Belgique

Une baisse généralisée de l’impôt, “c’est du gaspillage d’argent public”: Écolo préfère le crédit d’impôt pour les bas et moyens salaires

Un doublement de la taxe compte-titres est en vue

Il propose à la place un crédit d’impôt ciblé sur les bas et moyens revenus des travailleurs. Le montant du crédit d’impôt serait dégressif : plus on gagne, moins on en bénéficie. Pour un coût similaire à ce que propose le ministre des Finances, on pourrait, selon les projections d’Ecolo, octroyer un crédit de maximum 350 euros net à 50 % des travailleurs (jusqu’au salaire médian) ou de maximum 185 euros à 85 % des travailleurs, selon les choix qui seraient opérés. Enfin, le crédit d’impôt peut devenir un complément salarial si le montant du crédit est supérieur au montant de l’impôt dû. Cela signifie que les travailleurs qui ne paient pas ou peu d’impôts pourraient profiter pleinement de la mesure.

Quels sont, pour vous, les avantages de ce crédit d’impôt dégressif par rapport à la hausse de la quotité exemptée d’impôt ?

Le crédit d’impôt aide ceux qui en ont vraiment besoin. Je pense aux jeunes travailleurs, aux femmes à temps partiel, parfois aux métiers plus manuels. Cette mesure est aussi un levier économique. C’est quand on est jeune qu’on a le plus de besoins. Cet argent, il sera réinjecté dans l’économie, que ce soit pour acheter une maison, pour la rénover, pour s’installer, pour se faire plaisir aussi. Ce n’est pas de l’argent qui est thésaurisé, spéculé, ou qui sert à acheter une maison en Espagne. La mesure est également un incitant à travailler parce que la différence salariale sera beaucoup plus forte. Et puis, l’impact budgétaire sur les entités fédérées (Régions et Communautés) n’est pas aussi important qu’avec la hausse de la quotité exemptée d’impôt. Et moi, je n’ai pas envie de priver la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles des moyens dont elles ont besoin.

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Ce parti qui s’appelle le Mouvement réformateur (MR) bloque sur tout, met des ukases tout le temps, invective tout le monde…

Au-delà de cet enjeu, quel regard portez-vous sur la proposition de réforme fiscale du ministre des Finances ?

Il y a beaucoup de choses intéressantes. La TVA à 0 % sur les fruits et légumes pour encourager une alimentation saine, c’est positif. La TVA à 0 % sur les titres de transport dans les transports en commun, c’est quelque chose que je défends depuis longtemps. Également le doublement de la taxe sur les comptes titres. Ou encore une vraie taxation sur les multinationales, parce qu’ici, en Belgique, il y a une inégalité crasse entre les grandes entreprises et les petites.

Le MR a déjà fait savoir qu’il refusait le doublement de la taxe sur les comptes titres et il ne doit pas être emballé par la révision du régime des revenus définitivement taxés, dont profitent les grandes entreprises.

Le MR est le premier parti d’opposition de ce gouvernement. Je ne sais pas où s’arrêteront les excès de son président (Georges-Louis Bouchez). Je n’y prête plus attention.

Bruxelles - Botanique: Georges Gilkinet (Ecolo) - Vice-Premier Ministre et Ministre de la Mobilité au sein du gouvernement d'Alexander de Croo. A Bruxelles le 9 mars 2023
Georges Gilkinet, vice-Premier ministre Ecolo et ministre de la Mobilité. ©JC Guillaume

Dans la réforme, il est prévu une harmonisation à 9 % des taux de TVA réduits actuels de 6 et 12 %. Cela impliquerait une augmentation de la TVA sur la rénovation énergétique des bâtiments (à 9 % au lieu de 6 %). Ça ne doit pas vous réjouir en tant qu’écologiste.

L’avantage de la proposition de Vincent Van Peteghem, c’est qu’elle est une pièce à casser. S’il y a des effets de biais, des effets non voulus – et pour nous, écologistes, il est essentiel que les choix écologiques soient moins chers –, alors il faudra les corriger. Cela dit, si tout le monde vient avec ses tabous, comme certains l’ont déjà fait via Twitter, on ne réformera jamais rien. Ce parti qui s’appelle le Mouvement réformateur (MR) bloque sur tout, met des ukases tout le temps, invective tout le monde…

Pour compenser le coût de la réforme fiscale, il est prévu de tenir compte d’effets retour évalués à 600 millions d’euros par an en rythme de croisière. Pourtant, sous la précédente législature, vous aviez dénoncé le fait que la réforme fiscale du gouvernement Michel était en partie financée grâce à ces présumés effets retour.

Les proportions ne sont pas les mêmes. Par rapport aux effets retour pris de façon un peu aveugle par le précédent gouvernement, on est beaucoup plus prudents. Ces 600 millions représentent 10 % du coût total de la réforme, ce n’est pas démesuré. Mais il est clair que nous demanderons que les effets retour soient correctement évalués.

Le dossier des pensions rythme la vie du gouvernement fédéral depuis plus d’un an. Aux velléités des partis libéraux de revoir, voire de supprimer le régime de pension spécial des cheminots, Georges Gilkinet oppose un refus catégorique. “Il y a un énorme fantasme par rapport au régime en cours à la SNCB, développe le ministre de la Mobilité. D’abord, il a déjà été révisé. Il n’est plus le même qu’il y a vingt ans. Ensuite, il ne concerne qu’une partie de la SNCB (le personnel roulant). Et il est lié à des circonstances de travail qui sont par nature inconfortables : des horaires irréguliers, qui commencent tôt le matin et terminent tard le soir. C’est un régime d’exception, effectivement, mais qui se justifie par la nature du travail et qui n’a pas un coût démesuré pour les finances publiques. Je n’accepterai pas qu’on touche à ce régime, les membres du gouvernement le savent.”