Belgique

Plombé par la Vivaldi, comment l’Open VLD compte-t-il survivre ?

Le sondage de vendredi met en difficulté les libéraux flamands.

Ce mauvais résultat n’est toutefois pas une surprise. L’Open VLD paie le “prix du 16”. Le parti qui dispose du poste de Premier ministre est le membre de la coalition qui doit le plus ménager ses partenaires afin de dégager des compromis et permettre la survie du gouvernement. Alexander De Croo, en prenant les commandes de la Vivaldi le 1er octobre 2020, savait qu’il aurait une tâche ingrate et qu’il serait une cible. Mais c’est l’ensemble de sa formation qui est désormais en train de couler.

Marre des “fils de”

Un bureau de parti en visioconférence a eu lieu samedi afin de discuter des résultats du sondage entre poids lourds libéraux. L’abattement était profond et, lors de cette réunion, personne n’a voulu réclamer la tête d’Egbert Lachaert. Des attaques ciblées sont, par contre, venues de l’extérieur. Sur Twitter, Els Ampe, députée flamande et sénatrice, a diffusé une vidéo où elle accable les leaders bleus.

Dans cette intervention tournée juste devant la façade du quartier général de l’Open VLD à Bruxelles, la libérale, connue pour son franc-parler, interpelle le top du parti. “Comment peut-on diriger un pays de manière crédible si l’on n’est pas capable de diriger son parti ? Faites passer les gens en premier. Pas le parti, pas le Premier ministre, pas les ‘fils de’.” La charge contre Alexander De Croo, fils du ministre d’État Herman De Croo, est lourde.

Parmi les ministres Open VLD, le ton s’est révélé plus modéré. Dimanche, interrogée sur les plateaux de De Zevende Dag (VRT), Alexia Bertrand, secrétaire d’État au Budget, a défendu l’action d’Egbert Lachaert. “La position du président (de l’Open VLD) n’est pas en péril. Il est un joueur dans l’équipe et s’en tire très bien avec le Premier ministre Alexander De Croo”, a-t-elle assuré.

Alexia Bertrand (Open VLD) défend Egbert Lachaert et Alexander De Croo.

Toutefois, certains observateurs politiques estiment que le patron des libéraux flamands pourrait annoncer son départ dans les prochaines semaines. Egbert Lachaert va consulter les poids lourds de l’Open VLD et tenter de mettre au point un plan de bataille pour remonter la pente sondagière. Si sa future stratégie ne recueille pas un large soutien, il jettera l’éponge. Il aurait déjà fait part de son intention lors de discussions internes, écrivait le quotidien De Standaard, lundi.

Egbert Lachaert vit une situation paradoxale. Il y a trois ans, il avait été élu à la tête de l’Open VLD en promettant de tourner la page de l’ère “Gwendolyn Rutten”, l’ancienne présidente jugée trop progressiste, et de rendre à sa formation une ligne plus à droite sur le plan socio-économique. Mais un préaccord de majorité négocié entre le PS et la N-VA durant l’été 2020 avait provoqué une réaction de rejet de la part de la famille libérale (Open VLD et MR) et des écologistes (Groen et Écolo). Finalement, c’est la coalition Vivaldi (libéraux, socialistes, écologistes et le CD&V) qui avait été préférée. Une formule sans la N-VA.

Se “déscotcher” de la Vivaldi

Depuis, l’Open VLD paie le prix de ce choix. Au nord du pays, son image est associée à cette majorité fédérale qui penche vers la gauche. Alexander De Croo, comme chef du gouvernement, est accusé par l’opposition d’avoir accepté des compromis douloureux pour la Flandre afin de se maintenir au pouvoir. L’Open VLD cherche à contrer ces critiques venant en particulier de la N-VA. Le Premier ministre a récemment voulu “déscotcher” son image de celle de Groen, l’un de ses alliés de gauche au fédéral. Il avait appelé à une “pause” dans l’émission de nouvelles normes en matière environnementale (sauf dans la lutte contre le réchauffement climatique) afin de soulager les entreprises privées.

La « pause » environnementale évoquée par Alexander De Croo avait choqué les verts.

Le futur plan d’Egbert Lachaert destiné à redonner de la vigueur à l’Open VLD devrait poursuivre ce travail de mise à distance de la Vivaldi. Le jeu devra être subtil. Il reste une année entière avant les prochaines élections et de nombreux dossiers (fiscalité, pensions, emploi…) doivent encore être négociés au fédéral. Alexander De Croo devra malgré tout conserver de bons rapports avec ses partenaires afin de trouver les compromis nécessaires. Le 9 juin 2024, il sera aussi jugé par les électeurs sur son bilan de Premier ministre.

Les partis « traditionnels » sont mis sous pression par le Vlaams Belang et le PTB.