Belgique

Affaire Medista : le chef de cabinet de Vandenbroucke était au courant depuis le 10 novembre de la possible existence d’une vidéo compromettante

Or, selon la ligne du temps détaillant les étapes de ce dossier, il semble que son chef de cabinet avait été informé le 10 novembre de l’existence de vidéos ou d’enregistrements démontrant qu’une fonctionnaire du SPF Santé publique avait favorisé la société Movianto au détriment de Medista. Précisions que cette ligne du temps a été fournie ce mercredi aux députés membres de la commission par le ministre lui-même.

Frank Vandenbroucke, le ministre qui énerve (presque) tout le monde

Un vrai roman d’espionnage…

Voici un extrait de ce document que La Libre a pu consulter : “10 novembre : lors d’un contact personnel (en face-à-face) entre le président du SPF Santé publique et le chef de cabinet du ministre, le président a indiqué que Medista ruminerait quelque chose, sur la base d’informations que le président du SPF a reçues de Movianto. Il a également été rapporté que des parties liées à Medista auraient utilisé des techniques d’espionnage telles que des enregistrements. Il s’agissait d’informations purement verbales. Ni les enregistrements, s’il y en a, ni leur contenu ne sont connus. Le chef de cabinet décide d’attendre de plus amples informations.

Autrement dit, le cabinet Vandenbroucke était au courant d’un problème grave au sein du ministère et de l’existence de vidéos ou d’enregistrements ayant servi à piéger la fonctionnaire et à démontrer son rôle en faveur de l’attribution du marché à l’entreprise Movianto. Pour rappel, Medista a eu recours aux services d’une agence de renseignement israélienne, pour laquelle travaillent notamment d’anciens agents du Mossad.

Frank Vandenbroucke mal à l’aise en commission

À la Chambre, l’opposition N-VA se montre fortement agacée par ces informations. Les nationalistes flamands estiment qu’il y a un problème majeur au sein du cabinet Vandenbroucke. En effet, en commission, mardi, le vice-Premier ministre Vooruit, a affirmé n’avoir été mis au courant du dossier qu’en fin de semaine dernière… Autrement dit, soit Frank Vandenbroucke a raconté des histoires au parlement, soit son chef de cabinet a tardé avant de l’informer de cette possible fraude dans un marché public stratégique et de l’existence d’enregistrement et/ou de vidéos accablants. De même, le président du SPF Santé publique a lui aussi tardé à informer le cabinet…

La N-VA dénonce le “chaos” au sein du gouvernement

Comment est-il possible que le ministre Vandenbroucke ait été tenu dans l’ignorance pendant deux mois des accusations portées contre son haut fonctionnaire, alors que le président du SPF était au courant de cette situation précaire ?”, s’agace Kathleen Depoorter, députée fédérale N-VA. Comme si cela ne suffisait pas, le chef de cabinet de Vandenbroucke a également eu vent d’une vidéo potentielle dès le 10 novembre. Alors que le ministre Vandenbroucke affirme n’avoir eu connaissance de son existence que le 7 décembre… Vous n’allez tout de même pas me dire qu’un ministre ne parle pas à son chef de cabinet ?

Pour Kathleen Depoorter, ces péripéties mettent en lumière le “chaos” qui régnerait au sein du gouvernement fédéral et, en particulier, dans le département de Frank Vandenbroucke : “J’ai signalé à plusieurs reprises au ministre qu’il n’avait pas reçu d’informations suffisantes – voire qu’il avait des informations incorrectes – sur cette question. Le fait que son cabinet ne soit pas intervenu plus tôt est incompréhensible et met en danger notre politique de santé.

guillement

J’ai signalé à plusieurs reprises au ministre qu’il n’avait pas reçu d’informations suffisantes – voire qu’il avait des informations incorrectes – sur cette question. Le fait que son cabinet ne soit pas intervenu plus tôt est incompréhensible. »

La réaction du cabinet Vandenbroucke

Contacté ce mercredi, le cabinet de Frank Vandenbroucke a répondu à cette mise en cause. Le vice-Premier tient la même ligne que celle défendue en commission, mardi. Oui, son chef de cabinet a été mis au courant le 10 novembre mais seulement de la possibilité de l’existence de vidéos compromettantes. Dans l’absence d’éléments plus concrets, il a donc décidé d’attendre avant d’en informer son ministre.

Un échange verbal a eu lieu entre le président du SPF et le chef de cabinet le 10 novembre. Il y a été rapporté que des parties affiliées à Medista auraient pu utiliser des techniques d’espionnage telles que des enregistrements, explique la porte-parole du ministre. Ni les potentiels enregistrements ni leur contenu éventuel n’étaient connus à cette époque. Le chef de cabinet a donc décidé d’attendre d’abord des informations complémentaires. Le ministre n’en avait pas été informé à l’époque. À ce jour, ni le SPF Santé Publique ni le cabinet n’ont reçu de vidéo de Medista. Medista a uniquement choisi de faire publier en ligne, par un journal, des versions coupées d’enregistrements réalisés sous de fausses raisons par d’anciens agents du Mossad. C’est la première fois que nous voyons ces enregistrements (coupés). Le ministre a déclaré qu’il demanderait une enquête sur chaque nouvel élément d’information, et c’est ce qu’il a fait.

guillement

Le chef de cabinet a donc décidé d’attendre d’abord des informations complémentaires. Le ministre n’en avait pas été informé à l’époque. À ce jour, ni le SPF Santé Publique ni le cabinet n’ont reçu de vidéo de Medista. »