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Météo : Le nouveau bulletin de France Télévisions, « un formidable outil » pédagogique

L’été dernier, Marc Hay bousculait le petit monde des bulletins météo en tapant du poing sur la table. « La France, clairement, va cramer cette semaine », lançait le présentateur de BFM TV à l’aube de la première des trois grandes vagues de chaleur estivale. La publication du rapport du Giec, au fil de l’année, enfonçait le clou : on ne peut plus parler de météo comme avant, et sans faire le lien avec le changement climatique. Un cri entendu par France Télévisions, qui a lancé lundi soir une nouvelle formule du journal météo du soir sur France 2 et France 3.

Quels sont les changements apportés par cette nouvelle formule ? Ce nouveau bulletin répond-il aux attentes en matière d’informations sur le changement climatique ? D’autres initiatives peuvent-elles être mises en place pour aller plus loin ? 20 Minutes fait le point.

A quoi ressemble ce nouveau bulletin météo ?

La couleur est annoncée dès le générique, dans lequel les deux mots « météo » et « climat » sont accolés, puisqu’il s’agit officiellement du « journal de la météo et du climat ». Sur la droite de la présentatrice de France 2, Anaïs Baydemir, la traditionnelle carte de France qui servira de support aux prévisions pour le lendemain. A sa gauche, un cadre pour les infographies, avec la mise en avant d’un chiffre (+1,187°C, « l’augmentation de la température de la planète liée aux activités humaines depuis 1900 », explique la présentatrice), et la frise de l’évolution des températures, aux vingt dernières années écarlates.

Une « attention portée à la visualisation » appréciée par Lola Vallejo, directrice du programme climat à l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), avec un « bon usage » des données. En fin de journal, le climatologue Christophe Cassou répond, dans une capsule vidéo, à la question d’un internaute. Si l’auteur du Giec s’est particulièrement impliqué dans la mise en place de ce nouveau journal, il « y aura un groupe plus large » d’experts qui interviendront, précise Lola Vallejo à 20 Minutes. Au total, les bulletins sont allongés d’une minute trente à deux minutes.

Ce nouveau format répond-il aux attentes des climatologues ?

En écho aux vives critiques de 2022, le directeur de l’information de France Télévisions, Alexandre Kara, a présenté ce nouveau bulletin en jugeant « insupportable qu’on se réjouisse qu’il fasse 25 degrés à Biarritz en février sans expliquer pourquoi ». « Difficile de se prononcer à partir d’une seule émission », estime Lola Vallejo, qui reconnaît « un vrai leadership » à France Télé. « La météo fait partie des rendez-vous immanquables », touchant une « audience très large », souligne-t-elle.

La chercheuse salue l’initiative, reconnaissant que « mettre le climat dans le titre au quotidien, c’est une grande avancée ». Selon elle, le bulletin de France 2 et France 3 a tout pour « être un formidable outil », en parvenant à « intégrer une bonne dose de connaissances sur le changement climatique d’une manière qui parle aux gens » et à se faire « très inclusif ». Et le ton réussit à ne pas brusquer le téléspectateur sans tomber dans « l’euphémisation », en offrant « du recul » pour mieux voir un changement climatique qui peut sembler « graduel au jour le jour ».

Comment aller plus loin ?

A France Télévisions comme dans d’autres rédactions, « il reste encore du chemin à parcourir » sur le traitement du changement climatique toutefois. Pas tant sur la « douceur » encore évoquée à deux reprises, ce nouveau bulletin ayant encore quelques ajustements à faire, que sur les reportages plus en profondeur. « Il faut arrêter les sujets avec des enfants dans les piscines lors des vagues de chaleur et aller sur les solutions concrètes qu’on peut mettre en place », martèle Lola Vallejo.

Mais la prise de conscience écologique ne vaut pas que pour les sujets présentés à l’écran. Dans le groupe France Télévisions, le problème est aussi intégré au fonctionnement de la rédaction. « Sauf exception extrême d’actualité, il n’y aura plus d’utilisation de l’avion pour les reportages sur le territoire métropolitain. Nous allons demander à tout le monde de prendre le train », promet Alexandre Kara. A France Info, « l’écogeste du jour » est aussi venu ponctuer le bulletin météo depuis quelques mois. Avant que d’autres chaînes ne dégainent à leur tour une nouvelle formule ?