Belgique

Procès des attentats à Bruxelles: Ibrahim El Bakraoui savait « dissimuler les choses », affirme Ali El Haddad Asufi

Questionné sur ces versions divergentes, Ali El Haddad Asufi a expliqué : « Quand on m’a demandé la première fois si Ibrahim avait changé après sa sortie de prison, il venait de se faire exploser. Du coup, j’ai dit oui, car ça me paraissait évident », a raconté l’accusé. « Mais en refaisant le film dans ma tête, je me suis dit que je n’avais pas vraiment vu de changement en fait. En même temps, c’est quelqu’un qui vient du grand banditisme, il savait dissimuler les choses. »

La présidente de la cour s’est également étonnée qu’Ibrahim El Bakraoui ait emmené Ali El Haddad Asufi au 4 rue Max Roos, à Schaerbeek, alors que les autres membres de la cellule n’étaient vraisemblablement pas encore au courant de l’existence de l’appartement. « Quand je suis allé là-bas, c’était début février, il n’y avait personne, c’était vide. Peut-être qu’il me montre l’appart parce qu’il n’avait pas encore décidé de l’utiliser. »

« Il se dit peut-être que, comme je ne suis au courant de rien d’autre, il peut me montrer l’appartement. Ou alors il pense que je suis persuadé qu’il est à la recherche d’une planque pour ses histoires de grand banditisme », a complété l’accusé.

Ce dernier a également assuré qu’il n’avait aucun moyen de contacter celui qu’il décrit comme son ami. « Il ne m’a donné aucun numéro de GSM. C’est lui qui me contactait ou j’allais avenue des Casernes. Je n’avais aucun moyen de le contacter », a-t-il dit, ajoutant qu’il n’avait que rarement véhiculé le futur kamikaze.

Au sujet de son omission volontaire de l’appartement de l’avenue des Casernes lors de sa première audition, Ali El Haddad Asufi a expliqué qu’il ne savait pas qui vivait encore là et qu’il ne voulait pas mettre Smail Farisi, qui avait sous-loué les lieux aux terroristes, en difficulté. « J’ai vu les images de Max Roos dans les médias et je me suis dit que l’adresse des Casernes n’apporterait rien, qu’ils savaient déjà tout. Je me protégeais aussi. »

Enfin, l’accusé a reconnu avoir décollé l’étiquette apposée sur l’une de ses clés USB par les enquêteurs de la Federal computer crime unit (FCCU) pour la coller sur une autre clé afin de faire croire que cette dernière avait déjà été analysée. « C’était une clé USB problématique, celle avec le testament pour la mère d’Ibrahim (El Bakraoui). Et tout ce qui touche à Ibrahim à ce moment-là est radioactif, il faut s’en éloigner le plus possible. »

« Après, ça n’a pas vraiment marché. C’est bien la preuve que je ne suis pas un génie du crime. Si j’avais caché d’autres choses, ça aurait été découvert », a conclu Ali El Haddad Asufi, non sans humour.