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« Ce gouvernement nous ramène au Moyen Âge »: en Italie, l’exécutif de Meloni en croisade contre les familles LGBT +

Pas de doute, la GPA, la grossesse pour autrui, est le nouveau cheval de bataille du gouvernement italien. Même l’ancien président du Parlement européen, Antonio Tajani, considéré comme un modéré dans la coalition gouvernementale, a recours à des mots forts : “L’utérus des femmes ne devrait pas être utilisé comme si c’était un four pour rôtir des patates ! ” Depuis quelques semaines, le débat politique sur les enfants des couples LGBT + fait rage. Tout a commencé par une circulaire du ministère de l’Intérieur qui interdit dorénavant aux maires italiens d’enregistrer les enfants des familles homoparentales avec les noms des deux pères ou des deux mères. Seul le parent biologique peut-être reconnu administrativement.

Le Parlement européen a voté une motion pour condamner l’Italie, estimant que cette circulaire discrimine les enfants nés dans les familles homoparentales alors que, jusqu’ici, les maires progressistes profitaient du vide juridique en la matière pour prendre la responsabilité d’enregistrer l’enfant sous le nom des deux parents.

Criminaliser le recours aux mères porteuses

La loi italienne ne prévoit pas que les couples LGBT + puissent avoir des enfants. La procréation médicalement assistée n’est autorisée que pour les couples hétérosexuels, les lesbiennes doivent donc se rendre à l’étranger pour avoir accès à cette technique. L’adoption est interdite aux homosexuels, tout comme le recours à une mère porteuse. Jusqu’ici, les couples se rendaient dans les pays où la GPA est autorisée comme au Canada ou aux États-Unis. Mais comme la loi ne prévoit pas l’existence de ces enfants, elle ne les reconnaît pas non plus, voilà pourquoi la Cour de cassation italienne a invité le Parlement à légiférer au plus vite.

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Le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, a présenté un texte de loi qui vise à criminaliser le recours aux mères porteuses, comme crime universel. “Selon moi c’est plus grave que la pédophilie, avance le député Federico Mollicone. Nous sommes face à des personnes qui veulent choisir un enfant comme si c’était une décoration ou les meubles d’une maison ! ” Le texte discuté au Parlement prévoit de poursuivre tous ceux qui ont recours à la GPA à l’étranger. Un couple qui se rendrait au Canada pour avoir un enfant risquera donc, si la loi passe, une peine de prison de trois mois à deux ans et des amendes financières de six cent mille à un million d’euros en rentrant en Italie.

La famille traditionnelle

Mais cette bataille contre “la location de l’utérus” , comme la qualifient les membres de la majorité gouvernementale, n’est en réalité qu’un prétexte pour s’opposer aux familles homoparentales, car les couples hétérosexuels italiens qui ont recours à la GPA sont plus nombreux que les homosexuels et ne rencontrent pas de problème quand il s’agit d’enregistrer l’enfant à la commune. “Moi je pense qu’un enfant doit avoir un père et une mère, justifie la ministre de la Famille Eugenia Rocella. Deux figures sont nécessaires pour l’enfant. Une petite fille doit se refléter dans la figure maternelle et le petit garçon dans la figure paternelle. Cette complémentarité sert réellement ! ”

Ce genre de propos, et le texte de la proposition de loi ont provoqué la colère des associations LGBT +, qui manifestent chaque week-end dans des villes différentes. “Ce gouvernement s’en prend aux enfants des couples homosexuels. Même le Parlement européen est intervenu contre cela. Ce gouvernement nous ramène au Moyen Âge” attaque Elly Schlein la nouvelle secrétaire du Parti démocrate, qui annonce une bataille parlementaire sur la question. Les maires des grandes villes italiennes appellent à la désobéissance civile, pour continuer à enregistrer les actes de naissance des quelques centaines d’enfants qui naissent chaque année dans des familles homoparentales, tandis que la ministre de la Famille annonce pour sa part des recours…