi d’adapter les ateliers à la trottinette ou au vélo. – R.Le Dourneuf / 20 Minutes

« Maintenant que la votation sur les trottinettes est passée, nous nous focalisons sur ce service qui, nous en sommes convaincus, peut offrir une autre solution de mobilité aux Parisiens. » Et il va en falloir des solutions, car avec 1,5 million d’utilisateurs uniques sur les trottinettes en 2022, le report de ces trajets va être un enjeu majeur des acteurs de la mobilité à partir de septembre.

« Nous allons tout faire pour que les utilisateurs se reportent sur nos vélos »

Un possible transfert qui ne fait pas peur à l’opérateur, bien au contraire : « Nous allons tout faire pour que les utilisateurs se reportent sur nos vélos. » Car Lime, qui a déjà constaté une augmentation de 80 % d’utilisateurs sur ses vélos entre 2021 et 2022 et une croissance de 73 % des trajets en 2022, voit dans ce report une aubaine pour rebondir.

Et l’opérateur se montre confiant. Pour preuve, l’entreprise a investi un nouvel entrepôt à Charenton-le-Pont en février dernier, après l’annonce du référendum dont l’issue ne laissait que peu de doutes. Un changement qui montre l’ambition de Lime : « Nous continuerons d’investir sur la mobilité décarbonée. Et nous avons en perspective les Jeux olympiques 2024 qui peuvent être un nouveau tremplin. » Précaution toutefois, les différents ateliers de réparation, entretien et recyclage sont modulables pour pouvoir travailler sur les trottinettes comme sur les vélos.

Une première rencontre avec la Mairie de Paris

Une volonté à même de rassurer les 250 salariés de l’entreprise qui s’inquiétaient à l’annonce de la votation de la Mairie de Paris. À ce sujet, Hadi Karam est inflexible, aucun plan social n’est prévu en 2023 : « Nous avons la stabilité financière pour absorber ce choc à court terme et nous faisons le nécessaire pour pérenniser les emplois. Nous comptons sur une croissance dans le secteur du vélo renforcer nos équipes. »

L’entreprise espère ainsi développer son activité à Paris et dans d’autres villes de la région parisienne. Pour cela, Lime a déjà rencontré la semaine dernière Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, David Belliard, adjoint en charge des mobilités et Afaf Gabelotaud, adjointe en charge des entreprises et de l’emploi pour discuter de l’avenir des mobilités dans la ville.