Belgique

Beliris propose la suspension du projet de Métro 3, en raison de travaux dont le coût pourrait atteindre 2,4 milliards d’euros

Beliris pourrait suspendre le projet, en raison “d’un important dépassement” dans les offres rendues par les entreprises de génie civil pour construire le tunnel et les stations.

Ces premières offres, en effet, dépassent de 250 % l’estimation précédente.

Le sujet a été abordé ce lundi lors d’une réunion du comité stratégique, avec notamment le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) et Beliris.

Une note comprenant quatre options possibles a été présentée à Rudi Vervoort.

Dans une note de Beliris, que La Libre a pu consulter, le nouveau budget pour le projet de Métro 3 atteint ainsi 1.969 milliard d’euros, contre 1,526 milliard d’euros dans la précédente estimation budgétaire. Le dépassement atteint donc plus de 400 millions d’euros.

Une seconde estimation, détaillée par Beliris dans cette même note, est encore plus pessimiste : le budget y atteint même 2,4 milliards d’euros.

Interrogé par L’Echo, le service presse de Beliris a confirmé que le projet pourrait en effet s’arrêter en raison du coût des travaux.

4 options proposées

Voici les 4 options reprises dans la note de Beliris :

1. La confirmation du programme Bordet-Nord

2. La suspension du programme Bordet-Nord dans l’attente des conclusions plus approfondies de l’analyse des offres permettant d’identifier le coût réel de ces travaux de génie civil et les paramètres de négociation qui permettraient de baisser substantiellement les offres initiales,

3. La modification substantielle du programme Bordet-Nord, en fonction de l’option choisie de recommencer une ou plusieurs étapes déjà franchies.

4. L’arrêt du programme Bordet-Nord.

Beliris, dans ce projet, n’est toutefois que l’exécutant. La décision sera politique et dépendra du gouvernement bruxellois. Le directeur de Beliris a demandé au gouvernement bruxellois qu’une décision soit prise “pour le 15 juillet” afin de limiter les impacts budgétaires au niveau des études et d’éviter un dérapage du planning.

La réflexion semble bien avancée, en interne. En effet, Beliris a d’ores et déjà publié une offre d’emploi pour recruter un “accompagnateur de processus de changement” pour une mission auprès de leur service de ressources humaines. Objectif : réorienter et recaser les employés qui travaillaient sur ce projet d’ampleur.

« Une suspension ou un arrêt définitif »

”Beliris est actuellement confronté à une suspension d’urgence de l’un de ses plus grands projets : la construction de la ligne 3 du métro. Au cours des prochains mois, il sera confirmé s’il s’agit d’une suspension ou d’un arrêt définitif. Pendant des années, une équipe composée de 15 à 25 employés internes et externes a travaillé sur ce grand projet. En raison de cette suspension soudaine du projet, l’organisation a été contrainte d’absorber les employés internes dans un délai très court et de les guider vers un nouveau rôle professionnel. Tant sur le plan psychologique que sur le plan organisationnel, cette transition sera un défi”, peut-on lire dans une offre d’emploi.

Au sein de la majorité bruxelloise, l’idée de réévaluer l’opportunité de poursuivre ce projet avait déjà fait son chemin. “Ce chantier du métro fait courir un risque d’emballement de la dette régionale bruxellois, avertissait Isabelle Pauthier, en mars dans La Libre. Par le passé, les grands projets de ce type ont été financés par l’État fédéral, via l’endettement. Mais nous nous trouvons dans une situation nouvelle, après la crise du Covid. Le déficit de la Région bruxelloise est énorme. La charge de la dette fait peser un risque. La Cour des comptes l’écrit dans son rapport : “Attention avec le métro”. Il y a également l’augmentation des taux d’intérêt. Sven Gatz (Open VLD, ministre bruxellois du Budget) a clairement dit qu’on allait devoir trouver une solution.”

Sven Gatz (Open Vld), ministre bruxellois du Budget, avait en effet jugé le projet finançable, mais en précisant toutefois “que le prochain gouvernement devra faire des difficiles arbitrages.”

Ces grandes difficultés s’ajoutent à celles rencontrées dans le chantier du métro sud, pris en charge par la Stib, qui doit se matérialiser par la “métroification” du prémétro (la ligne de tram 3-4) entre la Gare du Nord et Albert (Forest). Le projet prévoit un nouvel arrêt, la station Toots Thielemans, dans le quartier Stalingrad. Le chantier de ce projet, prévu initialement pour 2025, est à l’arrêt en raison notamment de l’instabilité du sol. La Stib a proposé de faire passer la ligne par le Palais du Midi, qui serait démoli.