Belgique

Croquis de justice : “J’ai simplement voulu rendre un service à un ami… ”

Celui qui était en quatrième secondaire au moment de se retrouver derrière les barreaux est suspecté de viol sur mineur, de séquestration, de diffusion d’images à caractères sexuelles mais aussi d’extorsion avec violence et avec arme, d’enlèvement, de menaces de morts et de coups volontaires sur mineur. Rien que ça. “Tout n’est pas vrai, explique Omar d’une voix grave. Je conteste le viol, l’extorsion et les coups. ”

Croquis de justice : Il épouse une fille 28 ans plus jeune, lui propose un mariage libre et, jaloux, finit par la harceler

Quelques mètres derrière lui, la dizaine de jeunes habillés en jogging et portant des vestes de sport semblent intimidés par la scène qui débute devant leurs yeux. Les regards qu’ils se lancent mutuellement sont peu confiants. Ils comprennent que leur copain risque gros, car ils savent parfaitement ce qu’il s’est passé.

Trou de mémoire

L’histoire débute en 2022 quand un ami d’Omar lui demande de l’accompagner à la Gare du Midi pour rencontrer Moussa*.

“Un ami m’a demandé de venir et j’ai simplement voulu rendre un service”, se défend Omar.

Et vous ne lui avez pas demandé pourquoi vous deviez être présent ?” lui répond le Président.

“Oui, cela peut sembler bizarre mais je n’ai pas posé de question. C’est comme cela que j’agis avec mes amis. ”

Une fois sur place, Moussa se retrouve forcé de suivre ses amis dans une voiture avant d’être amené dans un appartement bruxellois. C’est là que réside l’élément central de cette affaire : Omar était-il présent, oui ou non, dans la voiture puis dans cet appartement etterbeekois ? “J’ai quitté la Gare du Midi par mes propres moyens, je ne suis jamais monté dans cette voiture”, assure-t-il.

“Pourtant, il est noté dans le dossier que vous êtes allé jusqu’à cet appartement avec cette voiture. ”

“C’est bizarre, c’est très bizarre. Je ne me rappelle pas avoir dit ça… ”

Dans le fond de la salle, deux jeunes chuchotent en secouant la tête pour montrer leur désaccord. Quelques minutes plus tard, l’audience est levée, ce qui surprend une partie de la bande qui se demande s’il faut quitter les lieux ou non. Dans le doute, l’un d’eux salue ses copains un à un et quitte la salle d’audience.

Procès des attentats à Bruxelles: la présidente de la cour sermonne Ibrahim Farisi à propos de l’incident avec une victime

Vidéos intimes diffusées sur Internet

Pour la partie civile, il ne fait pas de doute qu’Omar, reconnu par Moussa, était présent dans cet appartement où les faits auront lieu. Des faits qui font froid dans le dos : Moussa sera roué de coups, dénudé puis forcé d’appeler sa sœur pour qu’elle apporte une importante somme d’argent. Une barre de fer lui sera insérée dans l’anus avant que la scène, filmée, ne se retrouve sur les réseaux sociaux. Pour mettre pression, des vidéos intimes de Moussa et de sa copine seront diffusées sur Internet. La description de ces faits engendre un rire chez certains dans l’assemblée.

“Mon client veut tourner la page et ne plus vivre dans ce climat de terreur”, lance l’avocate de Moussa durant sa longue plaidoirie. Trop longue pour la bande de jeunes qui ne semble plus trop porter attention à ce qu’il se passe : pendant que l’un joue sur son téléphone, un autre prend une photo souvenir du tribunal avant de l’envoyer à un ami.

Ils n’écoutent que d’une oreille le réquisitoire de la première substitute durant lequel elle se demande comment Omar s’est retrouvé avec le téléphone de l’ami de Moussa sur lui. “Il me l’a donné, se défend-il. Il a voulu me l’offrir et j’ai accepté. ”

“Vous avez de la chance, lance le Président. Moi, on ne m’offre jamais rien… Bon, nous n’aurons jamais fini aujourd’hui. Il sera impossible d’entendre la plaidoirie de l’avocat de la défense. ”

Au moment de repartir vers sa cellule, Omar lance un sourire gêné à l’un de ses amis qui lui répond par un clin d’œil. Les débats reprendront la semaine prochaine, avec les amis d’Omar bien décidés à revenir pour le deuxième acte de l’affaire. Mais cette fois sans casquette vissée sur la tête.