Belgique

Collecte de déchets à Bruxelles : à un an des élections, Alain Maron endosse une réforme très sensible

Des contrôles de tri seront organisés dans les sacs blancs (300 chaque jour). La réforme commencera toutefois par plusieurs mois de sensibilisation, lors de laquelle les sanctions ne sont pas prévues. Dès septembre, par contre, des amendes de 150 à 225 euros (100 € de frais d’enlèvement plus 50 à 125 euros d’amende) pourront être infligées.

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Un seul passage par semaine

Autre changement d’ampleur, qui découle de l’obligation du tri : dans une dizaine de communes bruxelloises, les sacs blancs ne seront plus ramassés qu’une fois par semaine, au lieu de deux.

Il s’agit des communes de Jette, Evere, Woluwe-Saint-Lambert et Woluwe-Saint-Pierre, Auderghem, une partie de Bruxelles-ville (uniquement Haren et Neder-Overembeek), Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Uccle, Watermael-Boitsfort. Cette réduction des collectes était recommandée par un audit de la gestion du personnel de l’agence Bruxelles Propreté (ABP). À moyens égaux, en effet, Bruxelles Propreté ne pouvait pas remplir l’obligation européenne de tri des déchets tout en continuant les deux ramassages des sacs blancs chaque semaine.

La réforme débutera par les communes bruxelloises de la seconde couronne. Le calendrier de ramassage ne sera pour l’instant pas modifié dans les communes plus centrales.

Le retour des tournées du soir

Des tournées reprendront par ailleurs en soirée. Les riverains concernés devront déposer leurs sacs entre 18 heures et 20 heures. “Cela diminue les impacts négatifs sur la circulation, en matinée. L’idée est aussi de réduire le nombre de sacs présents sur la voirie. Cela présente un avantage en termes de propreté, car nos équipes peuvent ainsi passer le matin pour nettoyer la rue, reprend Etienne Cornesse. Le nouveau système a débuté dimanche soir et les collectes de soirée se sont bien passées. On attendra les prochaines semaines pour pouvoir tirer des bilans.”

Car les services de Bruxelles propreté et Alain Maron (Écolo) en particulier sont attendus au tournant. Dans le clan écologiste, on martèle que la réforme est strictement opérationnelle, non politique, et portée par l’ensemble du gouvernement.

C’est la théorie. Car le ministre bruxellois en charge de la Propreté publique, qui endosse cette réforme, manipule une thématique particulièrement sensible à Bruxelles.

Alain Maron doit en outre composer avec Bruxelles propreté, un organisme difficile à manœuvrer. Les syndicats dénoncent déjà une réforme trop peu préparée et précipitée par Bruxelles Propreté. Les collecteurs et balayeurs craignent notamment de devoir porter des sacs plus lourds. Les syndicats ont d’ailleurs déposé des préavis de grèves.

Rappelons que la prédécesseure d’Alain Maron, Fadila Laanan (PS), avait échoué dans sa tentative d’imposer une réforme similaire, en raison d’une vive contestation.

Alain Maron s’est montré plus prudent en phasant le projet, qui sélectionne certains quartiers.

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Ce sont des communes qui, traditionnellement trient déjà bien leurs déchets et ont déjà adopté le sac orange. Les deux passages par semaine ne s’y justifiaient plus car, comme ils trient déjà, le sac (blanc) est amaigri. »

”Ce sont des communes qui, traditionnellement trient déjà bien leurs déchets et ont déjà adopté le sac orange. Les deux passages par semaine ne s’y justifiaient plus car, comme ils trient déjà, le sac (blanc) est amaigri”, pointe Etienne Cornesse, de Bruxelles propreté.

L’erreur de mise en place commise dans le plan Good Move pourra-t-elle ainsi être évitée ? C’est en effet dans les quartiers populaires tels que Cureghem et Schaerbeek, que la contestation au plan de mobilité avait été la plus forte.

Le projet est porté par l’ensemble du gouvernement. Mais la confiance reste faible entre écologistes et socialistes. Et à un an des élections, le vent peut vite tourner, si le mécontentement populaire venait à percer.

Plusieurs bourgmestres ont déjà critiqué la réforme.

Les craintes formulées par Ridouane Chahid, chef de groupe PS au Parlement bruxellois et bourgmestre faisant fonction d’Evere, sont plus épineuses pour Alain Maron. Le socialiste dit regretter de ne pas avoir vu ses demandes entendues par le ministre, alors qu’il souhaitait notamment “mettre en place des tournées de rattrapage pour jusqu’à la fin de l’année” et “lever l’obligation de mettre ses sacs après 18 heures”, car “les gens qui travaillent et rentrent après 20 heures n’auront pas la possibilité de respecter cette règle”.

Je n’aurais désormais plus qu’une collecte par semaine, le mardi de 18 heures à 20 heures. Je travaille jusqu’à 18 h 30 et après je vais au sport. Je me demande donc vraiment comment je vais sortir les poubelles, abonde un habitant de Jette. Heureusement, j’ai une terrasse pour stocker déchets. Mais je plains ceux qui sont dans mon cas, mais vivent dans un petit appartement.”

Une réforme qui sent mauvais”

Ce type de critiques avaient déjà fait reculer Fadila Laanan.

Le MR, depuis l’opposition du Parlement bruxellois, compte bien enfoncer ce clou. “On se plaignait de transformer les rues de Bruxelles en poubelle, on va désormais faire de même avec les appartements. Et désormais, le soir, on pourra avoir un dîner avec des amis, aller au sport ou sortir poubelle. C’est une réforme qui sent mauvais”, pointe David Leisterh, chef de groupe MR au Parlement bruxellois.

Les prochaines semaines seront décisives.