France

Soudan : Trois humanitaires de l’ONU parmi les victimes des combats pour le contrôle du pouvoir

La violence pour le contrôle du pouvoir ne se calme pas au Soudan. Les affrontements font toujours rage dans la nuit de dimanche à ce lundi alors que ni l’armée ni la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo ne parviennent à l’emporter malgré des combats qui ont tué au moins 56 civils, dont trois humanitaires de l’ONU.

Alors que les blessés sont de plus de 600 depuis le début des combats samedi, l’Organisation mondiale de la Santé annonce que « plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n’ont plus de sang, d’équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d’autres matériels vitaux ». Dans la capitale où dans certains quartiers l’électricité et l’eau courante sont coupées depuis samedi, les patients et leurs proches « n’ont plus ni à boire ni à manger », alerte un réseau de médecins prodémocratie.

Raids aériens à Khartoum

Les combats à l’arme lourde continuent donc entre l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR), d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée avant d’essayer de la déloger du pouvoir. Des raids aériens font trembler les immeubles, alors que tirs d’artillerie et combats de rue au fusil automatique ou à la mitrailleuse lourde secouent Khartoum et le Darfour. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû suspendre son aide après la mort de trois de ses employés, tués au Darfour, alors que plus du tiers des 45 millions de Soudanais avaient besoin d’aide humanitaire avant la récente flambée de violence.

A Khartoum, d’épaisse fumée noire continuent de monter du centre-ville. L’aéroport est fermé ainsi que plusieurs frontières, notamment avec le Tchad. Des témoins ont également fait état de tirs d’artillerie à Kassala, dans l’Est.

Un conflit entre d’anciens alliés

Le conflit couve en fait depuis des semaines. Depuis la révolte populaire qui renversa Omar el-Béchir en 2019, le Soudan tente d’organiser ses premières élections libres après 30 ans de dictature. Lors du putsch ayant mis fin en octobre 2021 à la transition démocratique, le général Burhane et le général Daglo avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais leur rivalité a explosé samedi.

La communauté internationale multiplie depuis les appels au cessez-le-feu. La Ligue arabe et l’Union africaine (UA) se sont ainsi réunies en urgence. Au Caire, les pays arabes se sont mis d’accord pour condamner les violences et appeler à une « solution politique ». L’UA a de son côté annoncé qu’elle allait dépêcher sur place le président de sa Commission, Moussa Faki Mahamat, et que ce dernier se rendrait « immédiatement » au Soudan.

Il était impossible dimanche de savoir quelle force contrôlait quoi. Les FSR ont annoncé avoir pris l’aéroport samedi mais l’armée a démenti. Les paramilitaires ont également dit tenir le palais présidentiel. L’armée a démenti et assure surtout tenir le QG de son état-major, l’un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum.