Belgique

Un nouvel audit financier pointe de possibles irrégularités à Knokke-Heist

Que se passe-t-il dans la commune dirigée par un collège échevinal toujours dominé par le parti Gemeentebelangen (Intérêts communaux) devenu puissant sous la férule de Léopold Lippens, décédé en février 2021 après 40 ans de maïorat ?

Contrat de leasing controversé

Selon De Tijd, citant des sources locales, l’audit porte sur certaines activités de Kris Demeyere (Gemeentebelangen), premier échevin de la commune. Parallèlement à son mandat, ce Knokkois né en 1970 est le patron d’un garage automobile familial situé dans sa propre commune et aussi à Bruges. Les auditeurs veulent en savoir plus sur la commande de la ville de Knokke portant sur des véhicules chez Demeyere Cars. Les conditions du marché public ont-elles été respectées ? La société de leasing indépendante dont il est question a-t-elle joué pleinement son rôle pour garantir les conditions légales en la matière ? Se trouve-t-on dans une situation où il peut y avoir des conflits d’intérêts ? Les auditeurs devront trouver des réponses à ces questions. Il faudra sans doute attendre le mois de juin avant de connaître leurs conclusions.

Mais il n’y a pas qu’un contrat de leasing qui fait froncer les sourcils. Kris Demeyere est un échevin très populaire dans son fief côtier. Il se dit que son influence auprès des promoteurs immobiliers n’est pas mince. Elle serait même très (trop ?) importante. À son initiative, d’importants projets ont été réalisés. On aurait brûlé des étapes… Au collège échevinal, les signaux sont alors passés à l’orange. Fin 2022, Demeyere a été poussé à lâcher ses compétences clés : l’urbanisme et la rénovation urbaine. Recyclé, depuis lors, dans l’économie et les travaux publics, l’homme n’a pourtant pas jeté l’éponge. Il continue à exercer son influence et personne ne semble pouvoir l’arrêter.

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Un million d’euros dans le garage familial

Alors que beaucoup de questions restent sans réponse, la pression monte à Knokke. La crédibilité de la commune avait déjà pris un sale coup depuis le précédent audit financier, en 2020. Un proche de Kris Demeyere avait alors investi un million d’euros dans le garage familial déficitaire de l’échevin. Un an après la transaction financière, Kris Demeyere, en charge de l’urbanisme à l’époque, était présent à une réunion du collège qui devait notamment discuter de cette transaction. Audit Vlaanderen avait estimé que l’échevin aurait dû renoncer à cette réunion où il était à la fois juge et partie. Il ne pouvait ignorer qu’une de ses relations se trouvait aux commandes de l’entreprise. Kris Demeyere avait alors répondu ne pas savoir qui pilotait l’entreprise concernée.

Tentative de déstabilisation

La nouvelle affaire discrédite à nouveau le pouvoir local knokkois et nuit à sa réputation. A un an et demi des élections communales (octobre 2024), l’opposition (N-VA, Vooruit, Groen, et Vlaams Belang) affûte ses armes et n’hésite pas à faire cause commune pour essayer d’affaiblir le puissant parti du bourgmestre (Gemeentebelangen) qui rassemble lui seul près de 70 % des voix à Knokke-Heist.

Mais au sein de la majorité, certains n’hésitent pas à parler d’une tentative de déstabilisation. “Ce qui est regrettable, c’est de couvrir d’opprobre des élus (du parti majoritaire Gemeentebelangen, NdlR) seulement parce qu’il y a une pomme pourrie parmi eux”, affirme une source.