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2024, la Tunisie pourrait échapper au défaut de paiement, nonobstant le FMI – Actualités Tunisie Focus

Très bonnes nouvelles pour les détenteurs d’obligations. Très bonnes nouvelles aussi pour les Tunisiens etTunisiennes.Ceux-ci sont convaincus que la Tunisie pourra respecter ses obligations de remboursement de la dette au cours de 2024. Cela se fera au nez et a la barbe du FMI. C’est Bloomberg qui le dit…

Les indicateurs du marché sont en hausse et cela est un bon signe de rétablissement de la confiance des créanciers…

Les obligations libellées en euros émises par la Tunisie se négocient actuellement à peu près au pair, après une chute de 46 % en avril, suite au rejet par le président Kais Saied d’un ensemble de compressions budgétaires et de réformes des dépenses, comme imposées par le FMI en échange d’un financement de 1,9 milliard de dollars.

Un gain de 55 points de base par rapport à avril dernier pour ces euro-bonds. C’est autant de confiance et de préjugés favorables.

Les obligations en dollars dus en janvier de l’année prochaine ont grimpé de 4,8 cents sur le dollar cette année pour atteindre 87,03, près de leur plus haut niveau d’août 2021. Du progrès, mais pas de certitude quand on se projette au delà de 2024.

La Tunisie disposerait de suffisamment de réserves de change pour faire face à ses obligations de dette sans déclencher une crise de la balance des paiements, selon Patrick Curran, économiste principal chez Tellimer. Mais, cela a un coup qui se manifeste notamment sur deux plans:

des pénuries de médicaments et de denrées alimentaires de bases.

des incertitudes quant aux taux de change du dinar , le dinar est pressenti à davantage d’érosion.
Les coussins de devises étrangères ont contribué à couvrir environ le quatrième mois de besoins rationnés à l’importation, tandis qu’une reprise du tourisme et des envois de fonds des expatriés tunisiens a renforcé les afflux.

Face au recul de l’investissement, et la dépréciation du dinar, la diaspora tunisienne compte presque 2 millions qui commencent à trouver intéressant d’investir en Tunisie : construction, agriculture, services et tourisme. Leurs injections de devises frôlent les 4 milliards de dollars, et on les voie acheter des terres, défricher, couper des oliviers millénaires pour construire des immenses villas en briques, partout dans le pays et notamment dans les zones littorales.

Mais pour éviter la détresse de la dette à long terme, la Tunisie devra s’engager dans des réformes budgétaires et structurelles difficiles auxquelles le gouvernement a résisté jusqu’à présent. Prétextant de la gravité des risques sociaux qui peuvent en découler.

Le FMI est parvenu à un accord au niveau du principe avec la Tunisie en 2022 pour le financement, mais le président Saied a par la suite qualifié ses réformes recommandées de « diktats étrangers » qui appauvriraient les Tunisiens. En octobre, il a licencié son ministre de l’économie et de la planification, l’un des plus ardents défenseurs du programme de sauvetage.

Pourtant, à Davos la semaine dernière, le Premier ministre Ahmed Hachani a rencontré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, indiquant que son pays ne quittait pas l’option de sauvetage.

La Tunisie a respecté tous les remboursements de dette étrangère en 2023 et ne fera face à aucun retard cette année, a déclaré Hachani à Georgieva, selon un communiqué sur sa page Facebook officielle, quelques jours après que le prêteur basé à Washington ait ajouté la Tunisie à sa liste des membres les moins coopératifs.

« On s’attendait généralement à ce qu’il n’y ait pas de programme du FMI avant les élections de 2024, même à ce moment-là », a déclaré Mark Bohlund, analyste principal de la recherche sur le crédit chez Redd Intelligence.

La peur du défaut de paiement demeure, mais les investisseurs sont moins préoccupés par le fait que cela se produise au cours des 18 prochains mois environ, a-t-il déclaré. « Il semble que la plupart des investisseurs supposent maintenant qu’ils n’annonceront pas de restructuration de la dette après les élections et que l’échéance des euro-obligations de janvier 2025 sera atteinte », a déclaré Bohlund.

Malaise économique

Alors que la Tunisie se classe au sixième rang sur le tableau de bord de la vulnérabilité de la dette souveraine de Bloomberg, le soutien du fonds de développement du Qatar pourrait l’aider à esquiver le défaut de paiement cette année, selon Ziad Daoud, économiste en chef des marchés émergents pour Bloomberg Economics.

Mais Saied fait face à des pressions pour réduire le secteur public pléthorique tout en réorganisant les systèmes de subventions et de fiscalité afin de rendre le fardeau de sa dette plus soutenable.

Le gouvernement a adopté jeudi un projet de décret permettant à la banque centrale d’accorder du crédit au Trésor de l’État, revenant potentiellement à une réforme de 2016 qui avait aidé la Tunisie à obtenir son précédent programme de prêt auprès du FMI.

Les opposants locaux et les défenseurs des droits de l’homme ont accusé Saied d’avoir introduit des mesures autoritaires qui sapent les fondamentaux les démocratiques.

Il a également choisi des combats avec des organisations internationales, y compris l’Union européenne, qu’il a accusé de ne pas fournir de soutien financier pour aider à freiner la migration à travers la mer Méditerranée.

Le budget de l’année prochaine prévoit que les coûts du service de la dette passent de 13,1 % en 2023 et de 10 % en 2022 à 14,1 % du produit intérieur brut. La croissance économique augmente à 2,1 % contre 1 % cette année.

Moktar Lamari, E4T, avec Bloomberg