France

Immeubles effondrés à Marseille : « Les effets du choc de l’explosion continuent », la crainte d’effondrements en cascade

Rue de Tivoli, les yeux sont désormais rivés au ciel. Depuis plusieurs jours, la tâche des pompiers pour tenter de sortir des décombres les deux personnes toujours disparues sous les gravats de plusieurs immeubles dans le centre-ville de Marseille se complique. Et pour cause : après l’effondrement d’un premier immeuble, le 17, dans la nuit de samedi à dimanche, puis d’un second partiellement le dimanche matin, le 15, d’autres immeubles dans le même périmètre menacent de s’effondrer en cascade.

Les marins-pompiers de Marseille sont particulièrement inquiets de la solidité des bâtiments des numéros adjacents, le 19 et le 11, tant les murs porteurs s’avèrent fragiles. Avec, en filigrane, la crainte que les immeubles s’écroulent sur les pompiers qui déblaient à la main le reste de débris.

Des bâtiments en pierre et en terre

« Nous sommes sur un habitat qui est début XXe, et c’est essentiellement des murs en pierre, consolidés avec de la chaux et de la terre, s’alarme le capitaine de vaisseau Christophe Guillemette. Et quand ça s’effondre, ça n’est pas la même chose qu’un bâtiment en structure béton. Lui, quand il s’effondre, cela va donner plus de chances d’avoir des zones de survie. Là, vous avez un effondrement qui est beaucoup plus tassé. »

Et les bâtiments mitoyens ne sont pas les seuls à avoir été fragilisés par l’explosion. A l’heure où ces lignes sont écrites, 42 immeubles et une maison sont inclus dans le périmètre de sécurité, ce qui représente 155 logements.  « Certains bâtiments autour ont été abîmés mécaniquement, leur expertise est en cours, ajoute Christophe Guillemette. Les effets du choc lors de l’explosion continuent. Vous avez une pierre qui tombe et qui entraîne la deuxième. Il y a une analyse permanente faite par les ingénieurs, les architectes de la ville et de sociétés privées, les experts pour instrumenter l’ensemble de ces immeubles et pour pouvoir apprécier quels sont ceux qui sont en sécurité ».

Une action de consolidation d’urgence

« Les services des architectes de la ville de Marseille ont entrepris ce travail depuis dimanche matin, précise l’adjoint à la sécurité de la ville de Marseille, Yannick Ohanessian. Ils sillonnent toutes les rues concernées, les numéros pairs et impairs des bâtiments concernés. Ils travaillent avec des outils dernière génération pour mesurer la structure et voir si on fait face à des désordres structurels bâtimentaires. »

Face au risque, les pompiers sont obligés de prendre des mesures, notamment pour sécuriser les murs porteurs des 11 et 19 de la rue de Tivoli, de chaque côté des bâtiments touchés.  « Dans l’après-midi, nous allons réaliser une action de consolidation d’urgence à l’aide de béton projeté », annonce Christophe Guillemette. Et de préciser : « L’objectif des éléments de béton que nous allons projeter sur les murs, ce n’est pas de réhabiliter ces deux bâtiments mais de les consolider. Nous allons réaliser cette manœuvre pendant trois ou quatre heures, afin que nous puissions continuer notre recherche dans la zone sinistrée. »

Quant aux autres immeubles, « tout ça est en cours d’expertise. C’est un bilan évolutif. » Et selon le marin-pompier, la réintégration dans les logements des 200 personnes n’est pas encore d’actualité ce mercredi. « Nous voulons absolument avoir une vision claire et maîtrisée de notre zone d’intervention, lance Christophe Guillemette. Nous ne voudrions pas exposer inutilement les habitants. »