Belgique

La Vivaldi dégage 20 millions pour les syndicats : “Le nombre de chômeurs diminue, ce qui les met financièrement dans l’embarras”

Dans les notifications budgétaires, un petit addendum datant du 23 mars suite à un kern (comité ministériel restreint) explique plus précisément qu’”en vue de garantir le paiement des allocations de chômage dans les délais et avec les contrôles requis, la partie du budget de l’Onem réglé par l’arrêté royal du 16/09/1991 sera majorée de 10 millions d’euros en 2023 et 10 millions en 2024.”

Une source gouvernementale avance : “En fait, les syndicats demandent depuis des mois une revalorisation pour le paiement des allocations de chômage. Le nombre de chômeurs diminue, ce qui diminue les capacités financières des syndicats, et les met dans l’embarras. Au cours des discussions, le PS a finalement obtenu cette rallonge pour la FGTB – et forcément aussi pour les autres syndicats pour ne pas faire de discrimination – mais il a fallu que les socialistes plient sur le volet pensions.”

Le paiement des allocations de chômage fait perdre de l’argent aux syndicats

Le PS a obtenu de bien plus “gros morceaux”

On s’en souvient, la Vivaldi s’était effectivement accordée sur le report de la valorisation de la pension minimum au 1er janvier 2024 – qui devrait se traduire par quelques euros nets par mois – et sur le retrait de cette revalorisation pour d’autres allocations, comme le chômage. D’où une économie substantielle dégagée de 374 millions (126 millions pour le volet “pensions”).

Les rois de la spin sont de sortie”, lâche une autre source gouvernementale. Entendez qu’on est ici typiquement dans le cadre d’une communication “réductrice” sur le sujet. “D’abord, il faut rappeler que tant qu’il n’y a d’accord sur tout il n’y a d’accord sur rien. Eu égard aux 20 millions de l’Onem, le PS a obtenu bien des choses qui pèsent autrement plus lourd”, poursuit notre source gouvernementale. Et de citer le doublement des rentrées fiscales grâce à la taxation minimale des multinationales, des montants importants pour la politique de l’asile et la confirmation des ambitions pour la défense (entre les mains de la socialiste Ludivine Dedonder, NdlR). On peut pérorer longtemps sur qui a gagné quoi, mais il faut aussi rappeler que les subventions des OIP (organismes d’intérêt public) n’avaient pas été indexées, ce qui légitime la demande de revalorisation, “qui existe depuis des mois, le dossier ayant aussi été discuté entre partenaires sociaux”, confirme une source patronale.

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Deux fois plus cher à la Capac

Restent les questions de fond : quelle est la situation des syndicats, et ces 20 millions sont-ils suffisants ? L’annonce, la semaine dernière, de l’intention de la FGTB Liège-Huy-Waremme de procéder à un licenciement collectif (34 équivalents temps plein concernés, soit un peu plus de 25 % des effectifs) a mis en évidence les difficultés actuelles des syndicats. Ce que Thierry Bodson, le patron de la FGTB, ne dément pas.

Les comptes de 2022 ne sont pas clôturés, mais dans les grandes lignes, les frais administratifs d’un dossier d’indemnisation sont de 25 euros à la FGTB, alors qu’ils sont de 48 euros à la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage (la Capac, qui est l’organisme public, indépendant des syndicats, qui gère environ 15 % des dossiers chômage). N’en déduisez pas que la FGTB a besoin de la différence entre 25 et 48 euros par dossier pour avoir des comptes à l’équilibre. Cinq euros suffiraient, je pense”, explique le leader de la FGTB.

Dans les grandes lignes, la Capac gère quelque 940 000 indemnisations sur l’année, contre 6 millions aux trois syndicats (FGTB, CSC, CGSLB) – 3 millions pour la FGTB, 2,5 millions pour la CSC et le solde pour le syndicat libéral. Montants à diviser par 12 pour avoir une idée du nombre de personnes concernées.

En d’autres termes, les 10 millions d’euros pour 2023 ne combleront qu’une partie du manque à gagner (25 millions environ). Et on en vient au cœur du problème : “D’abord, les législations sont devenues plus complexes. Par exemple, pour un cohabitant, il y a 20 ans, il y avait trois périodes de chômage, alors qu’il en existe douze aujourd’hui”, poursuit Thierry Bodson. De fait, il suffit de consulter le site de l’Onem pour se rendre compte de la complexité des périodes d’indemnisation du chômage.

Il y a ensuite le contexte socio-économique qui fait que de nombreuses personnes travaillent quelques jours, retournent au chômage, puis retravaillent un peu. Seul un quart des chômeurs ne demandent pas de travail”, estime-t-il. Thierry Bodson, quoi qu’il en soit, supporte de moins en moins les attaques répétées sur le paiement des allocations de chômage par les syndicats. “Je ne sais pas si Georges-Louis Bouchez (président du MR), le plus prompt à nous critiquer, se rend bien compte que si l’on transférait cette tâche à la Capac, cela coûterait entre 200 et 250 millions de plus à l’État belge”, conclut-il.