Belgique

La distribution de journaux, le nouveau dossier qui divise la Vivaldi : pour le MR, bpost n’est pas incontournable, le PS embarrassé

La concession presse pèse toujours pour plusieurs milliers d’emplois chez bpost. L’action bpost a perdu plus de 10 % lundi matin à la Bourse de Bruxelles, après la divulgation de ces informations.

Le verdict de cet appel d’offres qui mettrait hors jeu l’entreprise publique, au profit de la société PPP, déjà active à Bruxelles, fait toutefois craindre le pire. Le service de PPP est jugé “catastrophique” par certains éditeurs de presse.

Distribution de journaux sans bpost: les éditeurs craignent le « chaos »

Le dossier, pour la Vivaldi, et le PS en particulier, est embarrassant.

Le Kern s’est clôturé sur le coup de 15 heures, sans qu’un accord puisse être dégagé. “La décision n’a pas été prise. Plusieurs questions techniques doivent repasser en intercabinet dans les prochains jours. Bref, les discussions se poursuivent au sein du gouvernement”, nous indique le porte-parole du Premier ministre.

”C’est loin d’être terminé”

C’est loin d’être terminé”, nous indique une source gouvernementale.

Ces réunions entre cabinets ministériels, qui vont se tenir dans les jours qui viennent, devront répondre à des questions techniques relatives à la procédure en cours et à l’impact sur bpost.

Il apparaît que certains des arguments présentés par les éditeurs de presse, relatifs à l’emploi et au maintien de la qualité du service, ont été entendus.

La question de la crédibilité de l’offre remise par PPP a notamment été mise sur la table par les écologistes.

Les sanctions éventuelles envers les distributeurs, si le service rendu n’est pas au niveau, ont également été discutées. Suffisant pour forcer le gouvernement à aller contre la recommandation du SPF Économie ?

Rien n’indique pour l’instant que la Vivaldi soit prête à faire une marche arrière complète. Le dossier, en effet, reste très sensible.

Il y a deux alternatives. Soit on part sur la base de la recommandation du SPF Économie, avec la concession à PPP et à Proximy, soit il n’y a plus de concession pour la distribution des journaux du tout. Et on fonctionne comme dans les autres pays”, analyse une autre source politique.

Dans les deux cas, les conséquences seraient importantes pour l’emploi chez bpost, comme pour le secteur de la presse.

Le malaise de Dermagne et du PS

Le PS, qui a toujours défendu la concession de distribution de journaux et magazines en Belgique à bpost, se trouve dans une position très inconfortable. Le résultat du marché réalisé par le SPF Economie a surpris les socialistes eux-mêmes, qui auraient préféré voir bpost rafler la mise.

Pierre-Yves Dermagne (PS), Vice-Premier en charge de l’Economie, est donc bien embêté. Il peut difficilement désavouer l’analyse réalisée par son administration, via le SPF Economie…

Et pourtant, le résultat n’arrange pas les socialistes qui risquent de devoir gérer une contestation sociale dans une entreprise publique d’ampleur et des pertes d’emploi à quelques mois des élections…

Ecolo plaide pour des alternatives

Selon nos informations, les écologistes, représentés par Zakia Khattabi, ministre du Climat, ont plaidé pour que des alternatives soient trouvées à ce marché, en raison des craintes pour l’emploi à bpost mais aussi pour la qualité du service qui sera offert aux abonnés.

Le MR n’est pas sur la même ligne. David Clarinval, Vice-Premier en charge des indépendants, est très sensible au faible coût de ce marché public pour les autorités, bpost étant plus chère que ses concurrents, et que PPP en particulier. Le MR a plaidé pour que le gouvernement suive la recommandation du SPF Economie.

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”C’est un secret de polichinelle : les libéraux ne sont pas des défenseurs de la concession à bpost ».

C’est un secret de polichinelle : les libéraux ne sont pas des défenseurs de la concession à bpost”, glisse une source francophone.

Dans le même ordre d’idées, les partis flamands de la Vivaldi, dont l’Open VLD, voient dans ce dossier une manière d’envoyer un signal à la N-VA en matière de bonne gestion des finances publiques.

Les difficultés rencontrées par l’entreprise publique ne jouent en effet pas en faveur des défenseurs de bpost. L’ancien CEO Dirk Tirez et deux top-managers ont démissionné à la suite d’irrégularités présumées dans l’attribution du premier contrat de distribution de journaux et de magazines.

Jean Muls, ancien numéro 2 de bpost, assigne l’entreprise et son ex-CEO Dirk Tirez en justice

Faut-il s’attendre à une nouvelle période de turbulence au sein de la Vivaldi ? Le gouvernement d’Alexander De Croo, abonné aux crises internes, a survécu à pire et le kern de ce lundi ne s’est pas déroulé dans une atmosphère de tension particulière. Chacun veille surtout, pour l’heure, à éviter d’endosser le valet noir en devant assumer la responsabilité d’une proposition qui ne semble pas satisfaire grand monde…