Suisse

L’aide suisse aux travailleurs migrants népalais se trouve à un carrefour

Le projet Safer Migration (SaMI) est déjà venu en appui à un demi-million de travailleurs migrants népalais et à leurs familles. Il leur a permis d’accéder à des services essentiels tout en les soutenant en matière d’indemnisation. Une question se pose désormais: le gouvernement népalais est-il prêt à reprendre ce programme à son compte?

Ce contenu a été publié le 31 octobre 2023 – 09:38




Centre de ressources pour les migrantsLien externe (MRC), cofinancé par la Direction du développement et de la coopération (DDC). Sa localisation stratégique fait penser qu’il participe du processus de demande de passeport. Il s’agit en fait d’une halte tout à fait volontaire. Deux conseillers y fournissent des recommandations sur la migration aux Népalais en quête de travail ou désireux de partir étudier à l’étranger. L’objectif est de leur éviter tout abus de la part d’intermédiaires douteux et leur octroyer les informations utiles en cas d’urgence loin de chez eux.

Plus de 1300 cas relevant de la fraude, d’abus et d’exploitation ont été annoncés par ces migrants au Foreign Employment Tribunal (un organisme quasi judiciaire à procédure accélérée) entre 2019/2020 et 2021/2022. Probablement la pointe de l’iceberg, sachant que 630’089 autorisations de travail nouvelles ou renouvelées ont été délivrées aux travailleurs migrants en 2021/2022.

«La plupart des Népalais sans instruction n’ont absolument aucune idée du processus de migration. Et même ceux qui ont déjà migré doivent rester au fait des dernières informations en la matière», explique Samaya Lama, une des deux conseillères en activité lors de la visite de swissinfo.ch.

Le Centre de ressources pour les migrants de Dhulikhel est l’un des 38 centres du Népal cofinancés par la Direction suisse du développement et de la coopération. Il sert de premier point de contact pour les personnes souhaitant travailler ou étudier à l’étranger. Anand Chandrasekhar / SWI swissinfo.ch

Quiconque s’assied au guichet du MRC se voit délivrer cinq recommandations: il s’agit de vérifier les références de l’agence de recrutement, conserver toute preuve de paiement qui lui est adressée, s’assurer de disposer des bons documents de voyage et de travail et vérifier son propre statut en termes d’autorisation officielle via l’application ou le site web gouvernemental. Il est conseillé en dernier lieu d’acquérir une formation adéquate pour obtenir de meilleurs jobs.

Des conseillers comme Lama prennent note des coordonnées de l’ensemble des visiteurs. Quelque 10% d’entre eux reçoivent ensuite un appel de suivi trois mois plus tard, afin de s’assurer que leur expérience de migration se déroule sans anicroche.

Après s’être arrêtés au centre de ressources pour les migrants, les demandeurs de passeport passent à la salle suivante pour faire prendre leur photo et leurs données biométriques en vue de l’obtention d’un nouveau document de voyage. Anand Chandrasekhar / SWI swissinfo.ch

Une initiative unique

À l’image de celui de Dhulikhel, on trouve des MRC dans 38 des 77 districts du pays. Ils constituent la charpente du projet Safer Migration (SaMI), résultat de l’approche conjointe des gouvernements suisse et népalais. Sa mise en œuvre repose sur le ministère népalais du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale et 156 gouvernements locaux. L’ONG suisse Helvetas fournit une assistance technique au programme, sous l’égide de la DDC. Il faut le savoir, la coopération suisse fait du Népal un pays prioritaire. Or, le projet Safer Migration n’est pas né sous les vivats.

«Au moment où la DDC a commencé à s’intéresser à la migration [au Népal] en 2011, tout le monde était sceptique. Les personnes la DDC chargées du projet ont même été contestées par leurs propres collègues», se souvient Matthias Meier, chef de la coopération au bureau de la DDC à Katmandou.

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