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Les nerfs de l’Union, la défense de l’Antwerp, la richesse offensive de Genk : forces et faiblesses des 3 candidats au titre, séparés par 1 petit point

Les classements des 3 clubs qui luttent encore pour le titre, l'Antwerp, Genk et l'Union SG.
Les classements des 3 clubs qui luttent encore pour le titre, l’Antwerp, Genk et l’Union SG. ©IPM Graphics

1. Antwerp, 42 points

La dynamique du moment : en hausse

Avec un six sur six en Champions playoffs qui faisait suite à une victoire en finale de Coupe de Belgique, la spirale anversoise est évidemment la plus positive des trois candidats. Le Great Old, qui n’avait plus occupé la tête depuis la 12e journée de la phase classique et sa défaite 3-0 au Standard, à la mi-octobre, est de retour au sommet juste à temps. Au-delà de ces incroyables dix derniers jours, l’équipe de Mark van Bommel est redevenue une machine à gagner depuis un moment puisqu’elle n’a perdu que deux fois en 2023 : contre Charleroi (30e journée) et à l’Union à la mi-janvier.

La mini-crise d’octobre, qui avait fait naître des doutes à l’égard du T1, est bien loin et le bilan de l’équipe de la métropole sur les dix derniers matchs est impressionnant : 25 points sur 30.

Le mental : des nerfs intouchables

On dirait que rien ne perturbe cette équipe, qui se nourrit de l’adversité. Dimanche, contre Genk, il y a eu pas mal de tensions sur la pelouse, surtout côté limbourgeois vu que les décisions arbitrales ont surtout été défavorables au KRC, même si une seule peut prêter à discussion, en réalité.

L’Antwerp, qui avait commis 20 fautes contre l’Union en semaine (et 12 contre Genk), sait ce que gonfler les muscles veut dire et a la réputation d’une équipe parfois “limite” dans son jeu. Mais si son entraîneur adore passer la moitié de son match à se plaindre auprès de l’arbitre situé entre les deux bancs, ses joueurs ne perdent pas leur sang-froid, eux. C’est simple, en 36 journées de championnat, l’Antwerp n’a pris qu’une seule carte rouge, plus petit total de D1. Les nerfs anversois sont bien en place.

Le petit plus : sa défense de fer

SAINT-GILLES, BELGIUM - MAY 03 : Butez Jean goalkeeper of Antwerp FC celebrates during the Jupiler Pro League Champions Play-off match between Union Saint-Gilloise and Royal Antwerp FC on May 3, 2023 in Saint-Gilles, Belgium, 03/05/2023 ( Photo by Peter De Voecht / Photo News
Jean Butez ne s’est retourné deux fois dans le même match qu’à une reprise en 2023, à l’Union, à la mi-janvier. ©PDV

Avec un Jean Butez impérial et un Toby Alderweireld qui mérite le titre officieux de meilleur défenseur de Pro League, l’Antwerp a de quoi voir venir. Battue 2-0 lors de la première journée, l’Union a donné l’impression qu’elle n’aurait jamais mis de but au gardien français, même en disputant nonante minutes supplémentaires.

Avec 27 buts encaissés en 36 matchs, la défense du Great Old est, de loin, la meilleure de Belgique. L’Antwerp n’a encaissé plus d’un but qu’une fois en 2023 : à l’Union, à la mi-janvier (2-0). Autant dire qu’il est interdit de concéder pour battre l’Antwerp. C’est la plus grosse des qualités de cette équipe. Et ne dit-on pas que tous les titres se construisent d’abord sur une grosse défense ?

Le calendrier de l’Antwerp

3e journée 4e journée 5e journée 6e journée
Antwerp – Bruges Bruges – Antwerp Antwerp – Union Genk – Antwerp

2. KRC Genk, 41 points

La dynamique du moment : en baisse

Forcément, quand vous avez passé à peu près toute la saison en tête et que vous perdez la première place dans le sprint final, c’est que la dynamique n’est pas bonne. Demandez à l’Union, qui avait laissé filer le titre de cette manière l’année passée. La courbe de Genk est la moins bonne des trois prétendants au titre de champion, et on ne dit pas cela juste à cause de la défaite de dimanche.

Le Racing a baissé de rythme, depuis février, ne remportant que quatre de ses dix derniers matchs de phase classique. Il y avait eu un mieux avec le 5-2 face à Anderlecht et la victoire en ouverture de playoffs contre Bruges (3-1), mais il s’agissait d’équipes malades et le revers de dimanche fait ressurgir les doutes à ce niveau. Le rythme de la première partie de saison, lorsque Onuachu brillait, n’est plus là. Le bilan récent en championnat n’est que de 15 points sur 30.

Le mental : trop de tension

Le système des playoffs belge est ainsi fait que la course au titre se joue au moins autant dans les têtes que dans les jambes. Si pas plus. Les émotions sont décuplées et Michel Preud’homme n’hésitait pas à parler de montagnes russes émotionnelles.

ANTWERPEN, BELGIUM - MAY 07 : referee Lambrechts Erik shows a red card to Tresor Mike forward of KRC Genk during the Jupiler Pro League Champions Play-off match between Royal Antwerp FC and KRC Genk on May 7, 2023 in Antwerpen, Belgium, 07/05/2023 ( Photo by Peter De Voecht / Photo News
Exclu dimanche pour un mauvais geste, Mike Tresor devrait être absent à l’Union, dimanche. ©PDV

La défaite de dimanche et les décisions arbitrales estimées injustes ont provoqué beaucoup de tensions, au point de voir Mike Tresor perdre ses nerfs, expédiant volontairement de rage le ballon sur un Anversois au sol, en toute fin de match. Le Parquet de la fédération a proposé de le suspendre une rencontre (plus une deuxième en sursis), ce qui le ferait manquer le déplacement à l’Union. Dans la foulée, le médian défensif Aziz Ouattara monté au jeu dix minutes plus tôt, écopait de sa seconde jaune de la rencontre et ratera la 3e journée lui aussi.

Le petit plus : la richesse offensive

Genk a beau être nettement moins impérial qu’en première partie de saison, il garde une grande force : sa capacité à marquer. Le Racing a toujours l’attaque la plus prolifique du championnat et pas seulement grâce à Onuachu, meilleur buteur parti à Southampton en janvier. Sur les dix derniers matchs, l’équipe de Vrancken a marqué 20 fois, plus que l’Antwerp (18) ou l’Union (15).

L’attaque du Racing a aussi cette grande qualité d’être plurielle : ces 20 buts ont été marqués par huit joueurs différents, aux profils variés, de Samatta (5) à McKenzie (3) en passant par Paintsil (5) ou Heynen (2).

Le calendrier de Genk

3e journée 4e journée 5e journée 6e journée
Union-Genk Genk-Union Bruges-Genk Genk-Antwerp

3. Union Saint-Gilloise, 41 points

La dynamique du moment : positive

Quoi de mieux que de venir à bout de sa bête noire pour se relancer ? En battant le Club samedi, l’Union a fait d’une pierre deux coups : démontrer que le revers de la première journée face à l’Antwerp n’était qu’un jour sans et briser le plafond de verre qui l’empêchait de vaincre Bruges. Autant dire que le moral est au sommet, à Saint-Gilles, cette semaine, après la victoire de samedi qui ouvre de belles perspectives, même si Karel Geraerts ne cesse de répéter à juste titre que tout va encore plus vite que d’habitude en playoffs.

Le bilan des dix dernières journées de championnat reste très bon : 22/30.

Le mental : toujours prêts à rebondir

Le vice-champion l’a encore prouvé samedi : depuis leur retour en D1 à l’été 2021, Teddy Teuma et ses équipiers ont presque toujours su rebondir après une défaite. L’Union n’a enchaîné deux revers en championnat qu’une fois, cette saison : contre Westerlo et le Standard, en février (4-2 les deux fois). Cela ne lui était arrivé qu’une fois la saison passée également, lors de la fameuse double confrontation perdue face à Bruges, en playoffs.

BRUGGE, BELGIUM - MAY 06 : Geraerts Karel head coach of Union St-Gilloise celebrates the win during the Jupiler Pro League Champions Play-off match between Club Brugge KV and Royal Union Saint-Gilloise on May 6, 2023 in Brugge, Belgium, 06/05/2023 ( Photo by Philippe Crochet / Photo News
Karel Geraerts sait comment parler à son groupe pour le remobiliser lorsqu’il le faut et éviter d’enchaîner les défaites. ©PCR

Rebelote la semaine passée : Karel Geraerts avait mis son équipe face à ses responsabilités, après le revers contre l’Antwerp, mais sans trop en faire. Il a marqué sa confiance dans ses titulaires habituels, qui ont montré, une fois de plus, qu’ils savent repartir du bon pied après une déception. C’est ça, le point fort numéro un de cette équipe, plus encore que son football : on l’a crue au tapis plus d’une fois, mais elle sait toujours se relever.

Les nerfs : le sang-froid de Geraerts

L’équipe bruxelloise a du caractère : elle sait aller au duel et mettre le pied, au point d’avoir écopé de 85 cartes jaunes, plus haut total de l’élite devant Seraing (76) et Courtrai (75). Mais il y a rarement de perte de contrôle, chez le vice-champion, qui n’a plus vu un de ses joueurs être exclu depuis le 2-2 face à Bruges en octobre. Le sang-froid de Karel Geraerts, beaucoup moins volcanique que Felice Mazzù en bord de terrain, n’est pas étranger à cette qualité.

On loue la “coolitude” du T1, à l’Union, qui ne réagit jamais de façon impulsive, tant en dehors de la pelouse qu’en bord de terrain les soirs de match.

Le petit plus : le banc

Si Karel Geraerts s’appuie sur un onze quasiment fixe, ce n’est certainement pas parce que ses remplaçants ne tiennent pas la comparaison. Avec des joueurs du niveau de Vertessen, Nilsson, Puertas, El Azzouzi, Terho ou même Machida, l’Union dispose d’un effectif beaucoup plus profond que la saison passée. C’était justement cela qui avait fait défaut, en playoffs 2022, lorsqu’Undav et Vanzeir tiraient la langue : un remplaçant offensif capable d’amener un second souffle à l’attaque bruxelloise. Nilsson (2 buts en sortant du banc), Puertas (3 buts, 1 assist), Eckert (2 buts, 1 assist) ou Adingra lorsqu’il n’est pas dans le onze (1 but et 2 assists) sont autant d’armes supplémentaires pour le T1 bruxellois. Et, qui sait, peut-être l’élément qui fera la différence dans la course pour le titre.

Le calendrier de l’Union

3e journée 4e journée 5e journée 6e journée
Union-Genk Genk-Union Antwerp-Union Union-Bruges