Tunisie

Saïdi Erraïs , vous devriez vous préparer à remettre votre mandat en jeu et à laisser le peuple choisir – Actualités Tunisie Focus

Saïdi Erraïs.

Je m’adresse à vous en citoyen libre qui n’appartient encore à aucun parti, à aucune oumma aussi large soit t elle si ce n’est à mon petit grand pays que vous dirigez. J’ai peur pour lui et pour ma tunisianité. Je le vois sapé dans ses fondements, détricoté dans ses fondamentaux , errant sans repères dans un flou qui n’a rien d’artistique, sans boussole, vacillant au risque de s’écrouler . En pleine tempête dans l’insécurité totale : Insécurité juridique sur les droits elementaires simples relatifs à ma citoyenneté, obstacles de plus en plus insurmontables d’acceder aux soins, droit de mes petits enfants à l’education publique, l’instabilité econonomique sur le peu de biens meubles et immeubles que je possede , la peur au ventre de dire des choses, la peur du chaos, le flou et l’incertitude de l’avenir. Et je peux vous affirmer que je ne suis pas seul. Nous sommes maintenant plusieurs millions de citoyens abreuvés de slogans et de descriptions de l’état des lieux que tout le monde comme vous , qualifie de catastrophique sans entrevoir l’issue.

Saïdi Erraïs  , je vous l’avoue. Je ne suis d’accord ni avec votre discours et encore moins avec vos méthodes. Si le peuple veut quelque chose, c’est des solutions et une vision claire sur son avenir et celui de ses enfants, sans faire la queue pour un berlingot de lait ou un hypothétique paquet de riz et sans passer devant le boucher ou le fruitier en léchant sa marchandise des yeux sans parvenir à l’acquérir.

Ya siadata errais . Je fréquente comme vous et même plus que vous , tous les matins et après midi, le bon peuple au café et je vous assure que votre discours qui prenait au départ sur eux est devenu aujourd’hui usé, éculé et surtout contre productif parce que au lieu de renflouer votre popularité, il la dessert.

Pourtant, les solutions sont simples pour remettre le pays sur les rails. C’est vrai que ça demande de votre part un autre discours et d’autres méthodes si je me permets de vous les suggérer telles que je les ressens sans aucune animosité à votre égard si ce n’est le bien de ce pays que vous président et moi citoyen avons en commun.

1- Revenez sur vos idées fixes de vouloir inverser la pyramide du pouvoir : Personne ne comprend l’organisation politique que vous voulez instituer pour nous. Destabilisante dans une Tunisie encore plus instable, appelant à des référendums, des élections qui n’en finissent de s’éterniser et que ni les candidats ni les électeurs n’en saisissent tout autant les attributions que l’utilité et encore moins le fonctionnement du pays à leur issue. Ya siadat errais, je suis juriste comme vous et j’ai lu le projet de constitution de Belaid et de Mahfoudh, je vous assure qu’il fait bien l’affaire et vous débarrasse de toute responsabilité sans grignoter sur vos attributions.

2- Eviter le discours diviseur et ravageur : S’ériger en seul maitre à bord d’un pays comme la Tunisie aussi varié et aussi cosmopolite aux mille et une fleurs colorées dans les idées, les croyances et qui décide de tout, vous n’y arriverez jamais tout seul. Croire que ce peuple si diversifié n’est qu’un peuple d’opprimés face à des knatryas qui nous affament, des investisseurs tous véreux qui nous volent, des juges qui nous oppriment et des administrateurs qui nous mettent les bâtons dans les roues, c’est trop simpliste comme gouvernance. C’est arrêter et détraquer toutes les machines judiciaire, administrative, productive. Vous avez beau faire purges sur purges, vous ne faites qu’aggraver la situation de ces machines pour en faire finalement des épaves irréparables comme celle des bus de la SNT que vous avez visité dernierement .

3 – Libérer les prisonniers politiques qui ne sont pas dangereux pour la sécurité du pays et laisser les juges faire le travail d’instruction de leurs dossiers pour les inculper ou les absoudre. Rendez les à leurs familles sauf ceux envers qui vous avez les preuves irrefutables de leur dangerosité dehors, habitués à manoeuvrer de l’etranger pour débarquer au pays et le désosser. Et ne nous dites pas que la justice est libre. Non elle ne l’est pas car soumise depuis très longtemps aux purges, aux révocations et aux exactions et menaces de ceux qu’elle sait coupables et qu’elle libère et vice versa qu’elle voit innocents et qu’elle s’oblige à garder en détention.

4- Remettre le pays au travail et l’insérer dans une dynamique d’action pour améliorer le quotidien du tunisien : i) En choisissant un bon chef de gouvernement dont le profit est un bon communicateur pour parler et rassurer les tunisiens, un très bon meneur d’hommes ii) qui sache détecter les compétences au sein d’une équipe qu’il va constituer et mettre librement, sans votre intervention, le ministre qu’il faut dans le département qu’il faut. iii) En exigeant un tableau d’abord de chaque projet décortiqué en séquences avec des colonnes pour chaque séquence, une pour les indicateurs, une à côté pour la situation actuelle, une troisième pour les entraves à chaque séquence du projet , les ripostes à ces entraves, les délais fixes pour les relever et la date probable de la livraison du projet . Et finalement iv) en provoquant un conseil des ministres au palais de Carthage où vous assurez , tableaux de bords sous vous yeux , le suivi de tous les projets en chantier .

Saïdi Erraïs  : Le pouvoir est une lourde charge sur les frêles épaules de celui qui l’exerce. Il use. Il ne doit pas vous embarquer dans cette impasse somme toute légitime à tout gouvernant qui fonctionne avec les pleins pouvoirs entre ses mains en se disant : Le roi c’est moi et qu’il suffit de croire en Allah pour que je sois un roi juste. Le pouvoir moderne apte à servir le peuple et à le respecter, c’est de le laisser choisir lui même ses gouvernants . Et sur ce point vous devriez vous préparer à remettre votre mandat en jeu et à laisser le peuple choisir selon les programmes et les stratégies ses élus à l’assemblée et son président non pas selon les règles à vous mais selon les règles constitutionnelles de votre maître, de notre maître : le doyen Sadok Belaid.

Je ne sais pas si cette lettre vous parviendra. Peu importe. Mais en bon citoyen qui aime son pays , je tenais à déballer ce qui me semble constituer une possible entame d’une sortie de crise et d’un début de guérison d’une grosse fatigue qui a dégénéré depuis quelques années en déprime.
شكرا للقراءة .

L’agitateur