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Angers : Dans les coulisses d’Okamac, le discret leader du reconditionnement d’ordinateurs Apple

L’ambiance est un peu moins immaculée que dans un Apple Store. Dans un vaste bâtiment situé dans une zone industrielle d’Ecouflant, près d’Angers (Maine-et-Loire), ce sont pourtant des milliers d’ordinateurs de la marque à la pomme qui sont entreposés, prêts à rejoindre leurs nouveaux propriétaires. Mais chez Okamac, inutile de chercher le dernier MacBook : toutes les machines disponibles ici sont reconditionnées. « Celui-ci date de 2010 et il fonctionne encore très bien, assure Yvan Husson, responsable au sein du groupe Sens Technologies, propriétaire d’Okamac, un ordinateur portable blanc et assez lourd entre les mains. Tout dépend de l’utilisation que l’on veut en faire, bien sûr. Mais pour une majorité des gens, c’est amplement suffisant ! »

Depuis 2009, c’est le pari de cette discrète PME d’une centaine de salariés, devenue leader dans le reconditionnement d’ordinateurs Apple. Avec le succès de la seconde main, la start-up a donné une nouvelle vie à 60.000 machines l’an dernier (et réalisé 35 millions d’euros de chiffre d’affaires), et vise les 85.000 cette année. Distribués aux particuliers en France et dans 17 pays d’Europe via plusieurs marketplaces, leurs ordinateurs vendus « entre 30 et 70 % moins chers » que le neuf devraient dans les prochaines années être présents aux quatre coins du globe. L’entreprise a en effet été sélectionnée dans le programme French Tech 120, qui soutient les entreprises du numérique destinées à devenir des leaders mondiaux de leur secteur. Elle doit ouvrir une antenne très prochainement en Grande-Bretagne.

Okamac emploie une centaine de salariés dans la région angevine
Okamac emploie une centaine de salariés dans la région angevine – J. Urbach / 20 Minutes

Un contrôle esthétique et technique

Dans l’atelier d’Ecouflant, entre 350 et 400 machines sont contrôlées par jour. Des ordinateurs achetés à des intermédiaires ou directement à des entreprises, arrivés en fin de leasing ou qui renouvellent très (trop) régulièrement leur parc. L’appareil est d’abord jugé sur son aspect esthétique : nickel, c’est un A, griffures ou petits pocs lui vaudront un C. Ensuite, place à un contrôle technique complet, d’une dizaine de minutes : webcam, hauts parleurs, ports USB, rien n’est oublié… Le clavier est vérifié touche après touche, l’écran pixel après pixel, tandis que la performance de la batterie est mesurée. « Au moins un quart d’entre elles n’atteignent pas 75 % donc sont remplacées », détaille Aurélie Leusiere, la responsable de production.

Les grosses pannes, elles, sont « minoritaires » assure-t-on. Pour les autres, le département R & D doit sans cesse trouver de nouvelles techniques : « Depuis peu, quand un écran a été abîmé par les touches, on arrive à remplacer une feuille et non toute la dalle », illustre Yvan Husson, qui ne souhaite pas communiquer sur les chiffres de retours. Selon les demandes des clients, les claviers peuvent être traduits en une autre langue et la mémoire augmentée, si la machine le permet.

Convaincre les professionnels

Une « réelle technicité pour répondre aux demandes spécifiques », loin du « je nettoie et je renvoie », se félicite Okamac. Boostée par la loi Agec qui impose aux organismes publics d’acheter au moins 20 % de matériel reconditionné, la société veut désormais s’ouvrir aux professionnels. « Les entreprises commencent à avoir une réelle prise de conscience environnementale et peuvent se reconnaître dans notre offre, assure Yvan Husson. Certaines sont ravies de ne pas avoir les dernières versions [de systèmes d’exploitation] qui sont parfois incompatibles avec leurs logiciels professionnels. Il va cependant falloir les convaincre d’avoir un parc informatique hétérogène. »

Okamac espère aussi développer des partenariats avec des établissements d’enseignement supérieur afin de proposer aux étudiants de s’équiper, à moindre coût.