Belgique

Le deuxième plus vieux détenu de Belgique fait condamner la Belgique à Strasbourg

Dans son arrêt, la cour relève que le tribunal d’application des peines et les experts estiment que la place de Freddy Horion n’est plus en prison mais qu’avant d’être éventuellement libéré, il devrait pouvoir être admis dans une unité de psychiatrie légale.

C’est là, estiment le TAP et les psychiatres, une étape indispensable en vue d’une réinsertion dans la société de Freddy Horion. Pas question pour le TAP de lui accorder une libération conditionnelle, une détention sous surveillance électronique ou une détention limitée sans un tel sas intermédiaire.

Or, selon le même TAP, une admission de Freddy Horion dans une unité de psychiatrie légale est impossible pour des questions de financement. De telles institutions ne peuvent accueillir que des personnes ayant le statut d’interné, à l’exclusion des condamnés comme M. Horion.

Dans ces circonstances, la Cour juge que l’impasse dans laquelle se trouve M. Horion résultant de l’impossibilité pratique d’être placé dans une unité de psychiatrie légale, alors que sa détention en prison n’est plus indiquée selon les autorités internes, a pour conséquence qu’il n’a actuellement pas de perspective réaliste d’élargissement, ce qui est prohibé par l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, interdisant tout traitement inhumain ou dégradant.

Un condamné emblématique

Les faits qui ont valu la prison à Freddy Horion avaient avait bouleversé la région gantoise et même la Belgique entière. Le 23 juin 1979, deux hommes avaient fait irruption dans un garage de Sint-Amandsberg. Freddy Horion, accompagné d’un complice, Roland Feneulle, avait un différend avec le garagiste chez qui il avait travaillé par le passé.

Horion était redevable, par décision de justice, de 500 000 francs (environ 12 500 euros) au garagiste Roland Steyaert car il lui avait volé une Mercedes. Furieux, Freddy Horion avait exigé de Roland Steyaert qu’il lui rende ce montant sous peine d’exécuter sa famille. Le garagiste n’avait pas cette somme lorsque Horion est venu chez lui. Il fut abattu, tout comme son épouse, ses deux filles de 13 et 22 ans ainsi que le fiancé de l’aînée.

En juin 1981, Freddy Horion et Roland Feneulle furent condamnés par la cour d’assises de Flandre occidentale à la peine de mort (abolie en juillet 1996). En novembre 1981, cette peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité. Roland Feneulle est mort en détention. Freddy Horion, aujourd’hui âgé de 76 ans, n’a jamais plus quitté la prison. Il est actuellement détenu à la prison de Hasselt.

Le deuxième plus vieux détenu de Belgique

Détenu depuis 1979, Freddy Horion – qui était surnommé en Flandre “Zonnebril” (”lunettes solaires”) – est le deuxième plus vieux détenu de Belgique. Le “recordman”, est Stef Van Eyken, le “vampire de Muizen”, aujourd’hui âgé de 72 ans. Il est incarcéré depuis 51 ans.

En 1971 et 1972, Stef Van Eyken a tué, après les avoir violées, trois femmes dans les environs de Malines. Il tient son surnom du fait qu’il leur mordait les seins. Arrêté après son troisième crime, commis le 19 mars 1972, il a été condamné à la peine de mort en 1974 par la cour d’assises d’Anvers. Sa détention a été commuée en détention à perpétuité.

La Cour européenne des droits de l’homme ne considère pas, qu’en soi, une perpétuité effective, soit un traitement inhumain et dégradant. Selon des chiffres communiqués en 2021 par l’administration pénitentiaire, il y avait alors neuf détenus qui étaient alors depuis plus de 30 ans en prison.

Certains pays, comme les Pays-Bas, imposent une limite de 30 ans aux peines. Ce n’est pas le cas de la Belgique où il n’y a pas de limite de temps.