France

Un Tour de France vraiment « vert » va-t-il débarquer à Bordeaux ?

« Mettre plus de sport dans la vie des Bordelais. » C’est l’ambition déclinée mercredi par Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux. Si les traditionnels rugby et foot ont occupé une place de choix dans son allocution, un événement s’est naturellement imposé sur le devant de la scène. Et pour cause, le 7 juillet prochain, Bordeaux accueillera la 7e étape du Tour de France. Pour la première fois depuis treize ans, Bordeaux figure sur le trajet de la Grande Boucle. Mieux : la ligne d’arrivée de l’étape ralliant Mont-de-Marsan à Bordeaux se trouvera place des Quinconces. « C’est fort, on est impatients, s’est d’abord félicité Pierre Hurmic. Je vous assure que je serai au premier rang pour les voir arriver, comme j’étais là il y a treize ans. » Une attitude qui tranche clairement avec celles de certains de ses homologues verts, qui avaient dénoncé l’impact négatif de la compétition sur l’environnement.

Le maire de Bordeaux a tenu à anticiper les questions liées à l’impact environnemental de la célèbre course : « C’est une manifestation qui est de plus en plus vertueuse sur son bilan carbone, sur la façon dont elle gère ses déchets, l’énergie générée par la manifestation et par l’accompagnement de celle-ci », faisant ainsi référence à la fameuse caravane du Tour, largement montrée du doigt pour la pollution qu’elle peut engendrer. Car s’il fait partie des évènements les plus mythiques du sport en France, le Tour a encore du chemin à faire pour démontrer que le vert n’est plus uniquement associé au maillot du meilleur sprinter. Le choix d’accueillir une première étape depuis treize ans est-il vraiment écocompatible avec la politique menée par la mairie bordelaise depuis trois ans ?

Un Tour de plus en plus vert ?

« C’était à Libourne lors du contre-la-montre, il y a deux ans. » Mathieu Hazouard, l’adjoint bordelais au Sport, se souvient de sa rencontre avec Christian Prudhomme, actuel directeur du Tour de France. Le moins que l’on puisse dire, c’est que celle-ci a finalement convaincu les élus girondins de la volonté de la Grande Boucle de prendre un virage plus écoresponsable. Au point d’entrer en lice pour organiser le grand départ de la boucle féminine de 2024 et 2025. Et Mathieu Hazouard l’assure « Il y a eu une évolution assez incroyable dans [la] politique environnementale ».

En effet, voilà quelques années que le Tour tente de projeter une image plus verte. Grâce notamment à la suppression des emballages plastiques pour les objets distribués par la caravane, la mise en place de 106 zones de collecte dédiées aux déchets des coureurs ou encore la modification de la provenance de la nourriture distribuée. En effet, selon les chiffres avancés par ASO, la société organisatrice, 100 % de la nourriture distribuée pendant le Tour serait de saison et proviendrait de France.

De même pour les émissions de CO2 produites par l’organisation, les équipes, les partenaires et les médias. Le site de l’ASO se vante d’avoir diminué de « près de 40 % » ces émissions entre 2013 et 2021. Lors de l’édition 2022, 100 % de celles-ci auraient été compensées à travers des actions sur le terrain comme la reconstitution d’une forêt détruite par une tempête en Bretagne ou encore le boisement des prairies aux alentours de Laval.

« Pas encore une manifestation totalement écoresponsable »

Mathieu Hazaourd le concède volontiers : « Évidemment, ce n’est pas encore une manifestation totalement écoresponsable ». Mais les efforts consentis par les organisateurs du Tour ont apparemment convaincu les élus. « Bordeaux est une ville écoresponsable, et c’est pour cela que nous avons souhaité que le Tour s’inscrive dans une démarche d’écoresponsabilité, de bilan carbone vertueux et ce sont des éléments sur lesquels nous avons travaillé avec les organisateurs », expliquait Pierre Hurmic ce mercredi avant d’ajouter : « le retour du Tour à Bordeaux correspond bien avec l’image de notre ville, qui est une ville cycliste ».

Il faut dire que depuis son élection en 2020, Pierre Hurmic et ses équipes ont largement contribué à faire de Bordeaux une ville où il fait bon faire du vélo. En août dernier, la start-up Luko classait la capitale girondine à la 12e place des villes cyclables dans le monde, en deuxième position des villes françaises.

Aussi, après la possibilité de recevoir l’arrivée de la 7e étape du Tour 2023, Bordeaux vient tout juste de recevoir la note de « quatre vélos » sur quatre possibles du label « ville à vélo » délivré par les organisateurs de la Grande Boucle. Seules deux autres villes font aussi bien : Vitoria-Gasteiz en Espagne et Paris. Même s’il « reste encore du travail » avant d’accueillir les quelque « 30.000 à 50.000 spectateurs » qui viendront assister à l’arrivée le 7 juillet.