Belgique

Le paiement des allocations de chômage fait perdre de l’argent aux syndicats

En Belgique, ce sont essentiellement les trois syndicats (CSC, FGTB et CGSLB), et plus exactement leurs organismes de paiement, qui ont en charge le versement des allocations de chômage aux personnes sans emploi. Une caisse publique (la Capac) s’occupe du versement des allocations aux chômeurs qui ne sont affiliés à aucun syndicat. Pour réaliser cette tâche, les syndicats perçoivent des indemnités de l’Onem, dont les montants sont proportionnels au nombre de cas traités. Mais avec la diminution du nombre de chômeurs, le coût par cas géré par les syndicats a augmenté. Logique : moins il y a de chômeurs à indemniser, moins les organismes de paiement peuvent réaliser des économies d’échelle.

Selon le dernier rapport de l’Onem sur la comptabilité de gestion des organismes de paiement (publié en septembre 2022 et relatif à l’année 2020), “pour la période de 2010 à 2019, il s’avère que l’indemnité d’administration perçue est insuffisante pour couvrir les frais de fonctionnement nets”. Pour les trois syndicats ensemble, la perte était de 10 millions d’euros en 2010. Elle a culminé à 40 millions en 2018, avant de redescendre à 28 millions en 2019.

En 2020, par contre, avec la crise du coronavirus et la forte hausse du chômage temporaire qui en a découlé, le nombre de cas a fortement augmenté dans tous les organismes de paiement (+47 % à la CSC, +48 % à la FGTB, +66 % à la CGSLB et +199 % à la Capac). Le prix de revient par cas payé a dès lors fortement diminué dans tous les organismes de paiement, pointe le rapport de l’Onem : -35 % à la CSC, -29 % à la FGTB, -38 % à la CGSLB et -65 % à la Capac.

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Résultat cumulé négatif

Les organismes de paiement des syndicats ont dès lors terminé l’année 2020 avec un résultat (la différence entre les indemnités perçues et le total de leurs frais de fonctionnement nets) positif (pour la CSC et la FGTB) voire légèrement négatif (pour la CGSLB) alors que le résultat des années précédentes était largement négatif depuis 2015 pour la FGTB, depuis 2010 pour la CSC et depuis 2006 pour la CGSLB (qui compte moins d’affiliés et réalise donc moins d’économies d’échelle que les deux grands syndicats).

La crise du coronavirus est cependant derrière nous et la baisse du nombre de chômeurs à indemniser a repris, ce qui pèse à nouveau sur les finances des organismes de paiement syndicaux. Ce que confirmait récemment l’Onem. “En 2020-2021, grâce au Covid, la clé de calcul de l’indemnisation de la gestion du chômage a été favorable aux organisations syndicales et elles percevaient un peu plus que ce que leur coûtait chaque cas, expliquait à la RTBF Hugo Boonaert, le directeur général des services finances et budget de l’Onem. Mais ce bénéfice pour les syndicats n’existait pas avant le Covid et n’existe plus maintenant. Et depuis l’utilisation de cette formule de calcul dans les années 90, il faut dire que le résultat cumulé est négatif pour les organisations syndicales.”