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William Balikwisha (Standard) est devenu décisif : “On le surnommait l’assistant social car il ne marquait pas”

Il pensait jouer en U23 cette saison

Flashback. L’été dernier, William Balikwisha vient de terminer la saison U21 avec les Espoirs du Standard, dont il est le capitaine. Satisfait d’avoir permis aux jeunes Rouches de sécuriser l’une des quatre places en D1B, le médian s’offre quelques jours de vacances au Maroc avant de préparer la nouvelle saison, en U23. Mais rapidement, il est rappelé en Belgique : Ronny Deila veut lui parler. “Le nouveau coach venait d’arriver et il a voulu avoir une discussion avec William”, explique son père, Martin Balikwisha. “Il lui a fait comprendre qu’il ne voulait pas se baser sur le passé ni sur l’opinion des autres mais qu’il lui donnerait sa chance durant la préparation.” Une chance que Balikwisha saisit, en accumulant le temps de jeu durant la préparation.

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« Il a écourté ses vacances d’été au Maroc pour rencontrer Deila »

”On a rapidement compris que les choses étaient en train de changer au Standard, avec une nouvelle direction, un nouveau staff et une nouvelle dynamique. Je savais aussi que les nouveaux propriétaires avaient déjà supervisé William. Donc je lui ai dit de saisir cette nouvelle opportunité à fond”, précise son papa, conscient qu’il s’agit sans doute de la dernière chance pour son fiston de percer dans son club de rêve, avec qui rien ne fut jamais simple. “Nous avons également insisté sur une chose : il ne fallait pas avoir un esprit de revanche en tête. Le passé était le passé. Le mot d’ordre qu’on lui a donné, c’est de jouer chaque match comme si c’était une finale de Coupe d’Europe.”

”Les choses avaient tellement changé au Standard, que c’était presque comme un transfert”, ajoute Patrick De Vlamynck, l’agent du joueur. “Et comme William est un garçon intelligent, il a mis tout en œuvre pour réussir.”

Un coach perso pour être plus pro

Petit à petit, William Balikwisha grappille du temps de jeu (18 minutes contre Gand, 10 contre Genk). Il refait un passage éclair par la case U23 (il était titulaire lors du premier match de Challenger Pro League du SL16 FC, face au Club NXT) avant d’être titularisé pour la première fois par Ronny Deila, le 21 août, face à OHL. Malgré la défaite 1-3, il impressionne. Et il ne sortira plus de l’équipe. C’était le coup de boost dont il avait besoin. À ce moment, sa mentalité change et il redouble d’efforts. “Pour résumer, je dirais qu’avant, mon fils travaillait. Maintenant, il bosse. Il fait tout avec un cran de plus. Il est plus attentif à sa nutrition, à sa récupération et à sa préparation physique.”

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« Avant, William travaillait. Désormais, il bosse. Cela change tout »

Depuis quelques mois, Balikwisha travaille en effet avec Laurent Bogaerts, un coach privé, qu’il l’aide à se développer. “William a pris les choses au sérieux et il fait la route jusque Bruxelles, alors qu’il vit à Liège, pour aller effectuer des entraînements supplémentaires avec lui.” Une preuve de sa motivation.

La paternité a changé son regard sur la famille

S’il a mis toutes les chances de son côté d’un point de vue professionnel, William Balikwisha a également évolué au sein de la sphère privée. Il y a quatre mois et demi, il est devenu papa d’un petit garçon appelé Kais. “C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine de la célébration de William, qui fait semblant de dormir, car les nuits sont plus courtes en ce moment”, sourit Patrick De Vlamynck. “Mais je pense que cette paternité a nourri l’envie de réussir de William et lui a permis, même s’il était déjà quelqu’un de posé et d’assez casanier, de trouver plus de stabilité.”

Standard's William Balikwisha and Standard's Philip Zinckernagel celebrate during a soccer match between Standard de Liege and KAS Eupen, Friday 27 January 2023 in Liege, on day 23 of the 2022-2023'Jupiler Pro League' first division of the Belgian championship. BELGA PHOTO BRUNO FAHY
La célébration de William Balikwisha est dédiée à son fils Kais, qui dort peu la nuit.

Martin Balikwisha va dans le même sens. “De manière plus générale, mon fils a changé, il s’est beaucoup plus tourné vers la famille. Après ce qu’il a vécu ces dernières saisons, il s’était un peu renfermé. Mais sur ce plan-là également, il y a eu une remise en question. Il s’est rendu compte que le simple fait de passer du temps avec sa maman, qui lui cuisine 10 000 plats, ou de parler avec ses frères étaient des moments précieux importants.”

Dans la famille Balikwisha, on parle évidemment énormément de football. Jordan (17 ans, RWDM) et Michel-Ange (21 ans, Antwerp) et William prennent parfois le temps d’analyser les matchs les uns des autres. Et même si Mickey a percé avant William bien qu’il soit deux ans plus jeune que lui, les deux frères sont restés très, très proches. “Il n’y a jamais eu de rivalité entre mes enfants et j’en suis fier”, poursuit Martin Balikwisha. “Peut-être que cela a touché William de voir son frère réussir avant lui mais il a toujours été d’un soutien inconditionnel pour son petit frère.”

Même si le départ avec fracas de Michel-Ange pour l’Antwerp durant l’été 2021 a sans doute joué un rôle sur le fait que William ait été, à cette époque, renvoyé dans le noyau B. Personne n’a d’ailleurs oublié le t-shirt ‘Libérez mon frère William’ porté par Michel-Ange lors d’Antwerp-Standard en décembre 2021. “La manière de s’exprimer n’était peut-être pas idéale mais c’était un message d’amour. Mes fils sont prêts à se sacrifier les uns pour les autres.”

Il a de meilleures stats que son frère

Sur le terrain, il y a un domaine dans lequel Michel-Ange avait souvent dépassé son frère : les statistiques. Mais cette saison, le rapport s’est inversé (neuf actions décisives pour William, sept pour Mickey). Le temps où le cadet des frères était considéré comme un artiste inefficace semble révolu. Dans son entourage, on explique ça en un mot : confiance. “Avant, sa maman le surnommait l’assistant social car il donnait des assists mais ne marquait quasiment jamais”, rigole Martin Balikwisha. “Mais à force d’entendre qu’il devait marquer plus, il a eu le déclic. Il a augmenté sa prise de risque et son football a évolué.” Il a même marqué… de la tête, face au Club Bruges. “Je me suis demandé pourquoi il ne le prenait pas du pied et j’ai fermé les yeux au moment de sa reprise”, se marre son papa. “Même dans les catégories de jeunes, je ne me souvenais pas l’avoir vu marquer de la tête.”

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« À force d’entendre qu’il devait marquer plus, il a eu le déclic »

Son équipier Renaud Emond, qui a été témoin de l’avant-après, a également apprécié cette évolution. “Son but à l’Union, il y a quatre ou cinq ans, il ne l’aurait sans doute pas marqué”, avoue le Gaumais. “Dans le jeu de William, il manquait les passes et les buts et il les a ajoutées. Il savait que c’était quelque chose que lequel il devait travailler et avec la confiance du coach, il a eu le déclic. “

Une réunion chaque semaine avec Deila

Deila et déclic. Renaud Emond ne s’y trompe pas en prononçant ses deux mots dans la même phrase. Car l’entraîneur norvégien des Rouches est, plus que jamais, celui qui a offert un vrai départ à William Balikwisha. Entre les deux hommes, le courant passe merveilleusement bien (même si Geoffrey Valenne joue parfois le rôle de traducteur lorsque l’anglais de Deila devient trop complexe). Et le T1 rouche est très proche de son joueur. “Chaque semaine, on a réunion pour dire ce qu’on attend de lui”, précise Ronny Deila. “William est en progrès constants : il est est de plus en plus dangereux, de plus en plus constant et physiquement, il peut tenir 95 minutes. Il est curieux, il veut apprendre. Il demande des images et un retour du staff sur ses performances. Cela lui permet de mieux comprendre le jeu et d’anticiper les actions. Il travaille chaque jour pour être plus décisif.” Et ça se voit.


”Belgique, Congo ou… Allemagne, il n’a pas encore fait son choix”

William Balikwisha fait partie des 42 joueurs présélectionnés pour le double affrontement dans le cadre des éliminatoires de la Can entre la République démocratique du Congo et la Mauritanie, fin mars. Mais il n’a pas encore fait son choix entre la Belgique, où il a évolué chez les jeunes, et la RDC, avec qui il a déjà été repris en U23. “Cette présélection fait plaisir mais pour l’instant, on est observateur, on attend”, explique son papa, Martin Balikwisha. “Je ne vous cache pas que j’ai aussi été contacté par certains agents allemands car William est né en Allemagne. Pour le moment, on ne ferme aucune porte.”

Le choix définitif de nationalité sportive de William n’a pas encore été fait. “Pour l’instant, William est concentré sur ses objectifs avec le Standard. On lui laisse encore un peu de temps pour décider de quelle nation il veut porter le maillot. Cela viendra peut-être dans la conversation dans les prochains jours. Une chose est certaine : il fera son choix avec l’optique de jouer.”

Ce que confirme son agent, Patrick de Vlamycnk. “Ce n’est pas une décision évidente, on doit encore en discuter. Et à un moment donné, William va sentir quelle est la bonne décision à prendre.”