Belgique

Les verts veulent augmenter à trois jours le congé de maladie sans certificat médical : « Catastrophique », réagit l’UCM

Pour les écologistes, cette réforme va dans le bon sens, mais pas suffisamment loin. Raison pour laquelle les députés Kristof Calvo (Groen) et Cécile Cornet (Écolo) ont déposé ce 4 avril à la Chambre une nouvelle proposition de loi pour élargir la dispense de production d’un certificat médical. Selon cette proposition, le travailleur ne sera pas tenu, trois fois par année calendrier, de produire un certificat médical pour les trois premiers jours d’une incapacité de travail. Soit maximum neuf jours de congé de maladie par an sans certificat. En outre, les verts proposent de supprimer l’exception actuellement prévue pour les entreprises occupant moins de 50 travailleurs.

Pression sur les généralistes

Les députés verts estiment que la réforme intervenue fin 2022 n’a réduit les charges administratives pour les médecins généralistes et les coûts qui en découlent pour la société que de manière limitée. « Pour un nombre significatif de maladies, quelques jours sans suivi médical suffisent pour la guérir. Or, en vertu de la réglementation actuelle, les travailleurs malades doivent prendre rendez-vous chez le médecin généraliste dès le deuxième jour, écrivent les députés. Pendant une période où les infections sont nombreuses, cela occasionne une pression supplémentaire sur les médecins généralistes, qui se retrouvent confrontés à des temps d’attente croissants et sont dès lors contraints de consacrer moins de temps aux patients ayant besoin de soins médicaux. »

Les écologistes, avec cette mesure, ne craignent-ils pas de favoriser les excès de la part de travail de travailleurs qui y verraient un moyen de se procurer neuf jours de congé supplémentaires à bon compte ? « Non, nous rétorque Cécile Cornet. On table sur la confiance et la responsabilité des uns et des autres. Il y a eu une bonne évolution l’an passé. On veut aller plus loin et réunir les forces progressistes qui pensent que la confiance a sa place sur le marché du travail et dans les entreprises. Et nous invitons d’ailleurs le gouvernement à réfléchir à faire de même dans la fonction publique. »

Les partenaires de majorité des verts vont-ils soutenir la proposition des verts ? « Les contacts sont en cours », répond prudemment Cécile Cornet.

Carton rouge !

Le soutien des petites et moyennes entreprises, les verts ne l’auront en tout cas pas. Sollicité par La Libre, le président de l’Union des classes moyennes (UCM) adresse un « carton rouge » à cette proposition des verts. « C’est catastrophique !, réagit Pierre-Frédéric Nyst. D’une part, en augmentant à trois fois trois jours, certains travailleurs vont se dire : j’ai droit à neuf jours de congé supplémentaires. C’est un très mauvais signal. C’est l’employeur qui paie ces jours et cela désorganise l’entreprise. D’autre part, en généralisant le dispositif à toutes les entreprises, on laisse croire qu’une grande entreprise et une PME ont la même capacité d’adaptation à l’absence d’un travailleur. C’est faux. »

« Quand on a instauré la possibilité d’avoir trois fois un jour de congé de maladie sans certificat, poursuit M. Nyst, nous avions demandé une exception pour les petites entreprises, parce qu’on le fait déjà. Dans une PME un peu familiale, le travailleur appelle son patron, qui lui dit de se reposer, on fait confiance. Mais si c’est le même travailleur qui fait le coup tous les lundis, il s’isole, les autres collègues râlent et cela désorganise le travail. Nous étions donc rassurés par cette dérogation pour les PME car nous savions qu’il n’y aurait pas d’abus. Ici, avec cette nouvelle proposition, pour résoudre un problème chez les médecins, on va en créer dix autres dans des petites entreprises. C’est une aberration. Nous demandons une prise en compte de la spécificité des PME. »