Belgique

Une future alliance entre le MR et l’Open VLD se dessine à Bruxelles, et ça fait grincer des dents : « Le MR a utilisé le cabinet Gatz pour diviser »

La famille libérale, réunie au sein du gouvernement fédéral depuis 1999, est paradoxalement séparée depuis presque aussi longtemps en Région bruxelloise : depuis 2004, l’Open VLD est de tous les exécutifs dans la capitale, tandis que le MR y ronge son frein dans l’opposition.

”J’ai toujours su que la situation serait compliquée à Bruxelles, parce qu’il y a trois partis socialistes : le PS, le SP.A et l’Open VLD”, avait déclaré Didier Reynders en 2017. La phrase, célèbre dans les cénacles politiques, rappelle le niveau de tension qui régnait alors entre Didier Reynders, ancien président du MR bruxellois, et Guy Vanhengel, ex-leader des libéraux flamands dans la capitale.

Après cette double décennie de fâcherie libérale, un net rapprochement s’opère entre les deux partis. David Leisterh, président du MR bruxellois, a été aperçu à plusieurs reprises se rendant au cabinet de Sven Gatz (Open VLD), ministre bruxellois des Finances. Les deux hommes, à l’inverse de leurs prédécesseurs, ont tissé un lien privilégié.

Au point de faire grincer des dents au sein la majorité bruxelloise. “Sven Gatz se dit que la seule manière pour lui de s’assurer de rester dans la majorité bruxelloise est de lier son sort à celui du MR, qui a plus de chance que lui d’être au sein du prochain exécutif, indique une source au sein de la majorité bruxelloise. De son côté, le MR a utilisé l’Open VLD, et les informations du cabinet Gatz, pour diviser les socialistes et les écologistes, sur plusieurs dossiers comme la taxe kilométrique censée payer le Métro 3, ou sur le thème du logement.”

Tant Sven Gatz que David Leisterh démentent avoir eu recours à de telles pratiques. Cela indique toutefois à quel point, à neuf mois des élections, le niveau de méfiance au sein de la majorité atteint des sommets.

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« Il y a en effet la volonté de lier notre sort avec celui de l’Open VLD dans la prochaine majorité bruxelloise, et de ne pas monter l’un sans l’autre. »

Le rapprochement entre les deux partis, en tout cas, est indéniable. “Je vois régulièrement Sven Gatz, reconnaît David Leisterh. Vendredi, il m’a expliqué son plan pour le Métro 3. Mais il ne m’informe jamais avant les négociations avec son gouvernement. Et je ne lui demande d’ailleurs pas car, étant dans l’opposition, ce serait assez malsain. Certes, ces rencontres n’étaient pas la norme sous Didier Reynders. Mais comme président bruxellois, j’ai voulu recréer un lien plus solide avec l’Open VLD. Avec Sven Gatz, nous discutons, et nous nous coordonnons puisque nous souhaitons présenter des listes ensemble dans les 19 communes bruxelloises. Et oui, il y a en effet la volonté de lier nos sorts dans la prochaine majorité régionale bruxelloise, et de ne pas monter l’un sans l’autre.”

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”Les relations n’ont jamais été aussi bonnes avec le MR”

L’Open VLD refuse de s’avancer aussi loin, sans toutefois démentir. “Les relations n’ont jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui avec le MR. La situation pourrait se clarifier dans quelques semaines mois, avant fin de l’année”, nous indique un élu du parti.

L’Open VLD, jusqu’ici, n’a guère eu besoin des libéraux francophones à Bruxelles. Mais les temps récents sont particulièrement pénibles pour le parti libéral flamand, au niveau national.

À Bruxelles, la situation n’est pas aussi dramatique, mais les raisons d’être inquiets restent bien réelles. Guy Vanhengel prend sa retraite en 2024. Els Ampe, députée flamande issue de la Ville de Bruxelles, vient de claquer la porte du parti. Dans l’intervalle, la nouvelle génération tarde à percer, alors que la formation a déjà perdu deux sièges en 2019.

Les négociations régionales bruxelloises, certes, se déroulent séparément dans chaque rôle linguistique. Mais une volonté affichée par le MR et l’Open VLD de monter ensemble aux affaires bruxelloises, comme chez Écolo-Groen, pourrait peser dans la balance.

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Les tractions pour la place d’Alexia Bertrand

L’issue pourrait dépendre de tractations en cours pour la liste fédérale à Bruxelles. L’Open VLD souhaite y placer son nouveau transfuge du MR, la secrétaire d’État fédérale au Budget Alexia Bertrand. Les libéraux flamands espèrent obtenir pour elle la 3e ou la 4e place, et décrocher enfin leur premier siège bruxellois à la Chambre. Le MR, qui table sur l’obtention d’un quatrième élu en 2024, grâce à l’effet Sophie Wilmès et au siège supplémentaire qui échoira à la capitale, n’a que peu à y gagner. À moins que le parti de Georges-Louis Bouchez obtienne l’assurance que son parti frère, cette fois, ne l’abandonnera pas sur le bord du chemin, en Région bruxelloise.