Belgique

La jeune femme qui a fauché Iwona, une cycliste âgée de 30 ans, n’est « malheureusement guère prudente sur la route”

La victime projetée à plus de vingt mètres

Sur le banc des prévenus, il y a une très jeune femme, toute fine, qui semble à peine sortie de l’adolescence. C’est elle qui était au volant de la voiture qui a projeté la malheureuse victime à plus de vingt mètres du lieu de l’impact. Poursuivie pour homicide involontaire devant le tribunal de police, elle a été condamnée à trois mois de prison, avec sursis total, pour ne pas avoir adapté sa vitesse en fonction de la circulation. Elle a aussi écopé d’une déchéance de 6 mois du permis de conduire. Avant de reprendre le volant, elle a été obligée de repasser les examens de conduite (théorique, perception des risques, pratique…). Aujourd’hui, elle demande son acquittement, estimant n’avoir commis aucune faute.

Avant d’entamer l’examen du dossier, la présidente tient à exprimer ses pensées pour la famille endeuillée par le décès d’un être cher. Une larme roule sur la joue d’Adam. Il l’essuie discrètement.

Des circonstances claires

Les circonstances de l’accident sont assez claires. L’avenue Albert, toute droite à cet endroit, est divisée en deux voies, séparées par le site propre du tram qui est bordé de chaque côté d’une allée d’arbres. La vitesse y est limitée à 50 km/heure. La jeune conductrice, qui roulait avec la voiture de sa maman, affirme qu’elle n’allait pas au-delà de la vitesse autorisée. Un tram ralentissait pour marquer l’arrêt. Une cycliste a déboulé de la gauche sur le passage pour piétons. Elle ne l’a pas vue avant que le vélo percute son pare-brise. Il n’y avait aucune trace de freinage.

Iwona gisait au sol, à 23 mètres de là, selon le rapport de l’expert. Le SMUR a déjà été appelé par un riverain de l’avenue Albert, témoin de l’accident. Au moment où les policiers recueillent le témoignage de la prévenue, en état de choc, ils savent que le pronostic vital de la victime est engagé. La cycliste ne portait pas de casque. Des écouteurs ont été retrouvés à proximité du corps. La chaussée était sèche. Il faisait clair. Les tests d’alcool et de drogue imposés à l’automobiliste se sont révélés négatifs.

Le pare-brise écrasé

Les détails du rapport d’expertise témoignent de la violence du choc : pare-brise écrasé et flanc gauche cabossé pour la voiture ; roue et fourche arrière repliées et selle descellée pour le vélo. Vu les dommages subis par les véhicules et les autres éléments, la vitesse de la conductrice oscillait entre 60 et 65 km/heure, a calculé l’expert. Ce que conteste la jeune femme. La défense incrimine aussi la STIB, dont le kiosque à tickets installé à l’arrêt de tram entraverait la visibilité des automobilistes.

Mais pour le parquet, la jeune conductrice a commis une faute. “La vitesse n’était adaptée ni aux lieux, ni aux circonstances. Quand on s’approche d’un passage pour piétons, on lève le pied ! Parce qu’on ne sait jamais…”, lance la substitute à la prévenue.

Sans l’ombre d’un doute

Iwona ne portait pas de casque. Elle circulait à vélo sur un passage sur piétons. “La faute de la victime ne fait pas disparaître la faute pénale de l’auteur. La culpabilité doit être retenue sans l’ombre d’un doute”, assène le parquet. Par ailleurs, plusieurs éléments indiquent que “malheureusement, Madame n’est guère prudente sur la route”, continue la substitute.

En novembre 2018, la jeune femme a été contrôlée sous influence de l’alcool, avec des passagers à bord, alors qu’elle n’avait que son permis provisoire. Et, très récemment -le 22 mars !-, son véhicule a été flashé à 146 km/heure (136 km/h corrigés) sur une autoroute.

Aujourd’hui, la prévenue estime toujours n’avoir aucune responsabilité dans l’accident “alors qu’il y a une tragédie”. La substitute s’interroge tout haut : “Comment être certaine que vous allez être prudente à l’avenir ?”.

Elle demande la confirmation de la peine infligée par le tribunal de police : trois mois de prison avec sursis. “Pour vous faire réfléchir à chaque fois que vous prenez le volant. Pour moi, il n’y a pas de plus grave sanction que de savoir qu’on a joué un rôle dans un accident mortel. Vous devrez être une conductrice exemplaire jusqu’à la fin de vos jours”.

La défense s’exprimera lors d’une prochaine audition.