Belgique

Le coût des chômeurs de longue durée s’élève à près de 2 milliards d’euros

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En revanche, certaines catégories d’allocations de chômage sont déjà limitées dans le temps, comme les travailleurs d’art (4 796 à fin mars) ou les bénéficiaires d’allocations de sauvegarde (1 838 à fin mars), ainsi que les personnes admises sur la base des études (9 397 à fin mars) et les chômeurs qui bénéficient de prestations avec un complément d’entreprise (5 761). En d’autres termes, les discussions politiques portent surtout sur les chômeurs de longue durée sur la base de prestations de travail : ils sont donc environ 125 000 en Belgique.

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Combien coûtent ces 125 000 chômeurs de longue durée ? Environ 1,881 milliard d’euros, selon les chiffres compilés par l’Onem. Globalement, à la fin 2022, l’ensemble des chômeurs de longue durée, y compris les catégories déjà soumises à limites de temps, coûtait 2,152 milliards d’euros (529 millions sur les 3 premiers mois de l’année 2023). Mais ce budget ne signifie pas grand-chose. Les études, diverses et variées, montrent que la limitation des allocations de chômage n’aurait que peu d’effets sur la dépense publique, les transferts vers d’autres régimes (maladie invalidité, pension, etc.) ou les CPAS étant rapidement mis en œuvre.

Chômeurs complets.
Chômeurs complets. ©IPM Graphics

Tous les experts contactés le reconnaissent : c’est l’inactivité qui est problématique en Belgique. Ils sont près de 1,3 million. Pas étonnant, dans ces conditions, que l’on ne parle pas seulement de limiter les allocations de chômage, ou de mieux accompagner/réintégrer les malades de longue durée (33 000 en 2023 et 2024) : le débat, qui a trait à la réforme fiscale, touche aussi à la réduction des pièges à l’emploi. L’objectif de la Vivaldi est en effet d’augmenter l’écart entre les allocations sociales et les bas revenus. L’Open VLD, qui sera en congrès prochainement, souhaite porter cet écart à 500 euros. Quoi qu’il en soit, l’enjeu de l’inactivité est autrement plus important sur le plan budgétaire que celui lié au chômage, qui a tendance à refluer naturellement, en raison du vieillissement de la population et des nombreux métiers en pénurie. Le rapport annuel de l’ONSS (Office national de sécurité sociale) rend fort bien compte de cet enjeu budgétaire.

Certes, comme l’explique Michiel Stegaert (Onem), même si on retrouve sous la rubrique “Dépenses” de ce rapport annuel la répartition des dépenses selon les différentes institutions (pensions, Inami, etc.), ces chiffres ne sont qu’indicatifs. Le SPF Pensions n’est pas un régime, pour le dire autrement : le budget englobe autant les pensions que les rémunérations des personnes qui y travaillent. “Mais on voit quand même qu’en 2020, par exemple, qui était l’année du pic de la crise Corona, les dépenses sociales de l’Onem représentaient environ 15 % du budget de la sécurité sociale (près de 11 milliards sur 75,6 milliards). Les autres dépenses vont presque tous vers le SPF (30,5 milliards fin 2021, NdlR) et l’INAMI (36,2 milliards d’euros)”.

L’inactivité difficile à chiffrer

Morale de l’histoire : les 1,881 milliard pour les chômeurs de longue durée ne sont qu’une toute petite partie du budget de la sécurité sociale. “Si on regarde les chiffres sur les dépenses aux chômeurs de 2 ans ou plus admis sur la base de prestations de travail à temps plein ou partiel volontaire pour la période 2019-2021, les chiffres montrent qu’il s’agit en moyen d’environ 2 % des dépenses de la Gestion globale de la sécurité sociale”, explique Michiel Stegaert.

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Et encore faut-il préciser que la sécurité sociale n’inclut pas les montants versés via les CPAS. Bref, on l’aura compris, il est difficile de chiffrer le coût de l’inactivité. Certains inactifs bénéficient de prestations publiques (salaire de subsistance, assurance maladie ou retraite anticipée), d’autres non (mères au foyer et pères au foyer dont le partenaire travaille). Certains coûtent donc une assurance (et d’éventuelles prestations sociales), tandis que d’autres ne nécessitent aucune dépense supplémentaire. “En outre, l’activation d’une personne inactive se traduit évidemment par un revenu supplémentaire par le biais des impôts (cotisations patronales et salariales à la sécurité sociale et impôts supplémentaires sur le revenu)”, explique Stijn Baert (UGent).

Autre sujet de discorde au sein de la Vivaldi: le rendement budgétaire d’une personne réactivée. Suite aux travaux budgétaires de mars 2023, la Vivaldi a cependant tranché: une personne réactivée “rapportait” 28 000 euros par an et pas 38 000 euros comme certains l’espéraient encore lors de la conception du budget 2023 en octobre 2022. En d’autres termes, 100 000 personnes activées représenteraient près de 3 milliards d’euros.